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De la "piquette" aux médailles nationales : comment la Corse s’est muée en terre de vins


Thibaud KEREBEL le Jeudi 2 Mars 2023 à 14:37

Largement représentée sur le Salon international de l’agriculture de Paris, qui se terminera ce dimanche 5 mars, la Corse a une nouvelle fois fait étal de la qualité de ses vins. Retour sur l’histoire récente de la filière sur l’île.



48 médailles dont 21 en or
48 médailles dont 21 en or
Avec 70 médailles décernées à des vins ou produits corses, l’île a une nouvelle fois brillé lors du Concours général agricole, dont les finales se sont tenues en début de semaine au Salon international de l’agriculture de Paris. Un chiffre qui impressionne encore plus une fois rapporté au nombre de producteurs implantés sur le territoire (2 700). « Proportionnellement, on a certainement l’un des plus hauts ratios du pays, si ce n’est le plus haut », se satisfait Joseph Colombani, président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Corse. « Cela traduit une certaine recherche de la qualité et de l’excellence ! »

Justement, cette année, avec 48 médailles dont 21 en or, les vins de la région ont fait forte impression dans la capitale. L’occasion de revenir sur l’histoire du secteur viticole corse, qui explique, en partie, la réussite actuelle de cette filière. « Ce n’est pas un hasard, on est passés d’un système productiviste à un système basé sur la qualité », analyse Joseph Colombani. « Dans les années 70, on avait 32 000 hectares de vignes en Corse. Aujourd’hui, on en a 7 700. »

1974, l’interdiction de la chaptalisation en Corse

Mais l’origine de cette mutation résulte moins d’un choix que d’une contrainte. À l’époque, la Corse produisant un vin de coupage, « de la piquette », simplifie le président de la Chambre d’agriculture. « Bien sûr, il y avait toujours quelques vignobles qui gardaient leur identité, cependant, nos vins servaient de coupage aux vins de Bordeaux ou de Bourgogne... » Mais cette culture, importée par les rapatriés d’Algérie et basée sur le rendement et la chaptalisation (ajout de sucre pour augmenter le taux d’alcool) s’est éteinte un soir de 1974 : pour endiguer les abus, l’Assemblée nationale vote l’interdiction de la chaptalisation en Corse, mettant fin à un système basé sur le productivisme.

« Depuis, c’est resté dans la culture corse que le système productiviste n’est pas un bon système », reprend Joseph Colombani. « Pour être compétitif, il y a deux façons de faire. Soit on fait en sorte d’être moins cher, en exploitant les gens et en baissant la qualité, soit on décide d’être différent, et de mettre sur le marché des produits qui n’existent nulle part ailleurs. » Conséquence de l’effondrement de son système, la Corse a choisi la deuxième option, dont découle, aujourd’hui, une « recherche de l’excellence ».