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DSP aérienne : La position de la CGT de la Haute-Corse


Philippe Jammes le Mardi 28 Novembre 2023 à 14:24

Dans une tribune parue ce mardi, l'UD CGT de Haute Corse souligne sa vigilance quant à l'avenir des salariés et de leurs familles des compagnies Air France et Air Corsica si la compagnie Volotea venait à remporter la Délégation de Service Public (DSP) aérienne pour la région corse.



Photo d'illustration
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Le syndicat expose les faits liés à cette DSP, impliquant quatre aéroports corses et des liaisons vers Paris Orly, Marseille et Nice. Volotea propose de desservir la Corse depuis Ajaccio et Bastia vers Paris et Marseille, tandis qu'Air France/Air Corsica souhaite desservir les quatre aéroports corses pour Orly.

La CGT se projette dans l'avenir en se posant des questions pratiques sur la manière dont Volotea pourrait, en moins de 40 jours, établir des surfaces commerciales et techniques sur les aéroports corses. Elle soulève également des préoccupations sur le traitement des passagers en cas de changement de concessionnaire et sur les conséquences pour les services médicaux et autres infrastructures.

Le syndicat s'inquiète de l'impact sur l'égalité de traitement des usagers en cas d'attribution à un concessionnaire différent pour les aéroports de l'île. Il met en garde contre les conséquences potentielles sur la continuité territoriale et remet en question les montants de subventions demandés par les candidats à la DSP.

Enfin, la CGT alerte sur le devenir des salariés des compagnies actuelles en cas de changement de concessionnaire, soulignant les risques sociaux et économiques pour la Corse.
En conclusion, la CGT met en garde contre une possible dénonciation du contrat par la compagnie attributaire, avec des conséquences graves pour le service public aérien en Corse.

La tribune 

« Sont concernés : 4 aéroports Corse Bastia-Ajaccio- Calvi-Figari. Pour rejoindre : Paris Orly – Marseille et Nice soit 12 liaisons au total.
Volotea souhaite desservir la Corse depuis Ajaccio et Bastia sur Paris et Marseille uniquement.  Soit 4 lignes. Montant demandé : 50 M d'euros.
Air France /Air Corsica souhaitent desservir la Corse depuis les 4 aéroports Corse : Bastia-Ajaccio-Calvi-Figari pour Orly. Soit 4 lignes.
Air Corsica souhaite desservir la Corse depuis les 4 aéroports Corse pour desservir Marseille et Nice. Soit 8 lignes.
Montant global : 96 M d'euros pour les 12 lignes.
Air France /Air Corsica ont leurs propres personnels et leurs propres systèmes de commercialisation via site internet, plate-forme téléphonique basée en Corse et comptoir de vente dans les aéroports.
 Air Corscia : + de 700 salariés basés en Corse et à Marseille représentants tous les corps de métiers : commerciaux, PNT ( Pilotes) –PNC (Stewart et Hôtesses), techniques, supports etc.
Air France : environ 300 salariés répartis entre Ajaccio et Bastia, Commerciaux, techniques et supports.
 Volotea n'a aucun salarié basé en Corse. Volotea commercialise ses produits uniquement par internet.
Conformément au modèle low cost, elle n'emploie que les PNC et PNT. Les assistances en escales sont confiées à des sociétés privées ».
Ces faits posés la CGT entreprend alors de se projeter dans l’avenir
« Si d'aventure Volotea était retenue sur un certain nombre de lignes. Comment, du seul point de vue pratique, Volotea va-t-elle trouver et créer, en moins de 40 jours, des surfaces commerciales et techniques sur les aéroports Corse ?
Comment traiter les passagers qui auront acheté un billet A/R et qui auront effectué la première partie de leur voyage au moment où le concessionnaire de la ligne changera ?
Comment transférer les réservations effectuées par les concessionnaires actuels vers le nouveau concessionnaire de la (les) lignes(s) ?
Comment renouveler le partenariat AIR CORSICA-CPAM de Corse pour les transports médicaux ? Salles dédiées à Marseille et Nice ?
Où seront basés les services mécaniques et Catering (Restauration) ? Les civières ? etc, etc, la liste n'est pas exhaustive ».


« Attribuer un concessionnaire différent sur les aéroports de l'île va poser de sérieux problèmes en termes d'égalité de traitement de l'usager du service public. 
Examinons l'hypothèse où Volotea se verrait attribuer le Orly au départ de Bastia et Ajaccio comme demandé.  En cas d'irrégularités d'exploitation (MTO, Technique, annulation de vol),  aujourd'hui les compagnies concessionnaires sur les 4 aéroports peuvent transférer via la route les passagers d'un aéroport impacté vers un autre et ainsi proposer une solution aux passagers. Les problèmes MTO que l'on rencontre de manière récurrente (vent, pluie, etc.) sont contournés en déroutant sur un aéroport plus favorable .....Comment va t on traiter les passagers d’Air France/ Air Corsica si l'avion atterrit sur une plate-forme où les compagnies se seront retirées ?  L’avion fait demi-tour et on attend des jours meilleurs ? Suite à un retard avion, aujourd'hui, nous pouvons réacheminer des passagers sur Orly via Marseille ou Nice ....quant sera t il demain ?
Un passager qui doit faire un long courrier ne pourra plus avoir un billet de bout en bout sauf s'il part de FSC ou CLY tant pis pour les ajacciens et les bastiais !!!!
Il faut bien avoir conscience que Volotea et une compagnie low-cost et qu'elle ne fait que des liaisons uniquement de point à point. Les vols avec correspondances n’existent pas dans leur modèle économique ».


«Face à l'explosion du coût du carburant, aussi bien pour le maritime que l'aérien, l'enveloppe ne suffit plus. Pour preuve, le gouvernement a accordé 2 rallonges budgétaires exceptionnelles. Jusqu'où peut-on aller ? Sachant de plus, que l'utilisation de cette enveloppe a été déspécialisée, c'est à dire que l'on peut l'utiliser pour des financements divers, tels que le comité de massifs ».


« La seule chose qui soit mise en avant, de manière trompeuse, c’est le montant demandé par Volotea : 50 Millions d'Euros contre 96 millions euros pour le groupement Air France /Air Corsica. Soit le double !
Il est évident que présenter le dossier sous cet angle, coupe court à toute discussion et laisserait penser que les deux compagnies historiques feraient un détournement de fonds publics sur le dos de la Corse, or, Méfions-nous des raccourcis !
Sortez vos calculettes: 50M pour 4 lignes = 12.5M par ligne pour Volotea
Si on applique ce coût à AIR FRANCE / AIR CORSICA il faudrait demander 12.5M X 12 lignes = 150M de subvention ! Tel n'est pas et n'a jamais été le montant demandé par les 2 opérateurs historiques !!!
Volotea s'est positionnée sur les lignes les plus rentables ! Ce positionnement démontre s'il en était besoin, de l'état d'esprit de cette compagnie : faire de l'argent facile sur le dos des corses ! »


« La CDC va devoir faire preuve de clairvoyance dans les choix qui s'offrent à elle. Si Volotea se voit attribuer une part du marché aérien corse, c'est l'ensemble du fragile équilibre économique Air France /Air Corsica qui risque de s'écrouler. Les conséquences sociales et économiques seraient catastrophiques pour notre ile.
Air Corsica a été créée pour cette unique mission : assurer un service public aérien de qualité. Elle s'est structurée pour ça. Avec l'appui d'Air France, présente en Corse depuis 1948 et de ses salariés les 2 compagnies ont tissé un partenariat efficace pour et au service de la Corse. L'aventure doit continuer il ne peut en être autrement ! Sinon quelles conséquences pour ces personnels et pour la Corse ?
Nous le redisons solennellement ici : Comment est-il possible pour Volotea de transformer son modèle économique de low-cost en une compagnie régionale de service public. Elle n'en a ni l'envie, ni les moyens, ni le temps. Comment ? à moins d'être naïf, pouvoir croire à une telle transformation alors que l'étude des faits démontre sans aucune ambigüité qu'il est matériellement impossible à Volotea de remplir la mission qui l'attend : temps, espace, formation, commercialisation, Service après-vente, embauches etc… »

Et la CGT, en conclusion, alerte sur une possible dénonciation du contrat 
« N'oublions pas que la compagnie aérienne attributaire du service public, peut après un préavis de 6 mois dénoncer son contrat et se retirer ! Imaginons que Volotea au bout de quelques mois décide de dénoncer le contrat et qu’Air France et Air Corsica se soient retirées partiellement ou totalement du ciel corse ? Comment ferons-nous alors ? L’expérience dans le transport maritime sous forme de procès divers et de paiement de fortes indemnités aux compagnies soumissionnaires n’ayant pas obtenu le marché ou percevant une compensation comme celle de l'aide sociale attire aujourd’hui en Corse d’autres compagnies souhaitant bénéficier des largesses d’une jurisprudence inique au détriment des Corses et du service public ».