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« Di lacrime è sangue » : Frédéric Poggi rend hommage au peuple afghan


Philippe Peraut le Mercredi 18 Août 2021 à 16:02

Frédéric Poggi, membre fondateur du groupe Voce Ventu a publié ce mardi, sur sa page Facebook, une poésie intitulée « Di lacrime è sangue » en soutien au peuple afghan suite à la prise de pouvoir des talibans. Une manière, pour l’artiste insulaire, de répondre, par la poésie, à l’appel d’Ahmad, fils du légendaire commandant Massoud. Et en même temps, d’établir un lien avec la chanson « Rughju di vita » écrite en 2001, en hommage au chef de la résistance afghane assassiné...



Crédit photo Twitter- DefenseOne
Crédit photo Twitter- DefenseOne
« Da li chjassi di sangue è e strade spaventu... » écrivaient Fred Poggi et Andria Fazi, dans la chanson « Rughju di vita », issue du premier album du groupe Voce Ventu en 2005. Un hommage au commandant Massoud assassiné le 9 septembre 2001 au Nord-Ouest de l'Afghanistan par deux membres d’Al-Qaïda, qui prend, aujourd’hui et malheureusement par la force des choses, une nouvelle ampleur.
 
« Cette poésie est un témoignage »
La situation vécue depuis quelques jours par le peuple afghan après la prise du pouvoir par les talibans, interpelle tous les défenseurs de la liberté. Chacun exprime ses craintes, ses douleurs et son ressenti à sa manière. Fred Poggi a choisi, pour sa part, la poésie. «  Je suis, bien sûr, de très près cette situation, explique l’artiste, et j’ai lu aussi l’appel d’Ahmed Massoud, qui commande, aujourd’hui, les forces de résistance afghanes. Nous sommes touchés par ce qu’il se passe. J’ai lu cet appel du fils du lion du Panjshir et notamment ses références à Churchill qui évoquait « Du sang et des larmes » quand les Anglais entrèrent en guerre en 1939, je ne pouvais pas rester insensible. J’ai donc rédigé une poésie « Di lacrime è sangue » en citant le commandant Massoud. Une façon, même si bien sûr, cela ne changera pas le cours de cette situation dramatique, d’apporter notre soutien et de créer un lien avec « Rughju di vita ». La différence reste, toutefois de taille car la chanson fut écrite, à l’époque, en hommage à ce personnage clé de la lutte afghane et donc après son assassinat. Aujourd’hui, nous sommes dans le présent et ne savons pas comment la situation va évoluer. Cette poésie est un témoignage. »

Frédéric Poggi avoue avoir écrit à l’émotion par rapport à une situation qui le touche particulièrement : « À l’époque, ajoute-t-il,  nous avions rencontré le frère du commandant Massoud, son fils Ahmed avait écouté notre chanson. Nous avions été très sensibles à ce conflit comme d'autres où la libertés est bafouée. Quand on voit que l’obscurantisme revient de la sorte, 20 ans après, il y a de quoi craindre pour l’avenir. » 
Pour le leader du groupe, l’éventualité d’une mise en musique de la poésie ne figure pas à l’ordre du jour : « On ne sait pas ce qu’il va advenir de ce peuple, c’est beaucoup plus important que composer ou non une musique. Aujourd’hui, un château de cartes s’effondre, celui d’une société qui prend l’eau de toutes parts. Ces gens ont été soutenus par l’Occident dans les années quatre-vingt parce que justement, il fallait s’opposer au bloc soviétique. On nous parle de démocratie mais dès lors qu’il n’y a plus d’intérêt. »

« Serà di lacrime è sangue  u prezzu di a libertà » répète tel l’auteur tout au long de la poésie, en concluant « Quale l’aiuterà ? », dénonçant une certaine hypocrisie des puissances occidentales...

Un texte qui s’inscrit dans le fil de la chanson « Cantaremu a vita » issue du dernier album et relatant l’obscurantisme. Difficile, en effet, de rester insensible à cette montée. Mais, quelque part, n’a t-elle pas été enfantée par une société où l’individualisme, le profit et la surconsommation prédominent ?
La question mérite d’être posée.