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Corte : La crue du Tavignani du 5 novembre a causé d’autres dégâts…


Mario Grazi le Samedi 25 Novembre 2023 à 17:45

Se dirige-t-on vers une nouvelle catastrophe à Corte ? C’est la question qui se pose après la découverte de la destruction des protections des tuyaux du réseau bois-chaleur de la ville. Tuyaux qui traversent le Tavignani entre la piscine et l’Université;



C’est en effet lors d’une opération de contrôle du réseau que les responsables de la société bois-énergie de Corte ont découvert que le coffrage en béton des tuyaux d’eau chaude, enfouis dans le lit du Tavignani, avait été détruit et emporté suite à la crue du fleuve le 5 novembre dernier.
Une situation qui inquiète les responsables de la SEM Corse Bois Énergie, car si par malheur il se produisait une nouvelle crue, les tuyaux pourraient bien être détruits. Certes, ce n’est pas la montée des eaux que l’on craint, mais la puissance du courant entraînant avec elle des troncs d’arbres et surtout charriant des rochers de plusieurs centaines de kilos. Et les chocs répétés auraient raison de ces tuyaux. Si l’on envisage de créer une protection rapide et provisoire à travers l’injection de béton autour de la structure immergée, des questions liées à la protection de l’environnement restent toutefois en suspens. Mais il est certain qu’il faudra trouver rapidement une solution pour éviter que diverses structures comme le Crous, l’Université, le lycée soient privées d’eau chaude et de chauffage en cas de crue. « Nous avons réalisé ce coffrage en 2019 », précise Joseph Alfonsi, président de la chaufferie de Corte, avant d’ajouter : « Nous devons aujourd’hui trouver une solution rapidement comme la construction d’un petit barrage en amont, ou dévier un peu la rivière. Les techniciens étudient diverses possibilités de manière à protéger les tuyaux et éviter des préjudices pour nos abonnés en cas de nouvelle crue. Mais la destruction du réseau immergé aurait également des conséquences graves sur le fonctionnement général de la chaufferie ».
 

Quant à la réfection totale du coffrage de sécurité, elle n’est pas envisageable à l’heure actuelle. C’est une opération qui ne pourra être menée qu’en période d’étiage. C’est-à-dire à la fin de l’été… De son côté la commune a proposé que les canalisations menacées soient installées définitivement sur le futur pont prévu dans le cadre de la création de la voie douce intercampus. Ainsi, elles n’occuperaient plus le lit du fleuve et seraient ainsi sécurisées.

La dernière crue du Tavignani n’est pourtant pas la plus importante que l’on connaît. Certes, les chiffres enregistrés par le limnigraphe du pont vieux, en ville, restent impressionnants avec une hauteur de 5,42 m à 5 heures du matin, ce fameux 5 novembre. L’eau a même atteint une hauteur de 7,85 m au pont du Faio, en aval de Corte, sur la commune d’Antisanti. Et l’on se souvient que les hauteurs des crues du 20 décembre 2016 et du 22 janvier 2017 avaient été respectivement de 4,90 m et 3 m. Quant au débit enregistré ce 5 novembre, il était de 152,4 mètres cubes par seconde, soit 152 400 litres par seconde ! Tout simplement énorme… Mais il faut remonter bien plus loin dans le temps pour avoir une idée de ce que le Tavignani peut faire !

En effet, lors de la construction du pont Diunisu, reliant la ville et la gare, les eaux en furie du fleuve étaient arrivées à seulement deux mètres de la voûte centrale. C’était le jour de la Sainte Bruno en 1882, c’est-à-dire le 6 octobre ! Cela avait d’ailleurs donné lieu à la création d’un proverbe… Lorsque les résidents de la maison des 100 propriétaires, dans les Lubbiacce, se déplaçaient pour voter à la mairie, installée alors sur la place Paoli, c’est une véritable « marée humaine » qui débarquait dans les bureaux de vote. Et l’on comparait cela à cette fameuse crue du 6 octobre 1882 en disant : « Avà affàcca u San Brunu ! »…