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Conseil municipal de Lisula : Pierre-François Bascoul explique les raisons de sa démission


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Lundi 13 Février 2023 à 18:01

Pierre-François Bascoul, ancien adjoint de la municipalité de Lisula revient pour Corse Net Infos sur les réelles raisons de sa démission. Ce lundi 13 février, à l'occasion du conseil municipal de la cité paoline, qui risque d'être mouvementé, de nouveaux adjoints au maire de Lisula devraient être élus.



Pierre-François Bascoul
Pierre-François Bascoul

- Aujourd'hui démissionnaire, vous aviez portant adhéré au projet de U Core di Lisula? Pourquoi ?
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 U Core di Lisula était avant tout une démarche initiée par 6 personnes, dont je faisais partie à l’époque. Équipe qui avait cette volonté commune d’insuffler un nouvel élan à la commune de Lisula. En 2019, au début de la démarche, nous étions vraiment une poignée d’hommes et de femmes (ndlr: Annick Pozzo di Borgo, Blaise Dary, José Orsini, Stella Acquaviva, Angèle Bastiani et Pierre-Francois Bascoul). Nous avons voulu matérialiser ce rêve par un projet concret et réalisable. Cette démarche visait à donner un nouveau souffle à Lisula, mais elle était surtout basée sur un socle de gestion transparente, de transversalité et de collégialité. Tout ça dans un but bien précis, celui de s’atteler à toutes les tâches qu’un élu doit honorer et d’être au plus près des concitoyens. Mais malheureusement, une fois élus, au fil des mois, ces principes que portaient notre mandature ont vite été mis de côté et nous nous sommes retrouvés, Stella Acquaviva et moi, sur le banc de touche. 

Vous aviez, en début de mandature, un poste d’adjoint. Quelle était votre délégation? Et quels sont les projets que vous avez portés?
J’avais la délégation du sport, de la culture et des associations. Durant ces 2 ans de mandature, je peux dire que j’ai eu la chance de côtoyer ce riche tissu associatif et les personnes qui le composent. J’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec eux. Et malgré le peu de moyens mis à leur disposition, ils réalisent de belles choses. Ils ont une vraie force de conviction, une vraie force d’engagement et ce sont des personnes qui travaillent surtout pour l’intérêt général.
Aujourd’hui, ce qui me fait rire c’est que durant la campagne, le premier magistrat de la ville avait pour coutume de dire " la culture coûte cher, mais le manque de culture coûte encore plus cher ".
À travers tous les projets que j’ai pu lui proposer, celui d’A Casa da Cultura, qui avait pour but de restructurer le Spaziu en un centre culturel, était à moindre frais pour la mairie puisque nous avions candidaté à l’appel d’offre de la CDC du service culture et patrimoine. Mais malgré les différentes propositions que j’ai pu faire, afin d’avoir une enveloppe pour aider au développement de la culture, je n’ai jamais rien eu!  Je tiens également à préciser que les derniers événements culturels qui ont eu lieu en ville, ont été réalisés grâce au financement que j’ai obtenu pour la mairie pour a Settimana di a Lingua. Lors du conseil municipal du 10 octobre, par voie de presse, Angèle Bastiani disait que nous avions peut-être pas les épaules et que la charge de travail devait être trop importante. Lors de ce même conseil municipal, plus de 360 000€ de subventions, pour les jardins partagés, pour a Settimana di a Lingua où pour le stade étaient annoncés. Si nous n’avions pas travaillé, nous n’aurions rien eu me semble-t-il. J’ai réussi à faire classer la ville de Lisula en "Terre de Jeux 2024" pour justement obtenir des subventions supplémentaires pour les infrastructures sportives… C’est limite risible de dire que nous n’avions pas les épaules pour travailler car en réalité, on ne nous a pas donné pas les moyens nécessaires pour travailler comme il se doit !
Autre exemple : pendant les vacances scolaires, puisque je n’avais pas les moyens adéquats, la municipalité proposait des activités gratuites aux enfants et cela ne coûtait presque rien à la mairie, grâce aux associations qui proposaient la gratuité.Mais depuis les vacances scolaires de la Toussaint, la mairie n’a pas organisé une seule activité gratuite pour les enfants.
Aujourd’hui, c’est le CLE qui porte ce projet. Et contrairement à ce qui peut se faire aujourd’hui, je ne m’attribue aucun projet qui n’est ou n’était pas le mien. . 

- Il y a quelques mois vous avez décidé de laisser vos fonctions. Pour quelles raisons? Était-ce une décision personnelle ou vous a-t-on demandé de partir ? 
Je n’ai pas communiqué plus tôt à ce sujet pour des raisons familiales. Même si j’ai eu l’occasion d’expliquer les faits à tous ceux qui le souhaitaient, malgré une certaine campagne de dénigrement faite ici et à Aiacciu notamment. 
Ceux qui me connaissent ont su quoi répondre, ils connaissent les raisons pour lesquelles j’ai été élu et pour lesquelles je suis parti. Ma candidature sur la liste de Core in Fronte avait été annoncée dès le départ, il n’y avait donc pas de surprise. ( ndlr: Pierre-François Bascoul, était 9e sur la liste de Core inFronte lors des élections territoriales de 2021. Angèle Bastiani sur la liste de Femu a Corsica et est depuis ces dernières élections devenue présidente de l’ATC). 

Alors je ne sais pas si c’est à cause des territoriales ou pour d’autres raisons, mais à partir de ce moment, avec Stella Acquaviva, nous avons été évincés et on nous a caché des choses. Je me suis rendu compte que la mairie organisait des réunions du ressort de mes délégations, portées par d’autres adjoints, notamment la réunion du planning du gymnase, avec les associations sportives et culturelles qui avaient des projets en devenir, comme l’extension de la base nautique. Des promesses qui n’auront cependant jamais vu le jour, elles n’étaient en réalité que des promesses électorales. Au départ, cette mise à l’écart était peut-être inconsciente, mais c’est devenu volontaire par la suite. On apprenait les décisions municipales ou les chamboulements de la ville par voie de presse ou par les réseaux sociaux. Alors après avoir fait une introspection, je me suis demandé si mes convictions pouvaient supporter un tel modus operandi. Ma foi pour l’humain et pour le statut d’élus ne me permettait pas de supporter tout cela. Je ne pouvais plus rester. Nous avions opté pour une politique transversale, collégiale, de transparence. Ce qui n’était plus le cas dans la gestion de l’équipe municipale, et des affaires qui se déroulaient à huis clos. Nous avons toujours été à l’écoute, nous avions toujours travaillé. Nous sommes partis sur une liste plurielle, qui était une évidence pour Lisula et c’est ce qui nous a fait gagner. En fait, je me demande si je n’ai pas été uniquement la caution de la jeunesse, du nationalisme, de l’éthique et du renouveau. 

Côté urbanisme? 
Nous avions fait une campagne où le logement et le développement urbanistique devaient être régentés et le primo-accédant sacralisé. Cela devait être notre fer de lance. Le PLU proposé n’est rien de plus que l’ancien PLU proposé par la mandature sortante. Aujourd’hui, je suis étonné de voir un conseil municipal acquiescer certaines choses proposées par la mairie. Je ne connais pas le nombre exact de permis de construire qui ont été délivrés au cours de ces 2 dernières années, mais je pense que nous dépassons le ratio de Jean-Joseph Allegrini Simonetti.Et ce n’est pas l’ancienne mandature qui a accepté le permis de construire de la résidence A Nepita. Le permis avait été refusé par l’équipe municipale sortante. Il a été accepté par la mandature actuelle. 

- Aujourd’hui où vous vous situez comment au sein de la municipalité ? 
Nous sommes toujours d’élus du conseil municipal, mais nous avons repris notre liberté. Nous ne faisons pas non plus partie de l’opposition. Il n’y a pas dans un calcul politique. Chaque lisulanu pourra se retrouver dans nos idées. Nous sommes là pour unifier les gens, nous travaillons pour tous les lisulani de la même façon. Sans couleur politique. Des partisans de M Allegrini-Simonetti sont venus me témoigner leurs sympathies suite àce conseil municipal, pour me dire que j’avais eu raison. Alors on ne partage peut-être pas certains points de vue, mais pour ce qui est de l’intérêt général, la plupart se reconnaissent dans notre démarche. Vous avez rendu le 10 octobre, avec Stella Acquaviva et vos délégations. 

Et depuis ? 
Nous avons écrit au préfet pour annoncer officiellement notre démission et la remise de nos délégations et en stipulant que nous voulions rester conseillers municipaux. Il a pris acte et en a informé la mairie. Il nous a cependant répondu par courrier qu’il lui était impossible d’acter notre démission, que le maire devait prendre un arrêté pour nous les retirer. Ce qui n’a pas été fait ! Nous ne sommes pas restés adjoints pour toucher nôsindemnités. Absolument pas. Nous avons d’ailleurs contacté le payeur de Corse pour restituer les sommes perçues entre le 10 octobre et début décembre. Si c’est impossible, nous en ferons don aux différentes associations. C’est de l’argent public. 

Que pensez-vous donc de la gestion politique actuelle? 
J’aurais pu terminer la prise de parole lors du conseil du 10 octobre par " l’histoire jugera" car je venais de dénoncer cette forme d’autocratie qui est mise en place à la mairie de Lisula, nous, nous avions choisi la démocratie. Nous avions alerté plusieurs fois sur notre éventuel départ. Nous avons décidé nous-mêmes de notre départ. Ce n’était en aucun cas une décision de la municipalité. Mais la nôtre. Nous avons expliqué notre point de vue à plusieurs élus de la majorité qui ont pour la plupart acquiescé nos propos. Et il faut savoir qu’il y a des tensions au sein de cette majorité. Aujourd’hui, l’histoire a jugé. Avec 2 événements marquants. La Pietra et les plages. Pour la Pietra, j’ai assisté à la première réunion, lors de laquelle j’avais donné mon avis. Je n’ai plus jamais été convié aux autres réunions. La Pietra c’est la gestion d’un problème qui est à l’encontre de nos idées de départ.
Aujourd’hui, la majorité n’écoute personne. On fait ce dont on a envie pour des raisons alambiquées et on met l’environnement en avant pour se couvrir. La Pietra a été traitée comme notre démission, comme un non-événement. Le but était de laisser passer. Pour la gestion des plages. Il n’y aucune écoute des concitoyens et des commerçants de la commune. La mairie a décidé de taxer le domaine public que les plagistes ne payaient pas initialement. Un impôt qui s’élèverait à 185€ le m2 à régler de suite, qui leur a été signifié fin décembre. En réalité, ce n’est pas tant la taxe le problème, mais l’annonce en elle-même. Une fois la saison terminée, il est mal venu d’en créer et d’en demander une nouvelle. C’est quelque chose qui doit se faire en début d’année, avant la saison. Ça a été encore une fois imposé, sans discussion. On décide, on acte. Lorsque l’on veut "gouverner" Lisula, la cité paoline, on ne doit pas être le roi, mais le guide, on doit être dans le consensus. On ne doit pas régenter. Pour ma part, mes idées de départ sont intactes. Malgré tout je n’ai pas de regret, cette expérience politique m’a fait grandir. Je continuerai à faire de la politique et à siéger au sein du conseil municipal. J’ai une mission qui m’a été donnée par les lisulani, celui de défendre leurs intérêts, et ceux de la ville.Je ne vais ni reculer ni arrêter. Mon seul regret est celui de voir cette ville péricliter. Lisula sera toujours dans un brouhaha politique où l’intérêt général n’est pas une priorité pour tous.