Le réchauffement climatique et la sécheresse qui en découle n’impactent pas seulement les conditions de vie de l’Homme. C’est même l’ensemble de la biodiversité qui s’en trouve menacée, et notamment en Corse. L’universitaire Antoine Orsini, docteur en écologie, a donc profité du colloque dédié à ce sujet pour évoquer les menaces qui pèsent sur la faune marine de l’île. « Avant de parler des dégâts du réchauffement climatique, il faut présenter tous les autres facteurs de menace de la biodiversité », a-t-il clarifié d’emblée. Entre autres : les crues naturelles, les grandes constructions, les rejets toxiques, l’agriculture… « Je dis toujours que l’agriculteur, c’est celui qui consomme le plus d’eau, et c’est celui qui la pourrit le plus, avec les engrais et les pesticides. C’est malheureusement une réalité. »
Mais à côté de cela, les récentes hausses de température constituent également une menace d’ampleur, notamment vis à vis des insectes endémiques, existant uniquement sur le territoire corse. « Prenons l'exemple du Baetis cyrneus, une espèce qui ne supporte pas les modifications de température et qui vit habituellement dans l’eau froide. En 1963, cette larve aquatique vivait entre 150 mètres d’altitude et 1500 mètres d’altitude. En 2015, sa zone s’est réduite : elle ne vivait plus que de 500 mètres à 1500 mètres d’altitude. Donc ça veut dire que cette bestiole doit maintenant se cantonner à la partie supérieure des rivières pour trouver son eau fraîche. » Une réduction des zones habitables qui implique forcément une diminution du nombre d’individus, et à terme, un risque d'extinction.
Arrivée d'espèces invasives
Antoine Orsini sait bien que le sort des insectes n’affecte pas le citoyen lambda. Et pour montrer l’impact et les ravages du changement climatique sur l’environnement, il s’est fendu d’une comparaison bien plus concrète. « Je m’adresse maintenant aux pêcheurs. Sachez que si il n’y a plus ces petites bestioles dans l’eau, ça veut aussi dire qu’il n’y a plus de truites. Ces espèces qu’on ne voit pas constituent la base de la chaîne alimentaire. Sans elles, il n’y a plus rien. »
À l’inverse du risque d'extinction des espèces, l’apparition de nuisibles est aussi une conséquence directe du changement climatique. Le moustique tigre en est la preuve parfaite. Vecteur de la dengue ou du virus Zika, il s’est progressivement acclimaté à la France métropolitaine, alors qu’il provient initialement des zones tropicales du globe. « Depuis 2010, il est apparu dans de nouveaux départements », explique Antoine Orsini. « Et aujourd’hui, le moustique tigre va jusque dans les Haut-de-France, et en Corse, il se manifeste jusqu’à 800 mètres d’altitude. » Les exemples sont nombreux, et prouvent surtout une chose : la biodiversité de l'île est en danger.
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