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Crise énergétique : en Corse, la demande de bois de chauffage en forte hausse


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 31 Août 2022 à 19:48

De retour dans la tendance depuis moins d’une décennie, le chauffage domestique au bois est de plus en plus sollicité par les particuliers en raison de la hausse des prix de l’énergie. En Corse aussi, les cheminées se rallument et la demande augmente.



Le bois sec reste le moyen de se chauffer le moins cher sur le marché.
Le bois sec reste le moyen de se chauffer le moins cher sur le marché.
Dans une ruelle du village de Venaco, Ghjuvanna entasse des bûches de bois sec fendu. « Des premiers coups de froid jusqu’aux beaux jours, la cheminée tourne en continu », lance-t-elle. Le mois d’août n’est pas encore terminé mais il faut préparer l’arrivée de l’hiver. Les premières stères de bois jonchent le sol. En tout, Ghjuvanna devrait en consommer une dizaine pour passer l’hiver : « Ça représente environ 900 euros ». Une somme à laquelle il faudra rajouter la facture d’électricité de ses chauffages électriques. Une facture en augmentation ces dernières années et qui devrait continuer sur cette voie malgré les aides de l’État.

Si pour Ghjuvanna, le chauffage au bois relève plus de « l’habitude et de la tradition d’avoir un foyer allumé », pour d’autres, l’argument est plus économique. Le bois reste le mode de chauffage le moins cher. Entre 48 et 78 euros du MWh contre 84 à 154 euros du MWh pour un chauffage alimenté au gaz ou à l’électricité. Les prix moyens de ces deux dernières énergies sont à revoir à la hausse dans le contexte actuel de tension sur les marchés de l’énergie en raison du conflit en Ukraine.

La demande augmente sur le bois de chauffage insulaire

À Ucciani, Samson Santoni ressent ce changement : « Depuis une semaine, le téléphone n’arrête pas de sonner. C’est un peu plus tôt que d’habitude ». Cet exploitant forestier consacre une partie mineure de son activité au bois de chauffage mais il l’avoue, « la demande augmente et on s’attend à ce que ça grimpe encore vu ce qui est annoncé sur la hausse des prix de l’énergie ». Pour autant, pas de quoi parler de pénurie à venir.

Des nouveaux clients, Samson Santoni en compte de plus en plus au fil des années. Preuve que les habitudes changent. « Il faut aussi le voir comme une opportunité pour structurer la filière bois de chauffage en Corse », lance Samson Santoni. Question prix, ça bouge légèrement avec, dans certains cas, une hausse moyenne de cinq euros par stère, « juste histoire d’amortir les frais liés au carburant qui coûte de plus en plus cher ».

Les granulés, l’autre solution en vogue

L’explosion des tarifs se situe plutôt au niveau des granulés de bois qui alimentent les poêles. Leur prix a doublé en un an, passant de 280 à 550 euros la tonne entre juillet 2021 et août 2022 au niveau national. Une hausse que certains relativisent sur l’île comme Jean-Michel De Meyer. Le dirigeant de l’entreprise DMFL Distribution, a créé une marque de granulés insulaires : Corsican Pellets. « Sur le continent, les 15 kilos sont vendus 15 euros. Ici on reste à 5 euros les 15 kilos. L’augmentation a déjà eu lieu en Italie car ils se fournissent en majorité en Russie et en Biélorussie. Mais si on produit ici, le prix ne devrait pas bouger », explique le chef d’entreprise.

S’il peut maintenir un prix aussi bas, c’est, selon lui, car tout est fait en circuit court. Et la situation à l’étranger bénéficie aux entreprises corses. « La demande a explosé ! Surtout en Sardaigne qui représente le tiers de notre production », explique Jean-Michel De Meyer. Chaque année, l’entreprise produit une petite quantité de 850 tonnes de granulés, « mais je vous assure que si nous avions 4 000 tonnes en stock nous aurions pu les vendre vu la demande. En ce moment nous nous faisons littéralement dévaliser ». Et la tendance devrait durer, voire perdurer, si l’État désactive son bouclier tarifaire en 2023 comme cela est prévu et que les prix de l’énergie ne retrouvent pas la stabilité.