Le président de la CAB, François Tatti, entouré de ses deux premiers vice-présidents, Michel Rossi, maire de Ville-di-Pietrabugno, et Jacky Padovani, maire de San Martino-di-Lota.
Il courait, mercredi matin, dans la salle de délibérations de l’Hôtel de ville de Bastia où se tenait le deuxième Conseil de la CAB, un parfum de diatribe électorale. La majorité d’hier, passée en une faible opposition numérique, ne digère, ni sa défaite aux Municipales, ni la remise en cause de sa gestion, ni la révélation de l’état calamiteux des finances communautaires. Comme la semaine dernière pour le DOB, l’élu communiste, Francis Riolacci, a confisqué le débat sur le projet de budget primitif 2014 pour réitérer son long plaidoyer de défense de la précédente mandature et incriminer les choix de la nouvelle.
L’âpreté de la polémique donne le ton de la stratégie adoptée par l’opposition. Et ce n’est pas la proximité des futurs scrutins qui devrait alléger l’atmosphère !
Un budget de transition
Pourtant, ce premier budget de la mandature n’a rien de passionnant. Il s'établit à environ 85,9 millions d’euros, répartis entre 50,5 millions d’euros pour le budget principal, 11,8 millions pour l’eau, 17,1 millions pour l’assainissement et 6,5 millions pour les transports. C’est, annonce le président de la CAB, François Tatti, « un budget de transition sans augmentation de la pression fiscale. Vu la situation dégradée et complexe des finances, dans un esprit de responsabilité, la priorité sera d’assurer le fonctionnement de la CAB ». Il brosse un tableau noir des comptes grevés par un trop grand recours à l’emprunt sur les dépenses d’équipement, des transferts de charges mal compensés, une réduction des dotations publiques liée au Pacte de responsabilité et l’augmentation probable des dépenses d’eau, d’assainissement et des charges de gestion et de personnels. Une épargne nette négative (-1,3 million €) et une dette de 35,7 millions €, dont 3,9 millions à rembourser cette année, rendent les marges de manœuvre très minces et les possibilités d’investir étiques. Les conclusions à-venir de l’audit sur la situation financière pourraient même remettre en cause ces prévisions à minima.
La faute à l’austérité
Ce tableau sombre n’est pas du goût de Francis Riolacci qui accuse la politique d’austérité du gouvernement d’être la cause de tous les maux. Il chiffre à 1,25 million € la perte générée par la baisse des dotations publiques (658 000 €) et des revenus de la fiscalité des entreprises imputables au Plan Valls (400 000 €) auxquelles s’ajoute la participation à la réduction du déficit global de la Nation (150 000 €).
Puis, l’élu communiste s’en prend aux choix drastiques faits par la nouvelle majorité en matière sociale. « La nouvelle orientation est la disparition du logement comme priorité. Soit vous mettez le social au cœur de l’opération, soit vous vous engagez dans l’austérité ». Il fustige, ensuite, les 400 000 € affectés à la dépense des stades et revient sur son idée de faire payer une redevance au Sporting pour l’utilisation des équipements et du stade Armand Cesari. Il estime, enfin, que le renouvellement des affermages de l’eau potable et de l’assainissement collectif ne doit pas entrainer une hausse des prix.
Un choix réaliste
La polémique politique, engagée par l’ex-chargé des finances de la CAB, fait bondir les diverses composantes de la majorité. La droite, agacée et stupéfiée, remet, vertement, les pendules à l’heure. Si l’élu bastiais, Jean-Joseph Massoni, se contente d’asséner qu’au vu du bilan, « le budget est réaliste », Michel Rossi, 1er vice-président et maire de Ville di Pietrabugno, ne mâche pas ses mots. « La CAB doit se focaliser sur des questions de gestion et d’aménagement. Je regrette qu’on aille sur des débats d’idées et des débats politiques qui n’ont pas lieu d’être dans nos travaux ». Précisant que lors de la précédente mandature, sa commune, gérée alors par Jean Baggioni, avait du avaler des couleuvres et accepté des orientations qui ne lui convenaient pas, il rétorque : « Nous devons tirer les leçons du passé. Si, auparavant, nous étions dans le même voyage et le même train, nous n’étions pas toujours dans le même wagon ». Avant de réitérer sa confiance dans la nouvelle gouvernance et son souci personnel de s’inscrire « dans une dynamique d’équité et de transparence ».
Le registre polémique
Le président Tatti, qui, jusque-là avait fait preuve de beaucoup de diplomatie, refusant de croiser le fer avec ses anciens colistiers, finit, lui aussi, par perdre patience. « J’avais fait en sorte que cette séance se passe paisiblement. Vous avez encore choisi le registre de la polémique. Si vous étiez aussi doué pour la gestion que pour la polémique, nous aurions, aujourd’hui, à gérer des excédents, pas des déficits ! Une épargne négative n’était pas inéluctable. Elle est la conséquence des décisions qui ont été prises. J’ai voté ces décisions, mais je ne vais pas dire qu’elles étaient la panacée ! Si les choses étaient aussi simples que vous le dites, le compte administratif aurait été voté en début d’année. Vous n’avez pas voulu le faire avant les élections ! », réplique-t-il à Francis Riolacci.
Une stratégie collective
Puis, il lui suggère ironiquement de demander à son voisin, Jean Zuccarelli, « un des principaux soutiens du gouvernement » des comptes sur la politique d’austérité. « Accordez-vous avec lui ! ». Il s’insurge également contre les critiques sociales et préconise que « chaque denier public aille vraiment pour les personnes les plus défavorisées ». Il entend redéfinir les priorités en matière de logement en axant les efforts sur la rénovation et sur le partage équilibré de solidarité dans tout le territoire. Il demande à chacun de dépasser son petit intérêt communal pour « avoir une visée communautaire et des objectifs collectifs qui sont la condition sine qua non pour réussir à mutualiser les moyens. Il faut résolument changer de gouvernance et de mode de gestion. On va vers l’austérité, non vers l’opulence. Nous avons la nécessité de bâtir une stratégie collective indiscutable ».
Pas de confiance
Le vote du budget principal relance la polémique. C’est, encore, Francis Riolacci qui remonte, seul, au créneau. Refusant de désarmer, il ré-entonne une plaidoirie en défense sur le bilan de l’ancienne mandature affirmant que l’exercice s’est clos sur des excédents. Ce que récuse François Tatti qui précise que l’affichage comptable d’excédents masque une situation de déséquilibre. L’élu communiste donne une explication de vote : « Nous ne voterons pas la proposition budgétaire car elle fait supporter sur la population les choix budgétaires et remet en cause la politique sociale. Nous ne vous accordons pas la confiance sur le budget principal ». Les trois élus présents de l’opposition s’abstiennent.
La problématique de l’eau
Le vote du budget de l’eau potable, sous l’épée de Damoclès du renouvellement d’affermages, est, également, prétexte à une nouvelle passe d’armes. Francis Riolacci demande le retour de l’exploitation en régie, à l’instar d’autres communes, en cas de trop forte augmentation des coûts pour les usagers. Relayé par Jean-Jacques Padovani, 2ème vice-président et maire de San Martinu di Lota qui révèle que les négociations avec les deux sociétés soumissionnaires, l’office hydraulique et Veolia, sont difficiles. « Quand nous avons ouvert les enveloppes, nous nous sommes rendus compte que les taux avaient explosé. Nous ne pouvons pas faire l’impasse sur la possibilité de récupérer l’ensemble du réseau de la CAB. Nous devons programmer une réflexion sur la régie publique ». Jean-Joseph Massoni s'étonne : « Pourquoi n’avez-vous pas fait cette réflexion avant de lancer l’appel d’offres ? ».
Un bien public
Gilles Simeoni, 3ème vice-président, intervient pour rappeler quelques réalités sur un sujet aussi stratégique. « Il y a, d’abord, la nécessité d’organiser l’accès à la ressource dans des conditions d’équité et de solidarité, l’eau doit rester un bien public. Il y a, ensuite, des enjeux sociaux forts. L’Office hydraulique est un outil important de la CTC ». Pour le maire de Bastia, le 1er intérêt à prendre en compte est communautaire et le problème essentiel est l’impact financier sur la CAB et sur le porte-monnaie des usagers. « Nous ne fermons aucune porte et nous n’excluons aucun choix, même celui de revenir en régie. Mais, nous ne devons pas oublier que nos choix peuvent avoir des implications humaines, techniques et sociales très lourdes ».
C’est également l’avis de François Tatti qui prône la prudence sur un dossier sensible. « On peut gérer autrement l’eau et l’assainissement. Mais il faut, d’abord, peser la réalité du contenu des offres et des nouvelles propositions qui ont été faites ».
Le budget primitif 2014 a été voté, dans sa globalité, par la majorité. L’opposition bastiaise s’est abstenue.
N.M.
L’âpreté de la polémique donne le ton de la stratégie adoptée par l’opposition. Et ce n’est pas la proximité des futurs scrutins qui devrait alléger l’atmosphère !
Un budget de transition
Pourtant, ce premier budget de la mandature n’a rien de passionnant. Il s'établit à environ 85,9 millions d’euros, répartis entre 50,5 millions d’euros pour le budget principal, 11,8 millions pour l’eau, 17,1 millions pour l’assainissement et 6,5 millions pour les transports. C’est, annonce le président de la CAB, François Tatti, « un budget de transition sans augmentation de la pression fiscale. Vu la situation dégradée et complexe des finances, dans un esprit de responsabilité, la priorité sera d’assurer le fonctionnement de la CAB ». Il brosse un tableau noir des comptes grevés par un trop grand recours à l’emprunt sur les dépenses d’équipement, des transferts de charges mal compensés, une réduction des dotations publiques liée au Pacte de responsabilité et l’augmentation probable des dépenses d’eau, d’assainissement et des charges de gestion et de personnels. Une épargne nette négative (-1,3 million €) et une dette de 35,7 millions €, dont 3,9 millions à rembourser cette année, rendent les marges de manœuvre très minces et les possibilités d’investir étiques. Les conclusions à-venir de l’audit sur la situation financière pourraient même remettre en cause ces prévisions à minima.
La faute à l’austérité
Ce tableau sombre n’est pas du goût de Francis Riolacci qui accuse la politique d’austérité du gouvernement d’être la cause de tous les maux. Il chiffre à 1,25 million € la perte générée par la baisse des dotations publiques (658 000 €) et des revenus de la fiscalité des entreprises imputables au Plan Valls (400 000 €) auxquelles s’ajoute la participation à la réduction du déficit global de la Nation (150 000 €).
Puis, l’élu communiste s’en prend aux choix drastiques faits par la nouvelle majorité en matière sociale. « La nouvelle orientation est la disparition du logement comme priorité. Soit vous mettez le social au cœur de l’opération, soit vous vous engagez dans l’austérité ». Il fustige, ensuite, les 400 000 € affectés à la dépense des stades et revient sur son idée de faire payer une redevance au Sporting pour l’utilisation des équipements et du stade Armand Cesari. Il estime, enfin, que le renouvellement des affermages de l’eau potable et de l’assainissement collectif ne doit pas entrainer une hausse des prix.
Un choix réaliste
La polémique politique, engagée par l’ex-chargé des finances de la CAB, fait bondir les diverses composantes de la majorité. La droite, agacée et stupéfiée, remet, vertement, les pendules à l’heure. Si l’élu bastiais, Jean-Joseph Massoni, se contente d’asséner qu’au vu du bilan, « le budget est réaliste », Michel Rossi, 1er vice-président et maire de Ville di Pietrabugno, ne mâche pas ses mots. « La CAB doit se focaliser sur des questions de gestion et d’aménagement. Je regrette qu’on aille sur des débats d’idées et des débats politiques qui n’ont pas lieu d’être dans nos travaux ». Précisant que lors de la précédente mandature, sa commune, gérée alors par Jean Baggioni, avait du avaler des couleuvres et accepté des orientations qui ne lui convenaient pas, il rétorque : « Nous devons tirer les leçons du passé. Si, auparavant, nous étions dans le même voyage et le même train, nous n’étions pas toujours dans le même wagon ». Avant de réitérer sa confiance dans la nouvelle gouvernance et son souci personnel de s’inscrire « dans une dynamique d’équité et de transparence ».
Le registre polémique
Le président Tatti, qui, jusque-là avait fait preuve de beaucoup de diplomatie, refusant de croiser le fer avec ses anciens colistiers, finit, lui aussi, par perdre patience. « J’avais fait en sorte que cette séance se passe paisiblement. Vous avez encore choisi le registre de la polémique. Si vous étiez aussi doué pour la gestion que pour la polémique, nous aurions, aujourd’hui, à gérer des excédents, pas des déficits ! Une épargne négative n’était pas inéluctable. Elle est la conséquence des décisions qui ont été prises. J’ai voté ces décisions, mais je ne vais pas dire qu’elles étaient la panacée ! Si les choses étaient aussi simples que vous le dites, le compte administratif aurait été voté en début d’année. Vous n’avez pas voulu le faire avant les élections ! », réplique-t-il à Francis Riolacci.
Une stratégie collective
Puis, il lui suggère ironiquement de demander à son voisin, Jean Zuccarelli, « un des principaux soutiens du gouvernement » des comptes sur la politique d’austérité. « Accordez-vous avec lui ! ». Il s’insurge également contre les critiques sociales et préconise que « chaque denier public aille vraiment pour les personnes les plus défavorisées ». Il entend redéfinir les priorités en matière de logement en axant les efforts sur la rénovation et sur le partage équilibré de solidarité dans tout le territoire. Il demande à chacun de dépasser son petit intérêt communal pour « avoir une visée communautaire et des objectifs collectifs qui sont la condition sine qua non pour réussir à mutualiser les moyens. Il faut résolument changer de gouvernance et de mode de gestion. On va vers l’austérité, non vers l’opulence. Nous avons la nécessité de bâtir une stratégie collective indiscutable ».
Pas de confiance
Le vote du budget principal relance la polémique. C’est, encore, Francis Riolacci qui remonte, seul, au créneau. Refusant de désarmer, il ré-entonne une plaidoirie en défense sur le bilan de l’ancienne mandature affirmant que l’exercice s’est clos sur des excédents. Ce que récuse François Tatti qui précise que l’affichage comptable d’excédents masque une situation de déséquilibre. L’élu communiste donne une explication de vote : « Nous ne voterons pas la proposition budgétaire car elle fait supporter sur la population les choix budgétaires et remet en cause la politique sociale. Nous ne vous accordons pas la confiance sur le budget principal ». Les trois élus présents de l’opposition s’abstiennent.
La problématique de l’eau
Le vote du budget de l’eau potable, sous l’épée de Damoclès du renouvellement d’affermages, est, également, prétexte à une nouvelle passe d’armes. Francis Riolacci demande le retour de l’exploitation en régie, à l’instar d’autres communes, en cas de trop forte augmentation des coûts pour les usagers. Relayé par Jean-Jacques Padovani, 2ème vice-président et maire de San Martinu di Lota qui révèle que les négociations avec les deux sociétés soumissionnaires, l’office hydraulique et Veolia, sont difficiles. « Quand nous avons ouvert les enveloppes, nous nous sommes rendus compte que les taux avaient explosé. Nous ne pouvons pas faire l’impasse sur la possibilité de récupérer l’ensemble du réseau de la CAB. Nous devons programmer une réflexion sur la régie publique ». Jean-Joseph Massoni s'étonne : « Pourquoi n’avez-vous pas fait cette réflexion avant de lancer l’appel d’offres ? ».
Un bien public
Gilles Simeoni, 3ème vice-président, intervient pour rappeler quelques réalités sur un sujet aussi stratégique. « Il y a, d’abord, la nécessité d’organiser l’accès à la ressource dans des conditions d’équité et de solidarité, l’eau doit rester un bien public. Il y a, ensuite, des enjeux sociaux forts. L’Office hydraulique est un outil important de la CTC ». Pour le maire de Bastia, le 1er intérêt à prendre en compte est communautaire et le problème essentiel est l’impact financier sur la CAB et sur le porte-monnaie des usagers. « Nous ne fermons aucune porte et nous n’excluons aucun choix, même celui de revenir en régie. Mais, nous ne devons pas oublier que nos choix peuvent avoir des implications humaines, techniques et sociales très lourdes ».
C’est également l’avis de François Tatti qui prône la prudence sur un dossier sensible. « On peut gérer autrement l’eau et l’assainissement. Mais il faut, d’abord, peser la réalité du contenu des offres et des nouvelles propositions qui ont été faites ».
Le budget primitif 2014 a été voté, dans sa globalité, par la majorité. L’opposition bastiaise s’est abstenue.
N.M.
Jean Zuccarelli et Francis Riolacci, deux conseillers communautaires, désormais dans l'opposition.