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En Corse, la maladie de Parkinson touche environ 900 personnes. Comment se manifeste-t-elle ?


le Mercredi 12 Avril 2023 à 11:13

À l’occasion de la journée mondiale consacrée à cette affection ce mardi 11 avril, le représentant du comité de Corse-du-Sud de l’association France Parkinson nous aide à mieux comprendre les rouages de cette maladie encore mal connue du grand public qui en Corse Aujourd’hui, 900 personnes sont touchées par cette maladie neurodégénérative en Corse .



(Image d'illustration)
(Image d'illustration)
Ce 11 avril marquait la journée mondiale de la maladie de Parkinson, souvent encore, à tort, considérée comme une pathologie « de vieux ». Pourtant l’âge du diagnostic est aujourd’hui compris entre 55 et 65 ans. Pis, l’affection touche de plus en plus de quadragénaires. Deuxième maladie dégénérative après Alzheimer, Parkinson connait en outre une évolution inquiétante avec 2,5 fois plus de cas recensés au cours des 25 dernières années. Au point que 25 000 nouveaux cas sont désormais diagnostiqués en France chaque année.

En Corse, ce sont quelques 900 personnes qui sont actuellement atteintes cette maladie due à un déficit de dopamine, un neurotransmetteur présent dans le cerveau, qui entraine une dégénérescence des neurones. « Il y a quelques pistes qui expliquent ce déficit comme les pesticides qui génèrent de nombreuses maladies neurologiques. Selon certaines études, il pourrait y avoir aussi un problème d’affection intestinale », explique Jean-Christian Maury représentant du comité de Corse-du-Sud de l’association France Parkinson, en notant qu’il existe aussi un petit côté héréditaire à la maladie, même si cela concerne un pourcentage faible des malades. 
 
Il souligne par ailleurs que la maladie se manifeste par un ensemble de symptômes et d’évolutions qui sont variables d’un individu à l’autre. « En général, on pense que toutes les personnes atteintes de la maladie de Parkinson tremblent, ce qui n’est pas tout à fait vrai. Il y a des gens qui tremblent et qui n’ont pas Parkinson, et seulement 10 à 20% des Parkinsoniens ont des tremblements, principalement au repos », relève-t-il en reprenant : « Il existe plusieurs critères pour identifier la maladie Parkinson : la lenteur des mouvements, la rigidité musculaire et donc les tremblements au repos. En général, deux de ces signes cliniques suffisent à diagnostiquer la maladie. Les pertes de l’odorat et du goût peuvent aussi être caractéristiques d’un début de maladie de Parkinson, ainsi que des douleurs un peu partout dans le corps et des troubles psychologiques ».

"Une lune de miel" qui permet de ralentir l'évolution de la maladie

Dès ces premières alertes de la maladie, le représentant insulaire de France Parkinson insiste sur la nécessité de consulter un neurologue afin de commencer un traitement le plus tôt possible. « Pendant 5 à 10 ans, suivant les individus, grâce au traitement on va pouvoir avoir ce que l’on appelle une période de rémission thérapeutique, aussi appelée la « lune de miel ». Les médicaments arrivent à compenser les effets de la maladie et on peut donc vivre à peu près normalement. Même si tout n’est pas rose, on arrive alors à stopper tous les problèmes liés aux mouvements, aux tremblements ou difficulté d’élocution », indique-t-il en pointant également l’importance de l’exercice physique qui va permettre de doper la production de dopamine, ainsi que la prise en charge paramédicale, notamment avec les kinésithérapeutes et les orthophonistes.
 
Mais cette lune de miel finit fatalement par se terminer, et il est alors plus difficile de limiter les symptômes de la personne. « À un moment donné, les prises de médicaments ne vont pas pouvoir être augmentées indéfiniment car il va y avoir des effets secondaires. Il faut alors passer à une autre technique comme les injections automatiques. Il y a aussi un autre type de traitement, en général réservé à des personnes qui ont de forts tremblements, qui est la stimulation cérébrale profonde par le biais d’une électrode », livre Jean-Christian Maury. Dans ces traitements au long cours, les patients corses peuvent au quotidien s’appuyer sur les quelques neurologues présents à Ajaccio et Bastia. Mais les personnes les plus gravement atteintes par la maladie doivent partir sur le continent pour se faire suivre, notamment du côté de la Timone à Marseille qui est le centre de référence. Des allers retours sur le continent très fatigants pour des malades qui ont des difficultés à se déplacer, mais nécessaires. « Un des objectifs de notre comité départemental, c’est d’essayer d’inciter les hôpitaux à avoir des consultations avancées, à l’occasion desquelles des neurologues spécialisés viendraient une à deux fois par mois en Corse », dévoile le représentant de France Parkinson. 

Une conférence organisée le 29 avril prochain à Ajaccio

Pour mieux faire connaitre la maladie, l’association organisera une conférence  le 29 avril prochain à partir de 14h au Palais des Congrès d’Ajaccio. « Cet évènement sert à informer les personnes déjà atteintes, mais également à sensibiliser l’entourage, les professionnels de santé et leurs patients sur les symptômes de cette maladie de façon à consulter rapidement afin d’essayer de conserver une autonomie importante et d’avoir une vie à peu près normale », instille Jean-Christian Maury en précisant que la maladie reste sous-jacente pendant parfois près d’une vingtaine d’années. « Pendant longtemps Le cerveau va réussir à compenser ce manque de dopamine elle reste sourde, et on la sent uniquement éventuellement par des gros coups de fatigue ou des signes typiques comme la micrographie, le fait que les gens écrivent de plus en plus petit jusqu’à arriver à une écriture pratiquement illisible, et des problèmes d’élocution qui peuvent survenir », développe-t-il en appuyant sur l’importance de la prévention autour de la maladie. « Souvent les gens ont des coups de fatigue, des problèmes d’élocution, de mobilité, et ne pensent pas forcément à Parkinson. Ils se referment un peu sur eux-mêmes, alors que s’ils avaient été diagnostiqués, ils auraient pu gagner 5 à 10 ans d’une vie à peu près normale », reprend-il dans cette ligne, en avertissant qu’une fois les symptômes installés, il n’est plus possible de revenir en arrière. Malgré des pistes prometteuses dans la recherche, il est en effet toujours impossible de guérir de cette maladie encore mal connue.