Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et leader de Femu a Corsica, au rassemblement de Femu au boulodrone de Lupinu.
« Ce n’est pas la bonne méthode ! ». L’apostrophe s’adresse autant au Premier ministre, Edouard Philippe, dont la prochaine venue dans l’île pour inaugurer l’acte II du quinquennat s’annonce mal, qu’aux partenaires de la majorité territoriale qui, depuis plusieurs semaines, multiplient les appels à l’union pour les élections municipales en brandissant l’accord Pè a Corsica. Sous la canicule qui perdure en cette fin d’après-midi de samedi au boulodrome de Lupinu, Gilles Simeoni, qui sort d’une harassante session de l’Assemblée de Corse, n’est pas d’humeur à s’en laisser compter. Les artifices ministériels d’une part, les pressions électorales de l’autre, ce sont deux pièges dans lesquels il n’a pas l’intention de s’enferrer. Et il le fait savoir clairement, à sa manière, avec sa propre méthode, devant ses militants, les élus bastiais d’ouverture, des Gilets jaunes et une poignée de ses alliés envoyés aux nouvelles.
Aucun signe fort
Sa première salve, il la réserve à l’Etat et à un gouvernement qui lui reproche de ne pas s’occuper du quotidien des Corses. Il rappelle que « Le rassemblement d’aujourd’hui avait été prévu au lendemain de cette agression contre la Corse, de cette procédure contre la DSP de la fibre » - procédure préfectorale toujours en cours malgré ses demandes –. Il annonce la couleur : « L’Etat doit changer totalement de politique en Corse. Il y a eu, depuis l’élection de Macron, un acte I qui a été marqué par l’indifférence, le mépris, le refus de prendre en compte la dimension fondamentalement politique de la question corse. Il faut un acte II qui soit, cette fois-ci, basé sur la reconnaissance de ce que nous sommes – un peuple – sur la volonté de dialogue et sur la constitution de chemins partagés ». Et de poser la question : « Edouard Philippe a-t-il cette volonté ? Au moment où je parle, je ne le sais pas. Je continue d’espérer. Il n’y a jusqu’à ce soir, aucun signe fort, concret, qui nous laisse espérer que l’Etat a changé de politique ». Les entretiens téléphoniques pré-visite entre les deux hommes ont été de la même teneur que ceux qui ont précédé le débat présidentiel à Cuzzà. C’est tout dire !
Aucun signe fort
Sa première salve, il la réserve à l’Etat et à un gouvernement qui lui reproche de ne pas s’occuper du quotidien des Corses. Il rappelle que « Le rassemblement d’aujourd’hui avait été prévu au lendemain de cette agression contre la Corse, de cette procédure contre la DSP de la fibre » - procédure préfectorale toujours en cours malgré ses demandes –. Il annonce la couleur : « L’Etat doit changer totalement de politique en Corse. Il y a eu, depuis l’élection de Macron, un acte I qui a été marqué par l’indifférence, le mépris, le refus de prendre en compte la dimension fondamentalement politique de la question corse. Il faut un acte II qui soit, cette fois-ci, basé sur la reconnaissance de ce que nous sommes – un peuple – sur la volonté de dialogue et sur la constitution de chemins partagés ». Et de poser la question : « Edouard Philippe a-t-il cette volonté ? Au moment où je parle, je ne le sais pas. Je continue d’espérer. Il n’y a jusqu’à ce soir, aucun signe fort, concret, qui nous laisse espérer que l’Etat a changé de politique ». Les entretiens téléphoniques pré-visite entre les deux hommes ont été de la même teneur que ceux qui ont précédé le débat présidentiel à Cuzzà. C’est tout dire !
Cinq priorités
Même si Edouard Philippe a prévenu que l’acte II changeait de méthode, mais pas de cap, Gilles Simeoni n’en démord pas. En boxeur tenace qui ne déserte pas le ring, il fixe, lui-même, le cap et les cinq points fondamentaux sur lesquels il attend invariablement des réponses, des signes forts de l’Etat. Tout d’abord, réintroduire la dimension historique : « Nous ne sommes pas des élus locaux ! ». Ensuite, la question institutionnelle : « Il n’est pas acceptable que le terme d’autonomie de plein droit et de plein exercice qui est constitutionnellement prévu pour d’autres territoires, soit systématiquement banni du vocabulaire du Président de la République et du Premier ministre quand ils parlent de la Corse ». La question des prisonniers politiques : « Ces hommes, comme n’importe quels autres justiciables, ont droit à l’application du droit, au rapprochement familial et à la réinsertion ». La coofficialité de la langue corse : « Le gouvernement dit Non. D’accord, mais est-il prêt à accompagner le bilinguisme et l’immersion ? ». Le statut de résident : « Il dit encore Non. D’accord. Pouvons-nous avancer sur les espaces stratégiques agricoles, sur l’élargissement du droit de préemption de la Collectivité de Corse (CdC)… ? ».
Des dossiers stratégiques
Le leader nationaliste liste les dossiers stratégiques où les relations avec l’Etat sont tout aussi tendues. L’agriculture « pour permettre aux jeunes de vivre sur leur terre ». L’urbanisme : « Est-ce que l’Etat va arrêter de jouer les maires contre la CdC ? A lui de le dire ! ». Le PEI (Plan exceptionnel d’investissement) : « L’Etat dit que c’est un plan d’accompagnement. La Corse n’a pas besoin d’être accompagnée. L’Etat dit que, la prochaine fois, s’il paye, c’est lui qui décidera. Il n’en est pas question ! L’Etat ne fait pas un cadeau à la Corse, il paye l’injustice qu’il a faite à ce pays depuis des siècles. Nous aussi nous payons et nous déciderons ! ». La Loi Montagne : « Elle est votée, on ne l’applique pas ». La santé : « La ministre nous dit que nous sommes les enfants gâtés de la République et que rien n’est possible. Ce n’est pas entendable ! ». L’Europe : « Est-ce que l’Etat français est prêt à nous aider à obtenir auprès de la Commission européenne la reconnaissance du fait insulaire, comme le font l’Etat espagnol pour les Baléares, et l’Etat italien pour la Sicile et la Sardaigne ? ».
Les vieux démons
Des chantiers dans l’impasse. « Qu’on arrête de dire que les Nationalistes ne veulent pas dialoguer ! Sur ces dossiers, nous voulons dialoguer et nous voulons avancer ! Mais pour discuter, il faut être deux et, pour l’instant, nous avons été seuls ». Gilles Simeoni martèle sa détermination. Pour lui, la Corse ne peut pas revenir en arrière. Elle a envoyé un signal fort que plus rien ne serait comme avant, l’Etat doit le comprendre, le reconnaître et le prendre en compte. « L’Etat ne sauvera pas la Corse. La Corse ne sera pas sauvée par d’autres, par procuration. Ce qui la sauvera, c’est la force du projet national, de la dynamique que nous allons impulser ». Il appelle les forces vives à se mobiliser et avertit : « La Corse semble happée par un certain nombre de vieux démons, par des logiques occultes avec des assassinats, des incendies criminels, des destructions, des menaces… Je le dis avec détermination : Personne ne tiendra notre plume quand nous choisirons de signer ou de décider. Personne ! ».
Même si Edouard Philippe a prévenu que l’acte II changeait de méthode, mais pas de cap, Gilles Simeoni n’en démord pas. En boxeur tenace qui ne déserte pas le ring, il fixe, lui-même, le cap et les cinq points fondamentaux sur lesquels il attend invariablement des réponses, des signes forts de l’Etat. Tout d’abord, réintroduire la dimension historique : « Nous ne sommes pas des élus locaux ! ». Ensuite, la question institutionnelle : « Il n’est pas acceptable que le terme d’autonomie de plein droit et de plein exercice qui est constitutionnellement prévu pour d’autres territoires, soit systématiquement banni du vocabulaire du Président de la République et du Premier ministre quand ils parlent de la Corse ». La question des prisonniers politiques : « Ces hommes, comme n’importe quels autres justiciables, ont droit à l’application du droit, au rapprochement familial et à la réinsertion ». La coofficialité de la langue corse : « Le gouvernement dit Non. D’accord, mais est-il prêt à accompagner le bilinguisme et l’immersion ? ». Le statut de résident : « Il dit encore Non. D’accord. Pouvons-nous avancer sur les espaces stratégiques agricoles, sur l’élargissement du droit de préemption de la Collectivité de Corse (CdC)… ? ».
Des dossiers stratégiques
Le leader nationaliste liste les dossiers stratégiques où les relations avec l’Etat sont tout aussi tendues. L’agriculture « pour permettre aux jeunes de vivre sur leur terre ». L’urbanisme : « Est-ce que l’Etat va arrêter de jouer les maires contre la CdC ? A lui de le dire ! ». Le PEI (Plan exceptionnel d’investissement) : « L’Etat dit que c’est un plan d’accompagnement. La Corse n’a pas besoin d’être accompagnée. L’Etat dit que, la prochaine fois, s’il paye, c’est lui qui décidera. Il n’en est pas question ! L’Etat ne fait pas un cadeau à la Corse, il paye l’injustice qu’il a faite à ce pays depuis des siècles. Nous aussi nous payons et nous déciderons ! ». La Loi Montagne : « Elle est votée, on ne l’applique pas ». La santé : « La ministre nous dit que nous sommes les enfants gâtés de la République et que rien n’est possible. Ce n’est pas entendable ! ». L’Europe : « Est-ce que l’Etat français est prêt à nous aider à obtenir auprès de la Commission européenne la reconnaissance du fait insulaire, comme le font l’Etat espagnol pour les Baléares, et l’Etat italien pour la Sicile et la Sardaigne ? ».
Les vieux démons
Des chantiers dans l’impasse. « Qu’on arrête de dire que les Nationalistes ne veulent pas dialoguer ! Sur ces dossiers, nous voulons dialoguer et nous voulons avancer ! Mais pour discuter, il faut être deux et, pour l’instant, nous avons été seuls ». Gilles Simeoni martèle sa détermination. Pour lui, la Corse ne peut pas revenir en arrière. Elle a envoyé un signal fort que plus rien ne serait comme avant, l’Etat doit le comprendre, le reconnaître et le prendre en compte. « L’Etat ne sauvera pas la Corse. La Corse ne sera pas sauvée par d’autres, par procuration. Ce qui la sauvera, c’est la force du projet national, de la dynamique que nous allons impulser ». Il appelle les forces vives à se mobiliser et avertit : « La Corse semble happée par un certain nombre de vieux démons, par des logiques occultes avec des assassinats, des incendies criminels, des destructions, des menaces… Je le dis avec détermination : Personne ne tiendra notre plume quand nous choisirons de signer ou de décider. Personne ! ».
Le strict accord
La méthode avec l’Etat fixée, le leader de Femu a Corsica attaque de front le problème avec ses partenaires de la majorité. Dans le public, Pierre Poli et Jean-François Casalta sont descendus d’Ajaccio pour le PNC. François Sargentini et Rosa Prosperi font acte de présence pour Corsica libera. Mercredi, lors d’une réunion publique, leurs leaders ont, d’une seule voix, appelé à l’union, mais, samedi soir, ils ne sont pas là pour entendre Gilles Simeoni les recadrer de manière magistrale. « Notre fidélité est totale par rapport au contrat Pè a Corsica et aux engagements que nous avons pris devant les Corses ». Seulement voilà, l’union réclamée à cor et à cris ne fait pas partie du contrat : « Cet accord ne parle pas de la façon de faire les listes aux élections, ni municipales, ni territoriales. Il ne donne pas de recettes ! Il ne dit pas : nous serons ensemble aux municipales. Il ne dit pas : nous serons ensemble aux prochaines territoriales au 1er tour. Cet accord fixe un cadre stratégique pour 10 ans, il engage les signataires et a vocation à s’élargir à ceux qui se reconnaissent dans ces positions ». Et pour rafraichir la mémoire des présents et des absents, il relit intégralement les dix points de l’accord, insistant sur les trois qui imposent de construire des passerelles et de créer les conditions du rassemblement démocratique le plus large.
Une stratégie victorieuse
L’ouverture, le maitre-mot de Gilles Simeoni, consubstantiel à sa démarche. « Notre ouverture à toutes les forces vives est le corollaire de notre volonté de passer d’une logique d’affirmation nationaliste à une logique de construction nationale. La Corse, que nous voulons construire, est celle de tous les Corses, et non celle des seuls Nationalistes. Ce principe doit se décliner à tous les niveaux de l’action publique et à toutes les élections. Voilà ce que nous avons dit et écrit ensemble ». Cette stratégie arc-en-ciel lui a permis de renverser les citadelles, surtout la première, la plus importante, la citadelle bastiaise. « N’oubliez pas que nous avons gagné parce que nous avons réussi à convaincre des Corses qui n’étaient pas nationalistes et qui nous ont fait confiance ». La fidélité au contrat va de pair avec la fidélité des engagements pris devant les Corses. Assis dans les premiers rangs, Emmanuelle De Gentili, Philippe Peretti et Jojo Massoni, écoutent attentivement celui qu’ils ont accepté de suivre en 2014 leur proposer de reconduire l’union bastiaise et, peut-être, de l’élargir au nouvel allié Corsica Libera. Une possibilité à discuter, pas forcément une certitude.
Pas d’union
Si les municipales sont « l’élection de prédilection pour pratiquer l’ouverture », Gilles Simeoni n’impose pas, ne tranche pas, ne ferme aucune porte, mais laisse le jeu ouvert à la discussion. A la proposition d’union de ces partenaires, il réplique par une proposition de méthode pour mettre en œuvre les engagements pris, et seulement ceux-là. Autrement dit : pas de liste Pè a Corsica stricto sensu pour les municipales. Pas de liste d’union. Pas de candidats imposés. Pas de prés carrés. Pas de machines à perdre. Et peut-être même des listes séparées au 1er tour… Tous les scénarii sont envisageables et envisagés. « La victoire des municipales ne peut pas être la victoire de Pè a Corsica, ce doit être la victoire d’une stratégie, d’une vision politique. Dans l’accord, nous avons écrit où nous voulons aller, dans combien de temps et avec qui. Avec qui, ce sont tous ceux qui vivent dans ce pays et veulent construire avec nous ».
N.M.
La méthode avec l’Etat fixée, le leader de Femu a Corsica attaque de front le problème avec ses partenaires de la majorité. Dans le public, Pierre Poli et Jean-François Casalta sont descendus d’Ajaccio pour le PNC. François Sargentini et Rosa Prosperi font acte de présence pour Corsica libera. Mercredi, lors d’une réunion publique, leurs leaders ont, d’une seule voix, appelé à l’union, mais, samedi soir, ils ne sont pas là pour entendre Gilles Simeoni les recadrer de manière magistrale. « Notre fidélité est totale par rapport au contrat Pè a Corsica et aux engagements que nous avons pris devant les Corses ». Seulement voilà, l’union réclamée à cor et à cris ne fait pas partie du contrat : « Cet accord ne parle pas de la façon de faire les listes aux élections, ni municipales, ni territoriales. Il ne donne pas de recettes ! Il ne dit pas : nous serons ensemble aux municipales. Il ne dit pas : nous serons ensemble aux prochaines territoriales au 1er tour. Cet accord fixe un cadre stratégique pour 10 ans, il engage les signataires et a vocation à s’élargir à ceux qui se reconnaissent dans ces positions ». Et pour rafraichir la mémoire des présents et des absents, il relit intégralement les dix points de l’accord, insistant sur les trois qui imposent de construire des passerelles et de créer les conditions du rassemblement démocratique le plus large.
Une stratégie victorieuse
L’ouverture, le maitre-mot de Gilles Simeoni, consubstantiel à sa démarche. « Notre ouverture à toutes les forces vives est le corollaire de notre volonté de passer d’une logique d’affirmation nationaliste à une logique de construction nationale. La Corse, que nous voulons construire, est celle de tous les Corses, et non celle des seuls Nationalistes. Ce principe doit se décliner à tous les niveaux de l’action publique et à toutes les élections. Voilà ce que nous avons dit et écrit ensemble ». Cette stratégie arc-en-ciel lui a permis de renverser les citadelles, surtout la première, la plus importante, la citadelle bastiaise. « N’oubliez pas que nous avons gagné parce que nous avons réussi à convaincre des Corses qui n’étaient pas nationalistes et qui nous ont fait confiance ». La fidélité au contrat va de pair avec la fidélité des engagements pris devant les Corses. Assis dans les premiers rangs, Emmanuelle De Gentili, Philippe Peretti et Jojo Massoni, écoutent attentivement celui qu’ils ont accepté de suivre en 2014 leur proposer de reconduire l’union bastiaise et, peut-être, de l’élargir au nouvel allié Corsica Libera. Une possibilité à discuter, pas forcément une certitude.
Pas d’union
Si les municipales sont « l’élection de prédilection pour pratiquer l’ouverture », Gilles Simeoni n’impose pas, ne tranche pas, ne ferme aucune porte, mais laisse le jeu ouvert à la discussion. A la proposition d’union de ces partenaires, il réplique par une proposition de méthode pour mettre en œuvre les engagements pris, et seulement ceux-là. Autrement dit : pas de liste Pè a Corsica stricto sensu pour les municipales. Pas de liste d’union. Pas de candidats imposés. Pas de prés carrés. Pas de machines à perdre. Et peut-être même des listes séparées au 1er tour… Tous les scénarii sont envisageables et envisagés. « La victoire des municipales ne peut pas être la victoire de Pè a Corsica, ce doit être la victoire d’une stratégie, d’une vision politique. Dans l’accord, nous avons écrit où nous voulons aller, dans combien de temps et avec qui. Avec qui, ce sont tous ceux qui vivent dans ce pays et veulent construire avec nous ».
N.M.