Corse Net Infos - Pure player corse
Corse Net Infos Corse Net Infos

CorseNetInfos


Dégradations de Borgo : rassemblement de soutien pour les 6 agriculteurs jugés à Bastia


Thibaud KEREBEL le Mardi 21 Février 2023 à 20:07

Près d’un an après la dégradation, à Borgo, des locaux de la DDESTPP par des individus cagoulés, six agriculteurs, qui nient tous les faits reprochés, comparaissaient ce mardi 21 février devant le tribunal judiciaire de Bastia. Le jugement a été mis en délibéré à la date du 14 mars. En amont, une manifestation de soutien s’est tenue devant le palais de Justice.



Ce mardi 21 février, environ cinquante personnes se sont mobilisées sur le parvis du palais de Justice de Bastia afin d’apporter leur soutien aux six agriculteurs qui comparaissaient dans la foulée devant le tribunal correctionnel pour des faits de dégradation. À l’issue de l’audience, cinq heures plus tard, presque autant d'individus étaient présents, au même endroit, pour commenter les réquisitions, alors que le jugement a été mis en délibéré à la date du 14 mars. « Les faits ne doivent pas être relativisés, mais ne sont pas d’une gravité telle qu’ils méritaient, à notre sens, une telle réquisition », a commenté l’avocat de François Fondacci, l’un des prévenus, alors que certaines peines requises s’élèvent à un an de an prison avec sursis.

L'origine de l'affaire remonte au 17 mars dernier. En marge d'un rassemblement devant le dépôt pétrolier de Lucciana -pour contester la hausse des prix du carburant- des dégradations sont alors commises sur les locaux de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDESTPP). Résultat : deux vitres brisées et trois fumigènes lancés par des individus cagoulés.

Le travail d'enquête des forces de l'ordre, basé sur l'étude des vidéos de surveillance, la chronologie horaire et une identification vestimentaire, à donc conduit à l'audience de six agriculteurs par le tribunal, pour avoir, directement ou indirectement, participé à ce « commando ». Des accusations renforcées par le témoignage d'une septième personne, ayant, contrairement aux autres, reconnu son implication.

« Une véritable rafle »

Mais ce mardi, ce n'est pas tant le dénouement de l'audience qui occupait le cœur de l'attention et motivait la mobilisation des manifestants. Non, ce sont plutôt les méthodes d'interpellation employées par les forces de l'ordre qui ont été contestées. « Je me suis retrouvé couché contre le sol, une arme de poing braquée sur la tête, menottes dans le dos, à plat ventre par terre… Et les enfants qui voient ça », a décrit Cyril Caria après la sortie du tribunal, où lui étaient reprochés des faits de « complicité ». « Qu’il y ait une enquête sur des dégradations, c’est tout à fait normal, mais de là à faire une véritable rafle sur sept personnes pour des dégradations de vitres, c’est tout à fait incompréhensible. »

Si le contexte général de l’époque (post-assassinat d’Yvan Colonna) a été évoqué à ce sujet, les avocats n’ont pas non plus manqué de mettre en perspective le jugement avec les rôles syndicaux de leurs clients. « Dans ce dossier, on s’est focalisé sur le monde agricole, avec des prévenus qui sont tous ou syndicalistes ou exploitants. Et ça, j’ai un peu de mal à le comprendre », a commenté l’avocat de François Fondacci. La représentante de Florent Rengade, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs, estime quant à elle qu’« on a voulu faire un simili procès du syndicalisme au lieu de juger les faits dont le tribunal a été saisi ».