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Distribution du gaz à Ajaccio : les syndicats exposent leurs inquiétudes au conseil municipal


Naël Makhzoum le Jeudi 16 Février 2023 à 10:05

Ce mardi 15 février au soir, le conseil municipal de la Ville d'Ajaccio s'est ouvert d'une manière inhabituelle. Une délégation CGT Énergie et STC y était conviée pour fournir son avis sur le renouvellement de la concession gazière. Un épineux dossier qui est dans l'impasse et qui doit être debloqué avant l'été. Engie, fournisseur de gaz des deux plus grandes villes de Corse, a annoncé sa volonté de se désengager du territoire le 1er juillet en absence d'un véritable cadre juridique



Le conseil municipal du mercredi 15 février à Ajaccio.
Le conseil municipal du mercredi 15 février à Ajaccio.
Le temps presse. La problématique du gaz en Corse est au point mort depuis des années et Engie, fournisseur d'Ajaccio et Bastia, a fait savoir aux municipalités et au Préfet que l'entreprise se désengagerait du territoire le 1 juillet 2023, en l'absence d'un cadre juridique. Depuis 2014, la société enregistre sur l'île un déficit estimé à environ 10 millions d'euros par an, d'où la nécessité d'une délégation de service public (DSP).

Les derniers contrats de concessions qui liaient les municipalités avec GDF ont expiré en 1993 pour Bastia et 1994 pour Ajaccio. Depuis, Engie (ex-GDF) continue de distribuer le gaz via un accord tacite, qui ne lui convient plus. C'est donc une forme d'avertissement sur ton grave qu'a prodigué la délégation de représentants du STC et de la CGT Énergie, devant ce conseil municipal de ce mercredi.

"Nous attendons de la part des politiques qu'ils prennent leurs responsabilités pour trouver un consensus sur la situation gazière avec la Préfecture, les municipalités d'Ajaccio et Bastia et le groupe Engie, lance Xavier Nesa, secrétaire général de la CGT Énergie en Corse. Ça fait plus de 6 ans que nous défendons les projets gaziers et de construction d'une centrale du Ricantu afin que les Corses bénéficient d'un service public de qualité."

La centrale du Ricantu, indispensable ?

Car en plus des 28 000 foyers concernés par une éventuelle coupure de gaz à l'été ou des 83 emplois supprimés si Engie se retire, la question autour de la construction d'une centrale en remplacement de celle du Vazziu, en fin de vie, est au cœur du débat. Le problème est que l'hypothèse d'une nouvelle centrale au Ricantu est, elle aussi, au point mort. Sauf que là encore, le temps presse.

Il a en effet été demandé aux deux soumissionnaires qui avaient répondu à l'appel d'offres de réévaluer leurs offres, compte tenu de l'augmentation du prix des matières premières. Et ce, avant le 31 mars 2023. Sauf que si ceux-ci n'ont rien proposé d'ici là, il faudra repartir à zéro sur un cycle de deux ans d'appel d'offres, d'où les craintes évoquées par les syndicalistes.

"Nous attendons de tous les acteurs que la PPE (programmation pluriannuelle de l'énergie) modifiée émerge afin que les travaux puissent être lancés et qu'on ne perde pas les deux soumissionnaires en appel d'offres appelle Xavier Nesa, avant de poursuivre sur le thème de sa venue. Ce n'est pas à nous de décider les sommes qui seront versées à la ville d'Ajaccio au titre de la compensation financière ni de décider du prorata de la compensation de l'État. C'est à eux de trouver un consensus avec des durées de concessions adéquates. "

"Prêts à couper le gaz"

Interpellé pour réagir en mobilisant les acteurs sur ce sujet, le maire d'Ajaccio a rappelé les freins existant aujourd'hui. "L'entreprise a répondu sur un certain nombre de points : le choix de l'énergie, les travaux, mais des préalables doivent être réalisés, notamment une modification simplifiée de la PPE par une délibération de la CdC, précise Stéphane Sbraggia. En théorie, cette centrale pourrait être opérationnelle pour 2027 ou 2028. Sauf qu'il y a des divergences sur la prise en compte de la valeur des biens de retour qui doivent être financés par l'État, entre la valeur retenue par la société et celle estimée par l'État. Tant que ce point n'est pas réglé, on est hors contrat avec une situation déficitaire."

Après un long échange et diverses interrogations auxquelles Xavier Nesa a apporté son expertise technique, il a assuré que les syndicalistes agiraient "bien en amont de l'ultimatum d'Engie pour faire bouger les acteurs. En dernier ressort, on est prêts à couper le gaz sur Ajaccio et Bastia. Peut-être que là, ils se mettront autour d'une table pour trouver une solution rapidement." 

Au-delà de tous les dangers qui pèsent autour de cette problématique du gaz, il y a, comme toujours, des hommes et des femmes, dont les emplois sont menacés. En plus des 83 liés à un éventuel retrait d'Engie, 85 postes pourraient disparaître si le projet de centrale du Ricantu ne voyait pas le jour.