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Conseil municipal d'Ajaccio : une politique d’investissement « ambitieuse » sans toucher au levier fiscal


le Mardi 28 Mars 2023 à 18:40

Après le débat d’orientations budgétaires il y a quelques semaines, c’était au tour du budget primitif d’être à l’ordre du jour du conseil municipal de la cité impériale ce lundi soir. À la manœuvre Pierre Pugliesi, adjoint au maire en charge des finances, a mis l’accent sur les grandes orientations de celui-ci à savoir le maintien d’une politique d’investissement « ambitieuse » de la ville sans qu’il ne soit touché au levier fiscal, mais aussi le maintien du niveau d’aide au tissu associatif et l’amélioration du service rendu à la population. Un budget réalisé, a rappelé l’élu, avec « un certain nombre de difficultés » liées aux différentes crises. Grâce aux adaptations opérées par la Ville, l’exercice s’équilibre à 157 millions d’euros, dont 107 millions d’euros en fonctionnement et 50 millions d’euros en investissements.



Pierre Pugliesi, adjoint au maire d'Ajaccio en charge des finances, a présenté le budget primitif de la ville ce 27 mars
Pierre Pugliesi, adjoint au maire d'Ajaccio en charge des finances, a présenté le budget primitif de la ville ce 27 mars
- Lundi soir, vous avez présenté le traditionnel budget primitif. Un exercice de début d’année toujours difficile, mais rendu d’autant plus ardu du fait d’un contexte budgétaire contraint…
- Cela fait quelques années que le contexte budgétaire est contraint. Depuis 2017, nous subissons quand même des difficultés relatives importantes liées aux contraintes émises par l’État quant aux dotations qui ont été gelées voire diminuées pour l’ensemble des collectivités. Cela a mis à mal de façon assez rude l’ensemble de nos équilibres budgétaires. 
 
- Malgré tout, la ville d’Ajaccio a souhaité conserver des ambitions fortes sans toucher au levier fiscal…
- C’est l’engagement depuis notre première mandature. Nous avons décidé de ne pas activer le levier fiscal. C’est un effort considérable qu’a consenti la collectivité auprès de ses concitoyens. Je crois que cela a été une bonne décision parce que nous avons connu des crises relativement importantes qui ont touché tout le monde, et je pense que le fait d’avoir gardé un niveau d’imposition identique, pour ce qui relève de notre compétence, est une façon de participer de manière involontaire mais concrète à maintenir un certain pouvoir d’achat. C’est un effort important pour la commune, puisque le fait de ne pas avoir augmenté les impôts entre 2015 et 2023 représente 10 millions d’euros par an qui ne rentrent pas dans les caisses de la ville. C’est sûr que c’est un effort considérable. Nous avons fait des grands progrès, l’administration de la ville a beaucoup travaillé dans toutes les politiques publiques pour contrôler les prix, maintenir un service toujours égal, toujours de bon niveau, voire l’étendre dans certains domaines comme la petite enfance. Nous avons donc fait des gains sur l’activité, en travaillant au mieux, au plus juste, en bon père de famille, sur les ressources qui sont allouées pour mettre en œuvre l’activité. Il y a eu des efforts et des progrès très importants réalisés par l’administration de la ville. 
 
- La fin de la taxe d’habitation, notamment, a contribué à creuser un certain manque à gagner pour la ville... 
- Oui car c’est l’impôt qui touchait le plus grand nombre et faisait participer aussi le citoyen à l’effort local de services. Aujourd’hui, il n’est plus prélevé auprès des concitoyens. Alors bien sûr, la ville perçoit une compensation de l’État, mais celle-ci est figée dans le temps. C’est-à-dire qu’il n’y a plus de dynamique : la population augmente, mais la dotation, elle, reste toujours identique alors que la taxe d’habitation était vraiment un impôt qui était au plus près des concitoyens et qui les faisait participer à un effort de solidarité pour l’offre de service, pour le plus grand nombre. Comme nous n’avons pas activé le levier fiscal avant que la taxe d’habitation ne disparaisse nous avons aujourd’hui un reversement d’une dotation de l’État qui est figée et qui est calculée sur la taxe d’habitation de 2019. Or la ville a grandi pourtant depuis.
 
- Depuis 2022, la ville a cependant fait le choix de conserver la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, ce qui apportera cette année un produit supplémentaire évalué à 690 000 euros. Une petite compensation ?
- Ce n’est pas négligeable, bien sûr. La taxe d’habitation sur les résidences secondaires est quelque chose d’important, même si cela ne remplace pas la taxe d’habitation sur les résidences principales. Et puis il y a ici un double aspect. D’abord, il y a un aspect participatif au fonctionnement de la ville pour des résidences qui sont occupées de façon temporaire soit par leurs propriétaires, soit par des locataires qui louent souvent sur des courtes périodes. Et puis quelque part aussi, cela participe à la régulation d’un marché qui s’est développé de manière très forte avec l’avènement des plateformes en ligne comme Airbnb.
 
- Dans ce budget primitif 2023, on note une augmentation des dépenses en fonctionnement de +6,6% et de +10,2% pour celles en investissement. Un passage obligé du fait de l’inflation ?
- L’évolution des charges sont directement liées à l’évolution des prix du marché sur les fluides notamment comme l’électricité, l’eau, le fuel ou encore l’essence à la pompe pour tous nos véhicules roulants. Il y a aussi une augmentation des prix des matières premières pour la fabrication des plats dans les cantines, et on voit aussi que le prix de la main d’œuvre a augmenté. L’inflation était l’an dernier extrêmement importante, elle l’est encore cette année puisque de façon générale on estime que sur l’année 2023 elle va se situer entre 5,5% et 6%. Après sur les charges de personnel, il faut comprendre qu’il y a eu là-aussi un certain nombre d’augmentations imposées par l’État qui ne sont pas forcément de notre volonté, comme par exemple l’augmentation du point d’indice de la fonction publique, et les réalignements des bas salaires sur le SMIC. Ce sont des opérations qui sont venues, heureusement d’ailleurs, soutenir le pouvoir d’achat des fonctionnaires, mais qui ont eu un impact direct sur l’augmentation de la masse salariale de la ville. Et puis Ajaccio n’a pas été en reste, puisque nous aussi nous avons fait des efforts importants et notamment cette année en matière de régime indemnitaire, de complément de régime indemnitaire, de soutien sur la valeur faciale des tickets restaurant, ou encore sur les complémentaires santé. Donc il y a tout un panel d’éléments dont l’objectif est de venir soutenir nos personnels dans des périodes qui sont assez difficiles et qui expliquent les augmentations que l’on peut voir dans le budget entre 2022 et 2023.
 
- Enfin, on voit que la dette du budget principal de la ville a été classé à 99,4% comme A1, soit le risque le plus faible. Une évolution positive ?
- La dette est relativement bien encadrée et bien contenue pour plusieurs raisons. Avec nos financeurs habituels, nous avons bien contrôlé au cours des dernières années la prise de dette à taux fixe. Aujourd’hui on connait les taux qui sont appliqués à nos prêts et nous avons une vision contrôlée de l’évolution de notre dette. Nous avons une toute petite part d’à peu près 25% qui est calée sur le livret A ou encore qui est sur des prêts capés, donc avec des risques extrêmement modérés d’évolution. Nous pouvons dire que nous avons une dette qui est certes importante, mais qui correspond aussi à une ambition d’investissement puisque nous contractons des dettes uniquement pour financer nos investissements, qui correspond aussi à un besoin important en matière d’infrastructures de la ville. Tout le monde voit bien les travaux que nous avons entrepris depuis maintenant une petite dizaine d’années et qui ont pour vocation à améliorer le cadre de vie de nos concitoyens, à rénover ce qui doit l’être et à faire évoluer des infrastructures qui sont aujourd’hui très anciennes. La dette ne sert qu’à cela. Aujourd’hui, le taux moyen de nos emprunts est de 2,5% et nous avons une capacité de désendettement d’un peu moins de 11 années. Donc je dirais que nous sommes plutôt dans un contexte rassurant sur cet aspect des choses.