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Des licenciements à venir dans la fonction publique ? Ce qu’en pensent les syndicats en Corse


le Vendredi 12 Avril 2024 à 19:24

Rémunération au mérite, licenciement pour insuffisance professionnelle… La fonction publique de demain, telle que souhaitée par le ministre Stanislas Guerini ressemble à s’y méprendre au secteur privé. Le projet de réforme que le ministre a présenté mardi a déclenché l’hostilité des huit organisations syndicales représentatives. En Corse, le scepticisme est également de mise.



Stanislas Guerini (https://www.transformation.gouv.fr/)
Stanislas Guerini (https://www.transformation.gouv.fr/)
« Le statut de la fonction publique, ce n’est pas le statu quo, ce n’est pas l’égalitarisme. Il faut le faire évoluer, le moderniser », a déclaré Stanislas Guerini dans Le Parisien, mardi. Son projet de réforme, Frédéric Bagnanichi en a pris connaissance, et il s’avoue perplexe : « On veut rapprocher de manière express le statut du salarié du privé et du fonctionnaire, et en prenant les mauvais côtés du privé, ce qui est problématique pour nous », réagit le secrétaire général adjoint du STC, le syndicat des travailleurs corses. Sur le fond, « je ne pense pas qu’en licenciant, la fonction publique ira mieux. C’est plutôt l’inverse. L’État a déjà créé des différentes flagrantes entre fonctionnaires et contractuels. Avec ce projet de réforme, il contribue à précariser encore davantage la fonction publique. » 

"Une démarche populiste qui joue sur les stéréotypes"

Licencier un fonctionnaire qui aurait mal fait son travail ? Frédéric Bagnanichi n’en voit pas l’utilité : « Ça existe déjà, c’est la révocation, qui peut être prise quand un fonctionnaire manque gravement à ses obligations, comme le devoir d’obéissance. » Aussi, dénonce Matthieu Caillaud, secrétaire départemental FO de la fonction publique en Corse-du-Sud, « on veut nous faire croire qu’il y a plein de canards boiteux dans la fonction publique, alors qu’on rend le service public en fonction des moyens que l’on a. Par exemple, aux impôts où je travaille, nous sommes 215 alors que nous devrions être 250. Et derrière, on va mettre la pression au fonctionnaire en lui reprochant de mal faire son travail alors qu’on ne lui donne pas les moyens ? » 

Frédéric Bagnanichi tacle « une démarche populiste qui joue sur les stéréotypes du fonctionnaire ». Et s’étonne du timing de l’annonce de ce projet de loi, à quelques semaines des élections européennes : « Ce qui est présenté aujourd’hui, ça n’avait été annoncé dans aucun programme politique de la part du président de la République française. C’est bizarre... »

"Salaire à la tête du client"

La volonté de rémunérer les fonctionnaires au mérite, Matthieu Caillaud la qualifie de « scandaleuse. Le fonctionnaire n’est pas là pour faire du profit, il est là pour rendre le meilleur service public possible à l’usager. La notion de mérite, c’est une manière de quantifier notre travail et elle revêt une définition aléatoire d’un service à un autre. Il y a inégalité de traitement, c’est la mise en place d’un salaire à la tête du client. »

Au niveau national, la concertation avec les organisations syndicales doit se poursuivre jusqu’à cet été. Frédéric Bagnanichi se dit attentif à l’évolution de la situation : « En Corse, on considère qu’il doit y avoir une emprise publique forte, notamment dans le rural.  On attend le cycle de concertation qui va s’ouvrir et on se tient prêt à passer à l’action. On ne s’interdit rien. » De son côté, Matthieu Caillaud réclame plutôt une revalorisation du pouvoir d’achat des fonctionnaires : « En janvier, on a eu 5 points d’augmentation du point d’indice, ce qui correspond à 25 euros. Quand on voit le niveau de l’inflation... » Mais il y a quelques semaines, Stanislas Guerini annonçait qu’il n’y aurait aucune augmentation générale des salaires des fonctionnaires en 2024.