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En Corse, les enfants victimes de violences affluent aux urgences


Livia Santana le Dimanche 6 Février 2022 à 14:22

Le service de pédiatrie de l'hôpital de Bastia recense chaque mois 5 enfants victimes de violences. En Haute-Corse, la situation est très préoccupante selon les équipes médicales.



Image d'illustration
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« Quand j’étais en internat à Marseille, je m’attendais à voir arriver des enfants victimes de maltraitance. On se dit que c’est une grande ville, que c’est presque normal. Mais à Bastia, je ne pensais pas que les victimes seraient si nombreuses », confie Victoria Lhostis, pédiatre au centre hospitalier de Falcunaghja. 
 
Chaque semaine, la soignante voit arriver un enfant victime de violences dans son service. Brûlures , fractures, négligences, inceste, violences sexuelles… les maltraitances sont diverses et ceux qui les subissent, de tous âges. « Quand on voit arriver un enfant avec des symptômes comme une forte perte de poids ou des hématomes on peut être amené à découvrir une situation de maltraitance », déplore la professionnelle de santé qui poursuit : « A Bastia on se berce d’illusions en se disant que la famille est importante, que cela se passe ailleurs mais pas chez nous, alors que le sujet est tout aussi préoccupant ici que sur le continent. » 

Les enfants victimes d’inceste et de violences intrafamiliales affluent aux urgences de l’hôpital de Bastia tous les mois. Un protocole spécifique a même été mis en place avec le docteur Hatem Balle, en charge de l'unité hospitalière départementale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes« Les enfants sont des victimes collatérales, ils sont envoyés pour des contrôles approfondis », continue la pédiatre qui procède dans le cadre de ce protocole à des auscultations bien encadrées comprenant des radiographies, un fond de l’œil... 

Après les examens, les médecins procèdent à des signalements judiciaires. Ceux-ci remontent directement au parquet et au procureur de la République, qui ordonne un placement provisoire d’une à deux semaines, le temps qu’un juge pour enfants statue sur le devenir de celui-ci. 
 
Vers une unité d’accueil pour les enfants à Ajaccio 
 
Les soignants de Corse-du-Sud constatent un nombre de victimes moins important qu’en Haute-Corse. « Une trentaine par an », assure Edeline Coinde, pédiatre chef du pôle femme, mère, enfant du centre hospitalier d’Ajaccio. Cette forte différence, « du simple au triple », cette dernière ne sait pas l’expliquer. Toutefois, pour prendre en charge au mieux tous les enfants de Corse, la pédiatre du Sud a pour projet la création d’une « Unité d’accueil régionale pour les enfants en danger ». D’ici à la fin 2022, cette structure pourrait prendre en charge de A à Z les enfants victimes de violences. Sous l’impulsion de l’Agence régionale de santé et du parquet, une antenne principale devrait être installée à Ajaccio et une secondaire à Bastia. Une cellule mobile pourrait aussi se déplacer sur l’ensemble du territoire.