Dispositif feux de forêt 2023 : "en Corse, il faudrait des moyens toute l'année"

Alors que les beaux jours approchent à grand pas, et que la Corse compte minutieusement ses gouttes d’eau, le ministre de l’Intérieur a annoncé, mardi 11 avril, la mise en place de moyens de lutte « sans précédent » contre les feux de forêt pour l’été 2023. « Nous débloquons beaucoup d’argent pour augmenter le nombre d’engins qui viennent éteindre les feux. Les moyens aériens étaient déjà en progression, mais ils ont été accélérés : soit avec des achats d’avions, soit avec des achats ou des locations d’hélicoptères », a détaillé Gérald Darmanin. Au total, 500 sapeurs-pompiers et 9 bombardiers supplémentaires devraient venir gonfler les rangs d’ici au début de l’été. Mais la Corse va-t-elle en bénéficier ?

D’après le plan dévoilé par le ministre, deux Canadair seront détachés sur l’île à partir du 1er juillet, ainsi que deux hélicoptères bombardiers d’eau, qui seront basés à Corte. « Si on a bien ça, ça fera un hélicoptère lourd de plus que l’année dernière », analyse Hyacinthe Vanni, président du SDIS 2B. « Mais ça reste moins que ce qu’on avait il y a quelques années. Avant, on avait deux Tracker (bombardier d’eau, NDLR) de plus en Corse. » Concrètement, ces engins basés sur l’île sont dédiés en priorité aux interventions locales, au regard du risque important qui y a été identifié. « Ils peuvent aller sur différentes opérations ailleurs, en cas de besoin, mais ils sont priorisés pour la Corse. »

Une autre question demeure : ces moyens sont-ils suffisants, alors que les mois à venir s'annoncent particulièrement tendus, surtout s'ils s'inscrivent dans les pas de l’été 2022, marqué par des incendies majeurs. Pour Hyacinthe Vanni, la réponse est claire : « on se contente de ce qu’on a, mais il faudrait beaucoup plus ». « Et surtout, il nous faudrait des moyens toute l’année, et pas qu’en été. Pour nous, il n’y a plus de saison, on est frappés par des feux importants en hiver comme en été. »

Sur ce sujet, le sénateur corse Jean-Jacques Panunzi a d'ailleurs interpellé le gouvernement lors de la séance matinale de ce jeudi 13 avril, au Palais du Luxembourg. « À ce jour, la sécurité civile possède une flotte vieillissante de onze appareils, tous regroupés à Nîmes, donc un peu plus éloignés de la Corse que lorsqu'ils étaient basés à Marseille (...) La dégradation climatique justifie de régionaliser les moyens de lutte contre les incendies et d'instaurer une permanence des moyens via des unités de bombardiers d'eau basés en Corse pour pouvoir disposer d'une protection optimale face aux incendies. »

Face à cette demande, la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, Dominique Faure, a répondu que « la centralisation des moyens (à Nîmes, NDLR) permet une meilleure rationalisation des coûts de fonctionnement des infrastructures ainsi que des moyens humains ». Par conséquent, le détachement de bombardiers d'eau en Corse à l'année n'est pas prévu pour le moment. 

Du côté du SDIS de Haute-Corse, les responsables espèrent également obtenir des moyens humains pour l’été. « On avait entamé des discussions concernant une colonne territoriale, qui est un renfort terrestre », reprend Hyacinthe Vanni. « Pour le moment, le dispositif n’a pas été validé, on attend les répartitions de la zone sud, dont on fait partie. » 

L’espoir est légitime, d’autant que le ministère, dans son communiqué, a annoncé que « le nombre de colonnes de renfort sera porté à 51 (contre 44 au plus fort de la saison 2022). Elles sont chacune équipées d’un véhicule de commandement et de soutien et de trois groupes d’intervention feux de forêt (GIFF), représentant 70 sapeurs-pompiers. » 
Réponse en début de semaine prochaine.