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Coronavirus - La rentrée progressive à partir du 11 Mai ne fait pas l'unanimité en Corse


C.-V. M le Lundi 20 Avril 2020 à 18:32

La rentrée scolaire fixée le 11 Mai jour du déconfinement annoncé ne fait pas l'unanimité. Les associations des parents d'élèves, les premières, s'élèvent contre cette décision, comme l'Associu di Parenti Corsi, ou demandent des garanties, comme l'UNSA Corse.



L'APC : "surpris par la position du président de la République"

Coronavirus - La rentrée progressive à partir du 11 Mai ne fait pas l'unanimité en Corse
L’APC tient à réagir suite à la prise de position du président de la république française et l'éventuelle réouverture des écoles le 11 mai prochain.
Nous tenons à rappeler que nous avons dès le 25 février -par lettre à la rectrice- demandé à ce que la rentrée scolaire du 2 mars (après les vacances de février) soit ajournée et reportée. Nous avions également demandé que des contrôles soient faits aux ports et aéroports de l’île durant les retours de vacances d’hivers (vols intérieurs et internationaux). Cette demande n’a pas été écoutée.
Nous nous sommes mobilisés durant la semaine du 2 au 9 réclamant la fermeture de tous les établissements scolaires de l’île suite à l’apparition des premiers cas à Ajaccio, soutenant ainsi les parents qui refusaient de mettre les enfants en classe malgré les menaces de sanctions.


C’est notre mobilisation et notre ténacité qui ont permis d’obtenir d’abord la fermeture des établissements à Ajaccio, puis l’élargissement au grand Ajaccio et enfin à l’ensemble de la Corse alors même que le ministre de l’éducation et le gouvernement refusaient catégoriquement cette décision avant de se dédire quelques jours plus tard pour l’élargir à l’ensemble de la France.
Ce qui nous a guidé dans nos choix c’est, à la lumière de ce qui se passait en Chine, dans les pays asiatiques, dans certaines régions italiennes voir ailleurs et même localement en France, l’impératif de santé publique face à la propagation du virus qui entrainait la pire crise sanitaire au monde depuis la pandémie de la grippe espagnole de 1917.


Ce qui nous guidait au début de la crise nous guide encore aujourd’hui à savoir l’impératif de santé publique à l’instar du bilan mondial (plus de 2 400 000 de contaminés en 3 mois, 196 pays touchés, plus de 165 000 morts recensés, près de 20 000 morts en France, avec en Corse 583 cas à ce jour et 57 morts).
Nous avions rencontré en vision conférence la rectrice, il y a quelques jours, et nous étions tombés d’accord, dans les grandes lignes, sur la marche à suivre pour les semaines à venir : à savoir ce qui concernait notamment les examens et l’éventuelle reprise des cours, celle-ci étant soumise à l’amélioration des conditions sanitaires. Aussi nous sommes plus que surpris par la position du président de la République qui constitue, à notre point de vue, un revirement non justifié.
Il est donc très clair pour l’APC que les conditions de reprise des cours en Corse n’existent pas aujourd’hui. Mais surtout, comment pourraient-elles l’être d’ici le 11 mai ? Quelle base sanitaire a pu conduire à cette décision sachant que les enfants sont des porteurs asymptomatiques et grands propagateurs du virus ? Dans les pays asiatiques, qui ont réussis à juguler temporairement l’épidémie, l’ouverture des écoles est la mesure qui intervient en fin du processus de déconfinement.

Pour envisager une réouverture des écoles il sera nécessaire d’avoir au préalable une baisse sensible de l’épidémie sur le territoire corse et des mesures de protection massives de la population (distribution de masques à tous et tests généralisés à l’ensemble de la population). Tant que ces conditions ne seront pas réunies aucune mesure d’ouverture ne doit être envisagée.
Néanmoins certaines familles sont aujourd’hui dans une grande précarité : la situation des enfants en période de confinement, la rupture d’égalité devant l’enseignement à distance avec la fracture numérique (et ce malgré les efforts de la CDC qui a équipé 300 familles dépourvues de matériel informatique), les familles séparées ou monoparentales, … Mais surtout la grande détresse sociale d’un nombre grandissant de familles – notamment d’un point de vue alimentaire- exige la mise en place d’un plan d’urgence d’aides aux familles corses.


Nous interpellons aujourd’hui la CDC, l’Etat et l’ensemble des acteurs de la société corse devant cette détresse grandissante afin d’agir vite face à une situation qui va s’aggraver en raison d’un cataclysme économique d’une ampleur inconnue à ce jour en Corse.
Nous interpellons également les élus et responsables de la collectivité, garants des intérêts collectifs et moraux du peuple corse, afin de définir avec les acteurs du système éducatif en Corse et l’Etat notre propre stratégie de déconfinement et de reprise des cours lorsque cela sera possible. Nous n’accepterons rien d’autre et s’il le faut nous nous mobiliserons comme nous l’avons fait en mars afin de défendre nos familles, les plus jeunes comme les plus anciens, face à des décisions que nous jugerions dangereuses ou ineptes.
 

L’UNSA Éducation pose des conditions à une reprise progressive et partielle

L’annonce par le président de la République d’une réouverture progressive à partir du 11 mai des écoles, collèges et lycées a suscité une très vive inquiétude et parfois même de la colère.
Lors d’une réunion avec le ministre , l’UNSA Éducation a réaffirmé qu’une reprise dans les écoles, les collèges et les lycées ne peut se faire qu’en apportant les garanties indispensables pour la sécurité sanitaire des personnels et des élèves.


Pour l’UNSA Éducation Corse le 11 mai ne peut être que le début d’un processus qui mène à une réouverture progressive et partielle des écoles et établissements.
Un cadrage clair entre l’état et les collectivités est nécessaire en particulier pour les personnels qui doivent assurer l’entretien des locaux. Les conditions matérielles et sanitaires de la reprise passent aussi par là.
L’élaboration d’un protocole sanitaire de reprise et d’un cadre commun est indispensable. Il doit définir comment les règles sanitaires préconisées pour l’ensemble des travailleur·ses doivent s’appliquer et quelles recommandations doivent être mises en place pour protéger les élèves et les personnels en tenant compte de l’âge des enfants et des personnels à risque. Ce protocole doit également préciser comment doivent être gérés les personnels et élèves avec symptômes ou en situation avérées et les conséquences sur les écoles et établissements.
Ce protocole doit être travaillé avec les représentants des personnels .


Ensuite, une fois ces conditions réunies, il faut accorder du temps aux équipes pour leur permettre de se retrouver et de définir au mieux les modalités d’accueil des élèves.
Nous aurons à gérer les traumatismes liés à la pandémie pour les personnels et pour les élèves. Notre système doit s’appuyer sur nos personnels PsyEN, sociaux et de santé pour préparer cet accueil.
Le temps accordé aux équipes doit aussi être mis à profit pour organiser les aménagements nécessaires pour respecter les gestes barrières. Ils pourront se nourrir de l’expérience acquise avec l’accueil des enfants de soignants·es.
Il faut également du temps pour faire l’analyse de la situation qui n’est pas la même selon les situations avec des taux de perte de contact parfois très fort pendant le confinement dans les LP et dans les REP.
Dans tous les cas cette reprise progressive ne pourra pas consister à chercher à retrouver un rythme normal avant les vacances d’été. Elle doit avoir pour objectif de sécuriser les élèves, de recréer du lien, de reprendre contact avec les apprentissages.


Pour l’UNSA Éducation Corse, le mois qui vient permettra de voir si une reprise progressive est envisageable ou pas. Il faut profiter de ce temps pour réunir les conditions sanitaires d’un début de reprise et en définir les modalités.