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En Corse, les abandons d'animaux en hausse à cause de l'inflation


Thibaud KEREBEL le Jeudi 4 Mai 2023 à 17:30

L'augmentation générale du coût de la vie pèse également sur les propriétaires d'animaux de compagnie. Alors que les refuges corses constatent une hausse du nombre d'abandons, c'est tout un système qui en souffre.



Photo archives CNI
Photo archives CNI
Et si l’inflation avait aussi un impact sur l’abandon des animaux ? C’est en tout cas ce que relèvent différentes associations insulaires, alors que le prix des croquettes a augmenté de 17 % en Corse depuis 2022. Ainsi, de plus en plus de foyers se trouvent dans l'incapacité de nourrir correctement leur animal de compagnie, ce qui les oblige à s'en séparer. Face à cette situation, les associations de protection animale appellent à une mobilisation collective pour trouver des solutions et éviter une crise majeure pour les animaux de compagnie en Corse. « On a de plus en plus d’abandons », déplore Carla, bénévole au sein du Refuge de Caldaniccia, aux portes d'Ajaccio. « Les mois de mars et d’avril ont été vraiment compliqués. »

« Il est arrivé que l’on récupère des animaux parce que leurs maîtres ne peuvent plus, financièrement, s’en occuper convenablement. Mais en général, les gens ne disent pas ouvertement qu’ils abandonnent leurs bêtes pour une question d’argent, ils trouvent une excuse », reprend Carla. D’ailleurs, il n’est pas rare que les animaux soient abandonnés dans un espace public, jusqu’à ce qu’une tierce personne contacte un refuge. « Une fois, quelqu’un a même laissé un carton dans la rue avec huit chiots dedans. Il avait marqué le numéro du refuge sur le carton, sans oser nous les emmener directement. Certains abandonnent aussi leurs animaux à cause des frais de vétérinaires, qui sont un tiers plus cher. »

Et alors que les abandons augmentent, les adoptions, elles se font de plus en plus rares. Dans ce contexte difficile, un seul Français sur quatre déclare avoir déjà adopté un animal de compagnie. Un chiffre qui « va encore baisser considérablement », redoute Marie, bénévole à la SPA d’Ajaccio. Avec la baisse du pouvoir d’achat, « les gens hésitent beaucoup plus à sauter le pas. De plus, ce sont souvent des retraités, ils ont encore moins de moyens. Avant l’inflation, ce phénomène était beaucoup moins courant. »

« On est obligé de limiter le nombre d’animaux qu’on accepte »

En parallèle, les associations elles-mêmes doivent faire face à l’inflation et à ses conséquences. Opérations vétérinaires, électricité, eau chaude… Nombreux sont les frais réguliers qui augmentent pour les refuges. Mais impossible de rogner, selon eux, sur la qualité et la quantité de la nourriture distribuée. Et malheureusement, d’après l’association calvaise Nos Amis à Quatre Pattes, avec la baisse du pouvoir d’achat, même les dons alimentaires viennent à se tarir, rendant la situation critique. « On est obligé de limiter le nombre d’animaux qu’on accepte. Pour l’instant, on a encore des dons qui permettent de maintenir l’association à flot, mais avec la hausse des prix, on a peur que les gens réduisent leur participation, voire arrêtent de donner. »

Face à ce problème, les refuges tentent de sortir la tête de l’eau par différents moyens. Le refuge de Caldanicia organise justement un appel aux croquettes, sur la base des donations. « On a la chance d’avoir beaucoup de monde qui nous soutient, car ils connaissent l’association, et ils donnent. On a fait une collecte de croquettes il y moins d’une semaine qui s’est avérée très fructueuse », reprend Carla, la bénévole. Sans ça, il faudrait mettre la clé sous la porte. « Si on devait acheter nous-même les croquettes, ce serait un trou financier trop important, et l’association ne pourrait pas y survivre. »