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DSP aérienne : les salariés d'Air France accentuent la pression à l'Assemblée de Corse


Patrice Paquier Lorenzi le Jeudi 26 Octobre 2023 à 15:05

A l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-CFDT, plusieurs dizaines de salariés d'Air France se sont rassemblés ce jeudi matin devant les grilles de l'Assemblée de Corse. Une mobilisation qui s'intensifie alors que les élus de la Collectivité devront choisir les 30 novembre et 1er décembre prochain, les compagnies qui effectueront les liaisons Corse-Continent dans le cadre de la DSP aérienne. Si les lignes de bord à bord entre Marseille et Nice ne devraient pas échapper au groupement Air Corsica/Air France, la liaison avec Paris-Orly semble plus compliquée et un délai de 3 mois supplémentaire a été demandé par la commission d'appel d'offres pour poursuivre les négociations. Les représentants syndicaux qui ont été reçus ce matin par les présidents de groupe de l'Assemblée ont fait part de leur refus concernant ce délai et souhaitent être fixés au 1er décembre 2023. La menace d'un mouvement de grève d'ampleur n'est pas à exclure.



Les représentants de l'Intersyndicale CGT-FO-CFDT après la réunion avec les élus de l'Assemblée de Corse (crédit photo : Paule Santoni).
Les représentants de l'Intersyndicale CGT-FO-CFDT après la réunion avec les élus de l'Assemblée de Corse (crédit photo : Paule Santoni).
Des dizaines de cars de transports scolaires, des camions, des salariés d'Air France, des drapeaux et des banderoles devant l'Assemblée de Corse : en ce jeudi matin, le cours Grandval sentait le vent de la révolte sur plusieurs fronts. Si c'est seulement le hasard du calendrier, les salariés d'Air France et les transporteurs scolaires se sont retrouvés au même moment pour signifier leur mécontentement. Pour ceux de la compagnie aérienne, c'est l'appel d'offres concernant la future DSP sur l'île qui est l'objet de toutes les attentions depuis plusieurs mois maintenant.
Une mobilisation qui s'intensifie alors que les élus de la Collectivité devront choisir les 30 novembre et 1er décembre prochains, les compagnies qui effectueront les liaisons Corse-Continent dans le cadre de la DSP aérienne. Si les lignes de bord à bord entre Marseille et Nice ne devraient pas échapper au groupement Air Corsica/Air France comme va le préconiser la commission lors de la prochaine session de l'Assemblée de Corse, la délégation concernant la ligne de Paris-Orly semble poser problème. Ni les offres du groupement Air France/Air Corsica, ni celle de la compagnie Volotea ne semblent avoir convaincu les élus lors de la réunion du 24 octobre à Bastia. Les membres de la commission de la DSP  ont donc demandé un délai supplémentaire de 3 mois pour poursuivre les négociations. Une situation intolérable pour François Gaspari, délégué CGT :  "Nous avons voulu ce matin envoyer un message aux élus de tous bords politiques confondus. En tant qu'insulaires et usagers, nous avons voté cette Assemblée de Corse, nous leur avons accordé notre soutien. À eux maintenant de nous montrer leur soutien à Air Corsica et à Air France. La bonne nouvelle c'est évidemment la préconisation de nos deux compagnies pour les lignes de bord à bord. Maintenant, la surenchère concernant Paris-Orly est intolérable. On ne laissera pas faire. Il est hors de question de faire de la Corse une réserve à grain pour les compagnies low cost".

"Nous voulons un accord et une réponse au 1er décembre 2023"
Alors que les salariés avaient décidé de rester devant les grilles de l'Assemblée, une délégation syndicale des salariés d'Air France était finalement reçue par les présidents des différents groupes dans une salle, non loin de l'hémicycle où se tenait une session de la Collectivité. Après près de 2 heures de discussions,  Xavier Papini, représentant de l'intersyndicale, donnait son sentiment au sortir de la réunion : "Nous voulions connaître l'avis de nos élus sur la situation actuelle à un mois du vote prévu pour la future DSP. Ce qui est important, c'est qu'on a leur soutien indéfectible. On les remercie de nous avoir reçus. Ils sont conscients de la gravité de la situation par rapport aux emplois. En revanche, ils nous ont confirmé que la commission d'appel d'offres avait demandé un délai de 3 mois supplémentaires pour poursuivre les négociations avec les compagnies aériennes concernant la ligne de Paris-Orly. Nous refusons ce délai. Il reste un mois avant le vote prévu à l'Assemblée, nous estimons que c'est un délai raisonnable. Nous voulons un accord et une réponse au 1er décembre 2023. Il est hors de question de passer les fêtes de fin d'année dans cette incertitude et d'attendre 2024 pour savoir si nous allons garder notre emploi. Nous sommes loin d'être rassurés. Il nous faut des garanties. Nous refusons d'être les otages de négociations financières. Si aucun accord n'est trouvé, nous prendrons nos responsabilités pour la fin d'année. Nous devons encore discuter avec l'ensemble des syndicats et des salariés pour savoir comment nous envisagerons la suite". En clair, un mouvement d'ampleur pourrait voir le jour en fin d'année dans les transports aériens, si la DSP concernant la ligne de Paris-Orly n'est pas définitivement arrêtée lors de la prochaine session de la Collectivité.

Des syndicats et des salariés très inquiets, car une perte de la DSP pourrait évidemment entraîner la suppression de nombreux emplois au sein de la compagnie Air France, une situation que comprend Paul-Félix Benedetti, le leader de Core In Fronte présent ce matin aux côtés des salariés pour leur "témoigner son soutien indéfectible aux centaines de salariés concernés par l'attribution de la DSP. Je comprends tout à fait leur inquiétude et nous ne pouvons que leur apporter notre soutien. Tout ce qui est à la Corse doit rester à la Corse. En cas de perte de la DSP pour Air France, il y aurait une véritable casse sociale et nous ne devons pas en arriver-là. Mais, dans le même temps, il faut que les dirigeants d'Air France fassent aussi le nécessaire pour ne pas arriver dans cette situation". Un message reçu par l'intersyndicale, qui, dès la sortie de l'Assemblée, a demandé à être entendu par les responsables nationaux de la compagnie. Ces derniers seront-ils prompts à modifier et à baisser sensiblement leur offre concernant la DSP de Paris-Orly ? C'est tout l'enjeu des négociations qui vont s'intensifier ces prochaines semaines entre la commission d'appel d'offres et les compagnies aériennes. Un feuilleton qui ne fait que commencer.

A l'extérieur de l'Assemblée de Corse
A l'extérieur de l'Assemblée de Corse