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Désert médicaux : en Corse, "on cherche des solutions concrètes"


Thibaud KEREBEL le Jeudi 15 Décembre 2022 à 16:40

Depuis mi-novembre, une dizaine de réunions ont été organisées partout en Corse, pour mettre en relation différents professionnels de santé et faire émerger des idées, afin de résoudre le problème de désertification médicale. La dernière s'est tenue à Bastia, ce mercredi 14 décembre. Prochaine étape : une restitution régionale début 2023, puis la transmission d'un compte-rendu auprès du ministère de la Santé.



En Corse, les actions se multiplient pour tenter de trouver des solutions à la désertification médicale. Un problème qui impacte sérieusement l’île, au même titre que l’ensemble du territoire métropolitain. C’est dans ce cadre qu’ont été organisées, au cours des trente derniers jours, une série de réunions à but consultatif, à la fois en Haute-Corse et en Corse-du-Sud. Ce mercredi 14 décembre, le théâtre de Bastia accueillait justement le dernier de ces rendez-vous.

Au total, une vingtaine de participants, dont le maire de la ville Pierre Savelli, se sont réunis autour de quatre tables rondes, pour débattre, faire remonter des problèmes, et tenter de trouver des solutions concrètes. Ce cycle de réunions n’est en revanche pas une initiative régionale, mais la déclinaison d’une politique nationale, appliquée par l’Agence régionale de santé (ARS) en partenariat avec l’Association des Maires et des Présidents d’EPCI de Corse.

« L’objectif, sur quatre thèmes de travail, c’est de dresser un constat avec les professionnels de santé, les élus et la population. C’est vraiment du libre-échange, on cherche des solutions concrètes, très terre à terre. Il ne faut pas se brider. On a des gens qui connaissent très bien le système, et qui se disent ‘non, ça c’est impossible à mettre en place’. Mais justement, on veut entendre ces propositions-là », décrit Anne-Marie Lhostis, directrice départementale de l’ARS. Le 19 janvier prochain, une restitution se tiendra donc à Ajaccio, pour réunir dans un seul document l’ensemble des idées remontées en Haute-Corse et en Corse-du-Sud. « Tout ça va ensuite être transmis au niveau national, au cabinet du ministre de la Santé. Toutes les régions vont le faire. »

"Il y a une volonté d'avancer, même au plus haut niveau de l’État"

Au fil des réunions tenues dans la région, plusieurs propositions sont revenues, et figureront donc dans le dossier final. « Concrètement, on nous a proposé un statut de médecin rural, une aide dans la vie courante pour les nouveaux médecins… Tout ça, ça demande des évolutions législatives, pour être ensuite mis en place », reprend Anne-Marie Lhostis. « Je pense vraiment que des mesures vont être prises vite, j’espère courant 2023. Monsieur Macron lui-même dit que c’est une priorité nationale, il y a une volonté d'avancer, même au plus haut niveau de l’État. Je ne sais pas quelles propositions vont être reprises, mais je pense qu’il y en aura. »

Mercredi soir, autour des quatre tables rondes, toutes animées par un référent, les échanges ont fusé entre responsables politiques, praticiens, infirmiers… « Les maisons de santé, ce n’est pas la seule solution pour renforcer l'attractivité », note un médecin généraliste de Bastia, en s’adressant à la directrice de l’ARS. « Quand on est là-dedans, on se sent comme un simple chiffre d’affaire. » Expériences vécues, idées jetées en l’air… Tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice, y compris le maire de la ville, Pierre Savelli, présent entre deux réunions. « Quand on regarde les chiffres, on voit qu’il faudrait trois fois plus de jeunes médecins en sortie d’université. Donc ça questionne la première année, qui est extrêmement sélective, est-ce qu’il ne faudrait pas changer ça ? » Autant de remarques notées attentivement par les organisateurs.

Seul hic à cette réunion, le manque de représentation de la population, quasiment absente des débats. « Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui se sont dit ‘on n’y comprend rien, je ne vais pas aller dans une réunion de spécialistes’ », regrette Anne-Marie Lhostis. « Mais c’est justement ça qui est intéressant, le concret. Mais en même temps, on a organisé ça sur un mois, c’était un délai très court. Donc difficile de mobiliser la population. »