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Contre le tourisme de masse, des plages sardes fixent des quotas de visiteurs : et si la Corse suivait l'exemple ?


VL le Dimanche 26 Mai 2024 à 11:00

Alors que la Sardaigne intensifie ses efforts pour protéger ses plages en limitant l'accès des visiteurs, la Corse pourrait-elle adopter des mesures similaires ?



Une plage sarde
Une plage sarde
Chaque année, entre 10 et 15 millions de touristes se pressent dans les eaux translucides de la Sardaigne bordées de plages idyllliques. Un flux ininterrompu responsable de la dégradation de l'environnement local. Pour faire face aux effets environnementaux du tourisme de masse, plusieurs communes de l'ile italienne ont mis en place depuis l'été 2023 des quotas stricts sur plusieurs de leurs plages les plus populaires, dans un effort de préservation écologique et de promotion d'un tourisme durable. Parmi les plages concernées, Cala Mariolu, Cala Biriala, et Cala dei Gabbiani, situées dans la région de Baunei, qui ne pourront accueillir que 700 personnes par jour chacune. Les visiteurs arrivant en bateau auront des temps de séjour limités pour permettre une meilleure rotation et éviter la surpopulation​.

À Tuerredda, une plage magnifique dans le sud de l'île, l'accès sera limité à 1100 personnes par jour, avec des quotas spécifiques pour les plages libres et les établissements balnéaires. Punta Molentis, quant à elle, ne pourra recevoir que 600 personnes par jour, incluant 200 places de stationnement​.Autre exemple, la célèbre plage de Rena Bianca à Santa Teresa Gallura a également été ajoutée à la liste des plages à nombre limité pour l'été 2024. Cette politique de contingentement fait partie d'une initiative plus large pour promouvoir un tourisme durable en Sardaigne. De nombreux maires, en accord avec la politique régionale, ont également introduit des mesures telles que l'obligation d'utiliser des nattes au lieu de serviettes pour éviter le vol de sable, un problème récurrent sur l'île. De plus, une taxe de séjour est appliquée dans de nombreuses communes côtières pour financer la protection des plages.

La Corse pourrait-elle emboîter le pas ?

En Corse, bien que des quotas aient été mis en place depuis 2022 pour limiter l'impact humain sur certaines zones sensibles, ces mesures ne s'appliquent pas encore aux plages. L'île affronte pourtant des défis similaires à ceux de la Sardaigne : un afflux touristique massif en haute saison, une pression accrue sur les écosystèmes et la nécessité de préserver des paysages naturels exceptionnels. "La Corse se doit d’avoir un regard très attentif sur le sujet des quotas et des fréquentations. Il est essentiel d’avoir des études d’impact pour juger les choses de manière précise", souligne Guy Armanet, président de l'Office de l'Environnement de Corse.
Actuellement, seules les zones naturelles emblématiques comme Bavella, la Restonica (avant la tempête de novembre 2023), Scandula, et les îles Lavezzi sont soumises à des quotas, des obstacles juridiques, économiques et des intérêts divergents freinent l'adoption de mesures similaires à la Sardaigne pour les plages corses.

Cependant, une récente étude du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate souligne l'impact négatif des allers-retours incessants des bateaux de transport de passagers vers les plages de Saleccia et du Lotu, réputées pour leur beauté mais particulièrement vulnérables à cause la pression touristique. 

Pour réduire la présence des navires de transport de passagers à Saleccia et au Lotu pendant la saison estivale, le Parc marin a voté une motion à l'unanimité visant à limiter les rotations des bateaux. Actuellement, jusqu'à 20 compagnies effectuent parfois 80 rotations par jour, amenant des milliers de passagers et accentuant la capacité de charge des plages. Pour atténuer cet impact, des quotas pour les navires commerciaux sont envisagés. Un chenal pour les bateaux motorisés a déjà été mis en place pour accéder à la plage du Lotu de manière contrôlée, et les études se poursuivent pour déterminer les meilleures mesures à adopter. La réglementation actuelle interdit les allers-retours pour les bateaux professionnels, les limitant à une activité de promenade, avec des sanctions en cas de non-respect de la loi.

La mise en place de quotas sur les plages corses, à l'instar de la Sardaigne, pourrait être une solution efficace pour protéger l'environnement tout en permettant un tourisme durable. Toutefois, comme l'indique Guy Armanet, "une approche basée sur des études d'impact et une concertation entre les différents acteurs est nécessaire pour surmonter les obstacles actuels."