Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, devrait quitter ses fonctions jeudi après son élection à la présidence du Conseil exécutif territorial.
Gilles Simeoni va devoir prêter ses habits de maire de Bastia qu’il a conquis, de haute lutte, il y a à peine vingt mois. La large victoire de sa liste Pè a Corsica, dimanche soir, au second tour de scrutin des élections territoriales, lui assure, jeudi après-midi, lors du 3ème tour qui se jouera dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse à Ajaccio, d’être élu au poste suprême, celui de président du Conseil exécutif de Corse. La loi sur le non-cumul des mandats interdit le cumul des mandats exécutifs. Le chef d'un exécutif local, - par exemple, un président de Conseil départemental ou régional, un président du Conseil exécutif de Corse, un maire ou un maire d’arrondissement, - ne peut exercer un autre mandat de chef d’exécutif local. Cette incompatibilité est automatique et prend effet dès l'élection qui place l'élu en situation de cumul, sans délai d'option, sauf en cas de recours judiciaire contre l’élection. Cette exception avait permis, en 2010, à Paul Giacobbi de conserver son mandat de président du Conseil général de Haute-Corse quelques mois après son élection à la tête de l’Exécutif territorial.
Un nouveau maire
La victoire des Nationalistes étant nette et sans bavure, Gilles Simeoni doit, dès jeudi, démissionner de son poste de 1er magistrat bastiais, mais peut rester membre du Conseil municipal. La question de son successeur agite le landerneau local. Deux noms circulent depuis quelques semaines : Michel Castellani, conseiller territorial sortant de Femu a Corsica, actuel 3ème adjoint délégué à l'urbanisme et à la planification stratégique et vieux militant nationaliste, ou Pierre Savelli, 9ème adjoint délégué aux services à la population et à la prévention. Tous deux appartiennent au groupe d’Inseme per Bastia et sont des proches de Gilles Simeoni. La loi impose l’élection du nouveau maire dans un délai de quatre semaines, à partir de jeudi. Elle pourrait se tenir, mardi prochain, lors du dernier Conseil municipal de l’année. Dans le cas contraire, elle devra intervenir dans la première quinzaine de janvier.
La question de l’ouverture
Jeudi, l’Assemblée de Corse élira, donc, le Conseil Exécutif et son président, au scrutin uninominal majoritaire. Les conseillers territoriaux, nouvellement élus, voteront, à bulletin secret, pour des listes composées de neuf élus, à parité hommes/femmes, la tête de liste étant candidate à la présidence de l'Exécutif, les huit autres formeront le Conseil exécutif et se partageront les présidences des Offices et agences. Le vote se fait à la majorité absolue pour les deux premiers tours. Si aucune liste ne l'obtient, l’élection se fera à majorité relative au 3ème tour. Avec une majorité relative de 24 sièges et peu de chances de fusion dans les rangs de l’opposition, les Nationalistes sont assurés de leur élection. Mais, ils ont, tout au long de la campagne électorale, martelé qu’ils ne voulaient pas gouverner seuls et qu’ils proposeraient des postes d’ouverture à l’opposition, qu’elle soit de droite ou de gauche, comme Gilles Simeoni l’a fait à Bastia.
Un improbable rapprochement
José Rossi aurait, au nom du groupe libéral qui compte 11 élus, déjà décliné, avec sagesse, l’invitation. Un élu progressiste de la stature de Jean-Martin Mondoloni pourrait, néanmoins, devenir un partenaire potentiel. Ses prises de position, notamment sur le statut de coofficialité de la langue et sur l’autonomie, et sa participation aux débats de Ghjurnate de Corte le font apprécier des Nationalistes. Il a, aussi, le mérite d’incarner une relève libérale, corsiste et décomplexée.
Restent le Front national qui compte quatre élus, dont l’intégration paraît fort improbable, et, surtout, le groupe de Paul Giacobbi et ses douze élus. Là aussi, l’intégration semble délicate tant le rejet de l’équipe sortante et de sa gouvernance est criant dans la population. Même si, tout au long de la précédente mandature, les Nationalistes ont, sur les sujets qui leur tiennent à cœur, travaillé en concertation avec les rescapés de l’ancienne équipe Giacobbi, la violence des propos que ces derniers ont tenu à leur encontre, lors de la campagne électorale, rend le rapprochement problématique. Il sera, en plus, difficile de prétendre faire du vin nouveau dans de vieilles outres. D’autant que ce nouveau affiche, depuis près de 40 ans, la volonté de faire craquer les anciens cadres, si décriés et si honnis. Pas sûr que la population, qui a voté pour du sang neuf, comprenne et accepte !
Un mandat à sauver
Reste, en l’état actuel des choses, une dernière question que tout le monde se pose. Paul Giacobbi siègera-t-il sur un simple banc de l’Assemblée de Corse ou pratiquera-t-il la politique de la chaise vide comme d’autres membres d’opposition l’ont pratiquée avec brio avant lui ? Il a affirmé, dès l’annonce de sa défaite, qu’il avait l’intention d’assumer son rôle d’opposant et assure qu’avec ses colistiers, « nous saurons nous montrer constructifs, loin de tout esprit de revanche, dans l'intérêt de notre île ». Pourtant, beaucoup, jusque dans son propre camp, doutent…
Quoiqu’il en soit, le principal enjeu, pour Paul Giacobbi, aujourd’hui, est de sauver son mandat de député lors des prochaines législatives de juin 2017. Un mandat qui pourrait bien se retrouver immolé sur le triple autel de l’irrésistible montée en puissance des Nationalistes, de l’effondrement de la gauche insulaire et de la suppression des Conseils départementaux, engloutis dans la réforme de la Collectivité unique. Une seule certitude : la prise de pouvoir nationaliste bouleverse, en profondeur, la donne politique corse. Et, Paul Giacobbi en est la première victime.
N.M.
Un nouveau maire
La victoire des Nationalistes étant nette et sans bavure, Gilles Simeoni doit, dès jeudi, démissionner de son poste de 1er magistrat bastiais, mais peut rester membre du Conseil municipal. La question de son successeur agite le landerneau local. Deux noms circulent depuis quelques semaines : Michel Castellani, conseiller territorial sortant de Femu a Corsica, actuel 3ème adjoint délégué à l'urbanisme et à la planification stratégique et vieux militant nationaliste, ou Pierre Savelli, 9ème adjoint délégué aux services à la population et à la prévention. Tous deux appartiennent au groupe d’Inseme per Bastia et sont des proches de Gilles Simeoni. La loi impose l’élection du nouveau maire dans un délai de quatre semaines, à partir de jeudi. Elle pourrait se tenir, mardi prochain, lors du dernier Conseil municipal de l’année. Dans le cas contraire, elle devra intervenir dans la première quinzaine de janvier.
La question de l’ouverture
Jeudi, l’Assemblée de Corse élira, donc, le Conseil Exécutif et son président, au scrutin uninominal majoritaire. Les conseillers territoriaux, nouvellement élus, voteront, à bulletin secret, pour des listes composées de neuf élus, à parité hommes/femmes, la tête de liste étant candidate à la présidence de l'Exécutif, les huit autres formeront le Conseil exécutif et se partageront les présidences des Offices et agences. Le vote se fait à la majorité absolue pour les deux premiers tours. Si aucune liste ne l'obtient, l’élection se fera à majorité relative au 3ème tour. Avec une majorité relative de 24 sièges et peu de chances de fusion dans les rangs de l’opposition, les Nationalistes sont assurés de leur élection. Mais, ils ont, tout au long de la campagne électorale, martelé qu’ils ne voulaient pas gouverner seuls et qu’ils proposeraient des postes d’ouverture à l’opposition, qu’elle soit de droite ou de gauche, comme Gilles Simeoni l’a fait à Bastia.
Un improbable rapprochement
José Rossi aurait, au nom du groupe libéral qui compte 11 élus, déjà décliné, avec sagesse, l’invitation. Un élu progressiste de la stature de Jean-Martin Mondoloni pourrait, néanmoins, devenir un partenaire potentiel. Ses prises de position, notamment sur le statut de coofficialité de la langue et sur l’autonomie, et sa participation aux débats de Ghjurnate de Corte le font apprécier des Nationalistes. Il a, aussi, le mérite d’incarner une relève libérale, corsiste et décomplexée.
Restent le Front national qui compte quatre élus, dont l’intégration paraît fort improbable, et, surtout, le groupe de Paul Giacobbi et ses douze élus. Là aussi, l’intégration semble délicate tant le rejet de l’équipe sortante et de sa gouvernance est criant dans la population. Même si, tout au long de la précédente mandature, les Nationalistes ont, sur les sujets qui leur tiennent à cœur, travaillé en concertation avec les rescapés de l’ancienne équipe Giacobbi, la violence des propos que ces derniers ont tenu à leur encontre, lors de la campagne électorale, rend le rapprochement problématique. Il sera, en plus, difficile de prétendre faire du vin nouveau dans de vieilles outres. D’autant que ce nouveau affiche, depuis près de 40 ans, la volonté de faire craquer les anciens cadres, si décriés et si honnis. Pas sûr que la population, qui a voté pour du sang neuf, comprenne et accepte !
Un mandat à sauver
Reste, en l’état actuel des choses, une dernière question que tout le monde se pose. Paul Giacobbi siègera-t-il sur un simple banc de l’Assemblée de Corse ou pratiquera-t-il la politique de la chaise vide comme d’autres membres d’opposition l’ont pratiquée avec brio avant lui ? Il a affirmé, dès l’annonce de sa défaite, qu’il avait l’intention d’assumer son rôle d’opposant et assure qu’avec ses colistiers, « nous saurons nous montrer constructifs, loin de tout esprit de revanche, dans l'intérêt de notre île ». Pourtant, beaucoup, jusque dans son propre camp, doutent…
Quoiqu’il en soit, le principal enjeu, pour Paul Giacobbi, aujourd’hui, est de sauver son mandat de député lors des prochaines législatives de juin 2017. Un mandat qui pourrait bien se retrouver immolé sur le triple autel de l’irrésistible montée en puissance des Nationalistes, de l’effondrement de la gauche insulaire et de la suppression des Conseils départementaux, engloutis dans la réforme de la Collectivité unique. Une seule certitude : la prise de pouvoir nationaliste bouleverse, en profondeur, la donne politique corse. Et, Paul Giacobbi en est la première victime.
N.M.