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En Corse, après dix ans de Cynips, la production de châtaignes reprend


Livia Santana le Mardi 12 Octobre 2021 à 21:59

Cet automne, les récoltes des producteurs de châtaigne devraient être meilleures que les années précédentes, grâce au recul du parasite "Cynips" sur l'île. La filière espère une production à 50 tonnes, ce qui fait tout de même 60 tonnes de moins qu'il y a dix ans.



Photo : AOP châtaignes
Photo : AOP châtaignes
A la fin octobre, les filets en berne des producteurs de châtaignes pourront à nouveau se tendre pour recevoir les fruits de l'arbre à pain. Les conséquences sanitaires néfastes du Cynips, parasite venu d’Asie, qui affecte les châtaigneraies de l’île depuis 2010, commencent à s’atténuer. « Sur les contrôles effectués sur les terrains, on voit beaucoup de bogues. C’est bon signe », indique, soulagée, Carine Franchi, animatrice du groupement régional des producteurs et transformateurs de châtaignes et marrons de Corse. Dans la majorité des communes, le taux d’affection est descendu à moins de 30%. « C’est très encourageant », lance la représentante des 90 castanéiculteurs. 
 
Si les exploitations insulaires reprennent leur souffle c’est grâce au développement du Torymus sinensis, un prédateur naturel du parasite introduit par le groupement depuis 2014. « L’insecte vient aussi d’Asie, il s’attaque au Cinips et fait partie de la famille des guêpes, des fourmis ou encore des frelons. Malheureusement, il ne peut pas y avoir d’éradication du parasite par le Torymus sinensis, c’est un jeu d’équilibre entre les deux espèces qui permettra de maintenir la production de châtaignes », poursuit l’animatrice. 

A cause de ce parasite, la production de farine de châtaignes était passée de 110 tonnes  en 2010 à 15 tonnes en 2018, 45 tonnes en 2019 et à 37 tonnes en 2020 (légère baisse à cause d’un phénomène climatique défavorable). « Cette année nous espérons en faire 50 tonnes. A cause du mois d’août très sec, les fruits seront nombreux mais de petite taille ». 
 
 
Des châtaigneraies encore touchées 
 
Dans certaines parcelles où le Cynips semble avoir disparu, il arrive même qu’un arbre soit contaminé et pas l’autre. « Les variétés comme la Techja, la Ghjentina, sont très sensibles donc elles mettront plus de temps à guérir que la Campanese qui est plus tolérante ». 
 
Malheureusement toutes les communes n’ont pas connu les bénéfices du Torymus sinensis. Le parasite n’a pas dit son dernier mot à Scolca, Muratu, Pianellu ou encore Pianu où plus de 60% des arbres sont encore touchés. « Et la liste n’est pas terminée, les contrôles se poursuivent », continue Carine Franchi. 
 
Emanuele Barbieri, exploitant agricole dans la plus vieille châtaigneraie d’Europe, à Pianellu,  a vu apparaître le parasite sur sa quarantaine d’hectares en 2016. De 38 tonnes de châtaignes fraiches récoltées en 2010, il est passé à 4 tonnes en 2020 et même aucune production en 2018. Cette année, le castanéiculteur est encore très touché puisque sur ses 1 200 arbres, 300 sont retournés en bonne production mais 900 présentent encore les dommages du Cynips. « J’espère dépasser mes 4 tonnes de l’an passé pour atteindre 6 tonnes », indique-t-il. 
 
Comme d'autres castaneiculteurs il n’a reçu pour l’heure que le versement correspondant à 2018 du fonds de mutalisation des risques sanitaires de son assurance. Un retard de paiement de trois ans qui l’a forcé à prendre un poste d’enseignant dans une école de commerce. « J’injecte beaucoup d’argent personnel pour préserver l’exploitation ». Dans son entreprise, le producteur a tout de même pu compter sur la solidarité et la générosité des gens de Pianellu qui l’ont aidé à entretenir sa châtaigneraie.« Cela n’a pas été facile mais on s’est adapté. Pour la suite, je suis quand même très confiant, les choses sont en train de s’arranger. »