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Contrat de ville 2023-2030 : La mairie et la Capa dévoilent une stratégie urbaine ambitieuse


Cecile Orsoni le Samedi 9 Septembre 2023 à 07:35

Ce vendredi 8 septembre, Stéphane Sbraggia, le maire d’Ajaccio, accompagné de Charles Voglimacci, conseiller communautaire délégué a la politique de la ville, a dévoilé le nouveau contrat de ville du pays ajaccien. La stratégie urbaine s’organise autour du rétablissement de la cohésion sociale et territoriale. Entretien.



Crédit photo CAPA
Crédit photo CAPA
- Quel bilan de la politique de la ville d’Ajaccio dressez-vous depuis 2015 ?
- Au cours de ces 10 dernières années, la ville d’Ajaccio a engrangé un développement très important. Ce territoire fait partie des plus dynamiques de France, mais il revêt également une spécificité, puisqu’il a une organisation spatiale qui lui est propre. Ajaccio est une ville de quartiers, qui compte 72 000 habitants, dont la population varie entre 2000 et 4000 habitants selon les quartiers. Cela induit une complexité en terme d’organisation territoriale, et donc de services. La partie Est de la ville s’est largement développée en matière d’urbanisme. Elle doit communiquer avec sa partie historique qui est l’hyper-centre. Il y a des quartiers populaires qui sont déconnectés de ces ensembles urbains. Il faut repenser le territoire en fonction de ce qu’il est devenu. L’élaboration d’un contrat de ville se veut comme une boite à outils pour améliorer les services rendus à la population. En tant que responsable politique, on doit penser ces quartiers dans leur ensemble. Il faut qu’ils évoluent dans une logique interconnectée, avec des besoins qui changent. C’est pourquoi il est important de mettre le citoyen au coeur de ce dispositif et d’établir, avec lui, un dialogue permanent sur ses attentes et ses besoins.
- Quels sont les grands axes de la période 2023-2030 ?
- Il y a plusieurs points à aborder. D’abord, la question du logement. Le quartiers des Salines a fait l’objet de rénovations urbaines très importantes, mais il demeure un habitat dégradé, ancien, parfois inaccessible pour les personnes âgées. Il y a donc un travail à faire en terme de rénovation. La question des mobilités se pose également puisque Ajaccio est un territoire qui a une faible densité : on compte moins de 1000 habitants au km carré. Nous avons mis en place une politique des mobilités qui assume très clairement un choix de réduire le recours à la voiture et de proposer des modes de déplacements alternatifs, que ce soit par la mer ou par les transports en commun. Se pose également la question de la restitution des espaces publics, avec le parti pris de la végétalisation sur les places, dans le but d’améliorer le cadre de vie des ajacciens. L’objectif est aussi de répartir de façon plus égalitaire les équipements et les services publics, avec notamment la construction de nouveaux logements. Nous sommes actuellement en train de réécrire le volet 3 du plan local de l’habitat. Il y a aussi une volonté de retrouver des prérogatives d’aménageurs plus fortes du point de vue de la ville, afin de ne pas se retrouver dans une situation que l’on a pu connaitre auparavant, comme le fait de délivrer des permis de construire et d’avoir à régler a posteriori des problématiques d’accessibilité.
- Vous souhaitez instaurer plus de proximité dans les quartiers populaires ?
- Absolument. La ville d’Ajaccio mène une politique de grands projets et personne ne comprendrait que l’on ne soit pas en capacité de répondre a des besoins de proximité immédiat. Nous avons mis en place des cafés citoyens afin de tester et de recueillir les attentes de la population, d’aller au contact des citoyens dans leur quartier pour parler de leur quartier mais plus globalement de la ville d’Ajaccio, parce qu’on est ajacciens sur toute la ville.
- La problématique du trafic de drogue gangrène certains quartiers. Comment comptez-vous lutter contre ce fléau ?
- Tout d’abord, la ville ne doit pas abandonner ses espaces. Lorsqu’on évolue dans un cadre de vie agréable, on a davantage envie de le respecter que lorsque il est à l’abandon ou lorsque l’on sent que les services publics ont démissionné. On a aussi mis en place une police de proximité qui assure une présence sur le terrain. Nous avons développé un maillage plus intelligent sur le réseau associatif, avec lequel on dialogue très souvent. La qualité d’informations s’améliore, ce qui nous permet d’être plus réactifs en terme de réponses quand il y a un problème. Il faut rester vigilant quant à la délinquance. Si l’on ne fait pas de veille et que l’on y prête pas attention, les phénomènes de ce genre vont se développer. Il faut noter tout de même que les services de police fonctionnent, il y a eu des saisies, des arrestations. Quand les agents municipaux se sont faits agressés, nous nous sommes rendus immédiatement sur place. Le corps social a réagit de manière très large, ce qui est plutôt encourageant. Il n y a pas de banalisation de ces faits de violence, nous n’avons pas peur. On ne peut pas laisser s’installer cette délinquance, ce n’est pas le cadre de vie que l’on souhaite, ni pour nous ni pour les générations à venir.

Crédit photo CAPA
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