Corse Net Infos - Pure player corse

Corsica Lirica à Ghisonaccia : 15 chanteurs venus des quatre coins du monde pour une finale de très haut-niveau


Jeanne Leboulleux-Leonardi le Lundi 20 Septembre 2021 à 16:17

La finale du concours de chant lyrique, organisée samedi 19 septembre à l’église de Ghisonaccia, a tenu les promesses des deux demi-finales. Le public, aussi nombreux que le permettait la jauge imposée par les mesures sanitaires, a été conquis par ces voix puissantes et sensibles, par ces jeux de scène expressifs, ovationnant même plusieurs candidats, comme l’unique ténor – le Catalan Juan Lainez Gualda – pour son interprétation de "Madame Butterfly".



Crédit photo Jacques-Philippe Santoni
Crédit photo Jacques-Philippe Santoni
Parmi les quinze chanteurs ayant triomphé des demi-finales, une grande majorité de femmes : onze au total. Quant aux compositeurs dont les chanteurs interprétaient les œuvres, ils étaient presqu’aussi variés que les pays d’origine des interprètes : Gounod, Massenet, Verdi, Mozart, Rossini, Puccini, Bellini…
 
Une finale en deux temps
Tous les interprètes se sont pliés de bonne grâce au chant en langue corse qui était une figure imposée du concours : selon le cas, Mal'Cunciliu ou Cantu di malincunia.
Un régal qui a fait dire à Francis Giudici, maire de Ghisonaccia, « agréablement surpris », qu’il serait bien difficile de faire mieux l’année prochaine !
La surprise était aussi du côté du jury : le niveau des candidats était tel qu’il n’a pas réussi à les départager à la suite de l’audition. Un risque que les organisateurs avaient anticipé : « Nous avions prévu, si le cas se présentait, de poursuivre la sélection le lendemain, à l’occasion du gala », la moyenne des notes devant décider du verdict. Dimanche, les dix candidats restants se sont donc à nouveau trouvés en lice, face à un public enthousiaste. « Le fait de chanter dans une église a dû créer quelque chose de plus intimiste avec les spectateurs », analyse Laurène Paternò, deuxième prix ex-aequo.
 
La langue corse à l’honneur
Mais, outre la qualité des interprétations qui a su séduire le public, ce n’est sans doute pas la seule explication : « J’avais un peu peur de la mélodie en langue corse, rapporte Pauline Descamps. En fait, je pense que non seulement cela nous a rapproché des organisateurs, mais cela a créé une proximité avec le public. Ce chant parlait aux gens »
« Cette idée d’un chant corse, c’est un bon point, ajoute Laurène. Quelque chose qui fait découvrir la musique corse et qu’il faudrait conserver ».
Plusieurs chanteurs amateurs, associations et acteurs du monde de la culture, présents dans l’assistance, ont notamment été interpelés par ce qu’ils découvraient. Ainsi, pour Katerina Kovanji, ce concours est « une grande victoire de la chanson et de la langue corse. »
De nombreux prix sont venus récompenser le talent des chanteurs : le premier prix remporté ex æquo par Jiwon Song, venu de Corée-du-Sud, et Barbara Massaro, venue d’Italie. Ou encore le prix Récital, offrant une aide financière aux deux ex æquo Barbara Massaro et le Catalan Juan Lainez Gualda pour participer à un évènement lyrique à Bari… Avec une mention spéciale pour le prix Langue Corse, remporté par Valentina Marghinotti originaire de… Sardaigne, tant il est vrai que les deux îles sont des îles sœurs !
 
Une marque de fabrique : le sens de l’humain
Comme témoignage du sens de l’accueil corse, et parce que la dimension humaine était au cœur de leurs préoccupations durant cette manifestation, les organisateurs ont également remis un cadeau à deux chanteuses : Laura, une Portoricaine conquise par la Corse, qui s’était, durant son séjour, présentée dans des commerces bastiais pour y chanter en corse, accompagnée de sa guitare ; ainsi qu’Inès dont c’était la première participation à un concours. Cette place accordée à l’humain dans l’organisation de l’évènement, les candidats l’ont fortement appréciée : « Cela restait très professionnel, mais nous avions l’impression d’être en famille », expliquent Pauline Descamps et Laurène Paternò.
Beaucoup de bienveillance, de petites attentions, une vraie proximité avec les organisateurs : tout cela a contribué à vaincre le stress et les émotions et à renforcer la cohésion du groupe. Une marque de fabrique “à la corse” qui fait de cette manifestation quelque chose de spécifique qu’on ne trouve pas dans d’autres concours ?
 
Une inscription dans la durée
« C’est un pari que nous avions fait. Je pense que pour une première, c’est réussi. Reste à pérenniser l’évènement », conclut le maire de Ghisonaccia. L’organisation en est complexe – cela faisait un peu plus d’un an que la municipalité y travaillait avec Katerina Kovanji. « Il y a une carence en matière de culture sur le territoire. Aussi, nous essayons d’avoir une animation toute l’année, pas seulement l’été, avec un évènement par mois sauf période de COVID, bien sûr. Corsica Lirica fait partie de notre programme ».
C’est donc une volonté affirmée d’inscrire cette manifestation dans la durée. Elle trouvera toute sa place dans le cadre du programme culturel mis en place par la Communauté de communes, et qui va s’appuyer sur la construction, d’ici trois ans, de deux salles : une École des Arts à Prunelli-di-Fium’Orbu, avec un auditorium ; et une salle de spectacle à Ghisonaccia. Avec ses 310 places en hiver qui en deviendront 1500 en été – la salle s’ouvrira sur la place – cette dernière offrira un cadre de choix aux éditions futures de Corsica Lirica.
 
Les lauréats
Premier prix ex æquo : Jiwon Song et Barbara Massaro
Deuxième prix ex æquo : Laurène Paternò et Juan Lainez
Troisième prix : Gonzales Juan Manuel
Prix Récital : Juan Lainez et Barbara Massaro
Prix jeune espoir : Lisa Chaib Auriol
Prix Langue Corse : Valentina Marghinotti
Prix InOperaVeritas : Juan Lainez
Prix Stretta Agency : Valda Wilson
Prix Casanova : Filippo Fontana et Im Sue Jung
Séance de coaching offerte par STRETTA agency (animée par Rita Ahonen) : Pauline Descamps
Tous les lauréats se verront offrir une année de présence sur la plateforme OPERABASE qui facilite les mises en relation avec producteurs et régisseurs.