Corse Net Infos - Pure player corse

Core in Fronte réclame un Titre dans la constitution pour la Corse


Philippe Jammes le Mercredi 12 Août 2020 à 14:09

Core in Fronte a tenu une conférence de presse ce mercredi 12 août 2020 sur la place du Marché de Bastia. L'occasion pour le parti nationaliste de dresser le bilan des Scontri populari qui viennent de se tenir à Patrimonio et de proposer sur le plan institutionnel un Titre pour la Corse dans la constitution analogue à celui de la Kanaky.



C’est tout d’abord Gérard Dykstra qui a pris la parole pour dresser le bilan des Scontri Populari.
«Ces Scontri Populari ont été un succès et un véritable rendez-vous d'échanges citoyens ouverts, notamment à travers des conférences historiques, les Caffè Paisani et le debat «Terra è Ghjenti». Plusieurs centaines de personnes se sont déplacées, durant ces deux jours de débats. L'objectif était de créer une émulsion politique en abordant plusieurs thématiques sociétales, comme la culture, l'urbanisme, l'agriculture de production, le tourisme, le numérique. Pour nous il était nécessaire de remettre l'Homme et les territoires au cœur du débat afin d'alimenter un projet de societé novateur et porteur d'espoir ». Pour Core in Fronte, ces Scontri Populari vont devenir devenir un événement politique majeur du mouvement qui va continuer à aller à la rencontre des Corses dans leur pieve.  La seconde édition se tiendra en Alta Rocca en 2021 mais dès le mois de septembre des « caffè Paisani » seront organisés dans toute l'île.


Felix Benedetti a ensuite dévoilé la vision que Core In Fronte a du débat institutionnel
«Depuis 2015, les victoires électorales nationalistes ont donné une dimension nouvelle au problème politique corse. Les Corses, collectivement, ont, semble-t-il, pris conscience d’un avenir commun. Néanmoins, 5 ans plus tard, la Corse reste toujours à la croisée des chemins sur la question de son statut institutionnel. En Europe, 350 millions d’européens vivent dans des régions autonomes, à l’image de toutes les grandes îles de Méditerranée occidentale voisines de la Corse. De son côté, Malte, plus petite que le Cap corse, est indépendante et membre de l’UE. Une Europe qui est également en mouvement à travers les exemples de la Catalogne et de l’Ecosse, possibles futures nations indépendantes. La Corse, elle, ne bénéficie d’aucun pouvoir politique autonome. Elle est rattachée, sans être citée, à l’article 72 de la Constitution française. C’est une collectivité territoriale métropolitaine de même rang, par exemple, que la métropole de Lyon. En 2017, lors de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron s’était fièrement proclamé « girondin ». C’était une position opportuniste, au regard de son voyage et de ses propos, à Cuzzà, en avril 2019. Le remaniement ministériel de juillet dernier avec la nomination d’un Premier Ministre favorable aux langues régionales ou l’arrivée au Ministère de La Justice d’un homme connaissant les dossiers judiciaires corses, ne changent, pour l’heure, absolument pas la donne politique actuelle ».
Et le leader nationaliste de décliner les trois options  de l’avenir institutionnel de la Corse :


«Une première option a minima, qui est le choix du gouvernement, celle d’un futur article 72-5. La Corse ne bénéficiera que du pouvoir d’adapter certaines lois aux spécificités locales. Ce pouvoir ne sera pas propre à la Corse. Ce projet de 72-5 a été validé par la Collectivité Territoriale de Corse en 2018. Il n’est pas pour nous à la hauteur des enjeux. Nous ne pouvons pas nous contenter, seulement, d’avoir « l’honneur » que le nom de la Corse soit gravé dans le marbre constitutionnel. La deuxième option est celle d’un futur article 74-2, celle proposée par la constitutionnaliste Wanda Mastor dans son rapport remis à l’assemblée de Corse en 2018. Elle ouvrirait la voie à une véritable autonomie. La Corse pourra adopter ses propres lois dans divers domaines sans passer par le filtre de Paris. Une telle dévolution irait dans le sens de la revendication de l’ARC et de l’UPC des années 1970 et 1980. Enfin la troisième option serait le choix de l’accession à la pleine souveraineté. Pour cela, la Corse devra bénéficier d’un Titre et pas seulement d’un article dans la constitution, à l’image de la Kanaky, dont le Titre XIII lui est entièrement consacré et prévoit un processus d’autodétermination sur l’indépendance ».


Lors de leurs interventions les militants de Core In Fronte on rappelé que leur mouvement était un mouvement politique indépendantiste, réaliste. «La logique des évolutions institutionnelles place le processus d’autonomie avant un processus d’autodétermination et d’indépendance. Mais comme pour nous, l’autonomie n’est pas un horizon infranchissable, nous militons pour une option haute, analogue à celle de la Kanaki » souligne F.Benedetti.
Core In Fronte proposera donc à la rentrée, la rédaction d’un Titre pour la Corse et le soumettra au débat avec l’ensemble de la représentation élue, les partis politiques et le peuple corse. Cette proposition sera rendue publique  le vendredi 18 septembre à Bastia à l'occasion d'une conférence-débat sur l'avenir institutionnel de la Corse avec pour invitée la spécialiste de droit constitutionnel, Wanda Mastor.
«Lors de cette réunion, il y sera question de la nature institutionnelle de la Corse, des compétences de l'État qui lui seront définitivement transférées, des pouvoirs politiques et juridiques qu’elle pourra exercer avant l’expression du peuple Corse dans les urnes pour choisir son destin. Sera ainsi également délimité le corps électoral, dont la légitimité ne doit pas être faussée par l’arrivée massive de 5000 étrangers par an. Le débat sur la liberté de choisir son destin pour le peuple Corse nous donnera l'occasion de poser la question du corps électoral légitime qui en découle.  Nous ne voulons ni d'un paradis fiscal, ni d'une république bananière, ni d'une zone de non droit. Core un Fronte entend que la souveraineté à laquelle nous aspirons ne sera que le prolongement d'un projet de société d'une Corse sociale, écologique, moderne et ouverte, avec des Corses libres de toutes les pesanteurs affairistes et mafieuses. La Corse peut et doit, dès aujourd’hui, se servir des leviers actuels à sa disposition, pour montrer que, collectivement, nous sommes capables de redresser notre pays par nous-mêmes, Da Per Noi. Nous devons conforter l’idée que nos revendications sont justes et progressistes. Les nationalistes au pouvoir ne sont pas là pour gérer un système, se partager un gâteau ou cumuler des mandats. Ils sont là pour transformer ce système. Au-delà des succès électoraux, les Corses attendent des réponses concrètes aux questions de société : Monopoles, transports, déchets, coût élevé de la vie, bétonisation massive. Des orientations claires et lisibles doivent être données pour un modèle alliant agriculture de production, tourisme maitrisé. Nous devons inventer une nouvelle politique sans attendre, de Paris, des choses qui ne viennent pas à l’heure actuelle, malgré des simulacres de «négociations ». De par notre capacité à agir, à montrer ce que nous pouvons et savons faire, nous serons, alors, en plein droit de créer, au sein du peuple corse, une demande légitime d’autodétermination et nous libérer par nous-mêmes. Aujourd'hui les autonomistes sont majoritaires dans l’expression institutionnelle. Core in Fronte a l'ambition de remettre le courant historique patriotique pour l’accession à la pleine souveraineté, au centre du jeu politique. Nous voulons inverser le rapport de force politique avec Paris, créer les conditions d'une véritable solution politique, pour redonner l'espoir à un peuple toujours debout sur sa terre et qui veut rester moteur de son histoire »
CNI a tendu son micro à Félix Benedetti...