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Coupe de France : le jour où l’US Cortenais fit trembler le Stade Rennais


Mario Grazi le Samedi 6 Janvier 2024 à 18:57

Cette période de 32e de finales de la Coupe de France n’est pas sans rappeler de merveilleux souvenirs aux passionnés de football de Corte, mais au-delà à toute une ville, toute une région. Nous sommes le 7 janvier 2006. L’Union Sportive des Clubs du Cortenais affronte le Stade Rennais sur le stade François Coty d’Ajaccio devant plus de 4000 personnes…



Dès l’annonce du tirage au sort désignant Corte devant recevoir le Stade Rennais, les dirigeants cortenais, et son regretté président Sylvé Zuccarelli en tête, vont tout faire pour que cette rencontre se déroule sur le stade Santos Manfredi. On aménage l’entrée, les vestiaires et l’on envisage également l’installation de tribunes démontables autour du stade. L’événement promet d’attirer une foule immense. Malheureusement, la commission de sécurité qui inspecte les installations, refuse de délivrer l’agrément en raison d’une chaudière non conforme. Ce sont les dirigeants de l’ACA qui vont finalement se rapprocher des Cortenais pour mettre gracieusement leurs installations au service de l’USCC.


Prévue pour le 7 janvier, cette rencontre déchaine les passions en ville. Les supporteurs s’organisent et profitent des vacances de Noël pour préparer des centaines de drapeaux avec les jeunes licenciés du club et leurs parents. Le siège de l’USCC, installé à Chabrières, devient un véritable atelier de couture où se pressent chaque jour des dizaines de personnes.
De leur côté les commerçants pavoisent leurs boutiques et leurs vitrines aux couleurs du club. Un concours est même organisé pour récompenser la plus belle vitrine. Les dirigeants peaufinent les préparatifs avec la location de cars pour le déplacement de plusieurs centaines de supporteurs vers la cité Impériale. En quelques jours plus de 4 000 billets sont vendus.
Avec leur entraîneur, Jean-André Ottaviani, les joueurs suivent des séances spécifiques chaque jour pour être fins prêts le jour J. Des plans spécifiques sont mis au point et travaillés intensément. L’objectif est d’abord d’empêcher les Rennais de développer leur jeu au milieu de terrain. Pour cela, Ottaviani compte sur l’expérience de Campana et Maisetti. Mais il faut également museler le redoutable Alexander Frei, le capitaine. Et c’est le jeune Pifferini qui va en avoir la responsabilité…


Le samedi 7 janvier, en début d’après-midi, le convoi traverse la ville aux sons des klaxons et cornes de brume. Corte se vide de sa population qui converge vers le stade François-Coty. A quelques heures du coup d’envoi, les supporteurs le stade se remplit déjà. Les supporteurs donnent de la voix et font monter la pression avec leurs chants. Lorsque les joueurs foulent la pelouse pour la première fois ils sont ovationnés. On sent que quelque chose peut arriver.
Sous la conduite de l’arbitre, M. Lendentu, François Campana et Alexander Frei amènent leurs coéquipiers vers le centre du terrain. Les deux capitaines échangent les fanions. Le coup d’envoi est donné. Le premier ballon des Rennais à destination de Frei est intercepté par un Pifferini à la motivation inébranlable. Le suisse sera totalement sous l’éteignoir durant 90 minutes ! Comme prévu, au milieu, Gourcuff, Bourillon, Briand et Kallstrom tentent d’avoir la possession du cuir. Mais les Cortenais sont rigoureux, rugueux et sont sur tous les ballons. Campana trouve l’ouverture sur le côté gauche. Le centre de Ouedraoggo traverse la défense rennaise qui caffouille. Muller ne peut reprendre. Mais Da Fonseca, au deuxième poteau, met son pied en opposition et ouvre le score !

C’est l’explosion sur le banc et dans les tribunes qui s’embrasent à coup de fumigènes et de bombes agricoles. En seulement dix minute voilà que les Cortenais sont devant et continuent de presser. On ne les tient plus. Il faudra attendre la 54e minute pour assister à l’égalisation rennaise par Bourillon. Joie de courte durée pour les visiteurs puisque l’USCC reprend l’avantage dans la minute suivante. Le coup franc de Moureaux dans le rond central est touché de la tête par Muller qui lobe Pouplin sorti à sa rencontre. C’est de la folie. Et Corte commence à y croire. Mais l’arbitre va anéantir tous les espoirs des locaux en brandissant le carton rouge sont François Campana. Carton justifié certes, qui fait suite à un premier avertissement immérité…


Réduits à 10, les hommes d’Ottaviani vont tenter de résister, mais Saw en deux minutes (83e et 84e) va sonner la fin du rêve pour Corte et tout un peuple.
Une rencontre qui va entraîner dans les jours suivants de nombreuses polémiques de la part de certains joueurs comme Briand ou N’Guema, se plaignant d’insultes racistes. Sur le site internet du club rennais, les fausses accusations se multiplient… Après quelques semaines de polémiques, par médias interposés, les choses s’apaisent enfin.


Malgré la défaite (2-3), les joueurs, les dirigeants et les supporteurs garderont encore longtemps en mémoire cette merveilleuse soirée où le rêve était à deux doigts de se réaliser…