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DOSSIER. "Les prix de l’immobilier ajaccien ont presque doublé en quatre ans"


le Dimanche 16 Octobre 2022 à 13:21

Exemple criant de l’explosion de l’immobilier en Corse, Ajaccio affiche aujourd’hui un marché en forte hausse et des biens de plus en plus rares. Fiona Battini, conseillère immobilière indépendante sur la cité impériale et ses alentours, constate au quotidien cette évolution inquiétante.



Fiona Battini, conseillère immobilière indépendante
Fiona Battini, conseillère immobilière indépendante
Il suffit de jeter un œil sur les offres immobilières pour s’en apercevoir. Le marché immobilier ajaccien s’est totalement emballé au cours des dernières années. « En 2018, il y avait beaucoup d’offres, mais pas énormément de demandes, donc peu d’acquéreurs. Depuis quelques mois, c’est complètement l’inverse : il y a très peu de biens et beaucoup de personnes qui recherchent souvent la même chose », constate ainsi Fiona Battini, agent immobilier indépendant au sein de la cité impériale et de ses alentours, en soufflant que les prix ont, eux aussi, connu une certaine évolution. « C’est presque le double d’il y a quatre ans. Cela a vraiment beaucoup augmenté, surtout en centre-ville. Par exemple, avant dans la vieille ville on avait des biens à 3000€ le m2, maintenant on atteint les 4500€ à 5000€ le m2. Désormais, on est obligé de s’éloigner du centre-ville afin de trouver un bien qui pourrait correspondre à l’acheteur et de plutôt se diriger vers des quartiers comme St Jean ou le Loretto, où on trouve encore des biens abordables et bien placés », instille-t-elle. 

Un boom des prix et de la demande qui a également atteint la périphérie de la ville. « Avant nous avions par exemple peu de demandes sur Peri, mais là aussi cela a explosé. Désormais, on s’éloigne de plus en plus pour trouver des maisons pour lesquelles nous avons beaucoup de demandes, et on doit aller jusqu’à des villages comme Carbuccia, à une demi-heure d’Ajaccio », dévoile-t-elle. « Au niveau des prix sur Peri, on peut encore trouver encore trouver des maisons entre 450 et 500 000 euros. Avant cela était possible même sur Bastelicaccia, mais désormais on n’y trouve rien en dessous de 650 ou 700 000 euros », ajoute-t-elle en soulignant : « En tant qu’agent immobilier, on essaye de donner des estimations aux propriétaires pour essayer de faire redescendre tout le monde un peu sur terre, mais comme partout on parle de l’augmentation des prix du marché, ils se disent que c’est maintenant qu’il faut vendre et ils en profitent parfois. Il ne faut donc pas hésiter à négocier ou à faire de nombreuses visites pour trouver sa perle rare, et surtout il faut être patient, car il n’y a pas grand-chose ». 

Si la tendance est exponentielle depuis les dernières années, la jeune femme note de surcroît une évolution encore plus marquée depuis le Covid. « La demande a vraiment augmenté, et le problème c’est que l’on tourne un peu en rond : les personnes qui souhaiteraient vendre pour acheter un bien en périphérie d’Ajaccio plus grand ou avec un extérieur ne trouvent rien et du coup ne mettent pas en vente. Et à côté de cela, la demande augmente aussi pour le type de biens qu’ils auraient mis en vente. C’est un peu un cercle vicieux »pose-t-elle. 

Du côté du profil des acquéreurs, elle observe aussi certains changements. « Désormais on a beaucoup moins de primo-accédants. Ce sont plus des personnes qui ont un bon apport et une situation financière confortable qui achètent. Il faut dire qu’avant un couple où les deux personnes gagnaient le SMIC pouvaient facilement acheter un bien en ville, mais aujourd’hui il faut au moins gagner 2000 à 2500 euros par mois pour avoir un bon dossier et être sûr de passer », explique-t-elle en pointant encore : « Et puis maintenant il y a aussi beaucoup de gens qui cherchent à acheter pour mettre le bien en location ».

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