Corte : Le clocher triangulaire de Grossetti inauguré

Les travaux de rénovation du clocher triangulaire de Grossetti ont débuté en janvier dernier. Mais c’est en 2001 que l’adjointe déléguée à la Culture de l'époque, Françoise Ferreria, envisageait déjà cette opération. Depuis, la commune a fait l’acquisition du clocher et d’une partie du terrain jouxtant l’édifice datant du XVe siècle, et plus précisément de 1474. L’actuelle adjointe déléguée à la Culture, au Patrimoine et à la langue corse, Marie Albertini, a donc lancé le projet dès sa prise de fonction, permettant ainsi le début des travaux au tout début de cette année.
Il était important de restaurer ce clocher pour trois raisons évidentes : patrimoniale, historique et religieux. Patrimoniale d’abord puisque ce clocher constitue une spécificité rare en Europe de par sa forme triangulaire. « C’est, en effet, un clocher bâti sur un triangle isocèle non rectangle. De plus, il bénéficie d’une spécificité supplémentaire puisque la coupole n’a pas d’angle. Elle est ronde et cela constitue un cas d’école architectural. Cette rénovation permettra ainsi d’inscrire ce clocher dans le parcours patrimonial de notre cité », a expliqué Xavier Poli. Ce dernier est ensuite revenu sur l’intérêt historique puisque le couvent, fondé au XVe siècle, a joué un rôle politique majeur au XVIIIe siècle avec la tenue des assemblées politiques. Et l’on pense que la Vierge Marie y a été proclamée Reine de la Corse lors de la Cunsulta de Corte, en 1735. « Il est aussi possible que la Constitution de Paoli, et l’hymne de la Corse y aient été adoptés. Mais il est certain que les principales Cunsulte de Pascal Paoli s’y sont tenues entre 1755 et 1769. Il est donc le siège du pouvoir législatif de la Nation Corse, le Palazzu Naziunale étant le siège du pouvoir exécutif. Pascal Paoli y avait d’ailleurs son logement ».

Un travail "exceptionnel" 
Le couvent a ensuite été tour à tour de résidence des professeurs et des étudiants pauvres de l’Université de Paoli. Il a été également le siège du Petit Séminaire, avant de devenir un collège et aussi une caserne. Il est aujourd’hui la résidence universitaire et la faculté des sciences est construite sur l’ancien terrain du couvent Saint-François. « Intérêt religieux enfin de ce clocher puisqu’il est le dernier témoin du couvent Saint-François ainsi que les trois murs en ruine qui constituaient le cœur de l’église. Au XVIIIe siècle, il est le second couvent Franciscain de l’île, après celui de Bastia. Il y abrite une vingtaine de religieux, dont Saint-Théophile de Corte ».

Cette restauration était inscrite dans la Convention Cadre des Petites Villes de demain  sur l’axe « valorisation d’éléments patrimoniaux » pour un montant de 338 481 euros. Et le maire de Corte de remercier les financeurs, à savoir la CdC (50%), l’État (23%), « les 27% restants étant à la charge de la commune, soit 91 390 euros.  « Je remercie toutes les équipes qui ont collaboré à ce chantier pour le travail remarquable accompli. Un chantier qui n’était pas facile, et qui est une totale réussite. C’est une trace que nous laissons dans la mémoire du patrimoine cortenais. Nous allons l’exploiter et finir de le mettre en valeur ».
 

Le président de l’Université de Corse et le préfet de la Haute-Corse ont, à leur tour, salué le travail exceptionnel réalisé sur cet édifice. Le préfet soulignait également le lien entre ce clocher, l’Univesité et la ville. « Mais c’est aussi un autre lien que l’on célèbre aujourd’hui. Un lien entre un projet politique d’une commune, la Collectivité de Corse et l’État. Nous nous sommes retrouvés dans un partenariat fort que l’on a conventionné de  manière pluriannuelle pour tenir compte de l’ambition que porte Corte au sein de son territoire et au sein de la Corse... Je voulais vous féliciter, Monsieur le Maire et l’ensemble du conseil municipal, parce que vous avez fait le pari d’oser et d’avoir une ambition supérieure pour votre ville. Monsieur le maire, vous le savez, nous sommes à vos côtés aujourd’hui et nous serons à vos côtés également demain ».