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Comment les petites entreprises du BTP s'en sortent-elles en Corse ?


Naël Makhzoum le Mercredi 19 Octobre 2022 à 16:58

La Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment de Corse-du-Sud (CAPEB 2A) organise ce mercredi 19 octobre les rencontres de l'artisanat et du BTP. L'occasion de faire le point avec son président départemental, Antoine Marcaggi, sur la situation des petites entreprises du secteur, en proie à une pénurie de main d'œuvre et de matériaux.



Antoine Marcaggi, président départemental CAPEB 2A
Antoine Marcaggi, président départemental CAPEB 2A
Filières indispensables à la Corse, dont les difficultés se multiplient depuis quelque temps, l'artisanat et le BTP sont très largement représentés sur l'ile : "Au niveau national, les entreprises de proximité représentent plus de 60% de l'activité principale, dévoile Antoine Marcaggi, président départemental de la CAPEB 2A. C'est beaucoup plus important en Corse, bien que les chiffres exacts sont difficiles à estimer en raison de leur variation récurrente." 

Des structures dont les difficultés s'accumulent . "Il y a une diminution de la marge des entreprises en raison de plusieurs facteurs, explique Antoine Marcaggi. Le trafic urbain rend les déplacements difficiles, les dépôts qui sont éloignés des centres-villes parce que le foncier est très cher, ce qui implique des kilomètres supplémentaires avec des coûts de gazole.

Mais deux problématiques principales restent au centre des préoccupations : la hausse du prix des matériaux et la raréfaction de la main-d'œuvre. Le premier de ces soucis est corrélé à la guerre russo-ukrainienne. Mais contrairement aux idées reçues, ce n'est pas forcément le conflit en lui-même qui implique les pénuries, mais plutôt le flou général que celui-ci provoque. "Lors d'un congrès au niveau national, on s'est rendu compte que la guerre en Ukraine n'avait rien à voir dans certains cas avec une augmentation des prix de certains groupes français, s'indigne le président départemental de la CAPEB 2A. Certains sont honnêtes, mais d'autres exemples flagrants de grossistes qui avaient du bois en stock et n'ont pas joué le jeu existent. Je pense que la guerre en Ukraine a les épaules larges quand de gros groupes donnent toujours cette raison." 

"Un salaire minimum de 1900€ pour commencer" 
L'autre difficulté principale réside dans le manque de main-d'œuvre, paradoxalement à la demande, qui existe. Attirer les jeunes vers les centres d'apprentissage est aussi nécessaire que complexe. Et ce, malgré les avantages promis par la filière. "Même s'il y a eu une augmentation de 20% du nombre d'apprentis l'an dernier, c'est toujours insuffisant, regrette Antoine Marcaggi. Sur le centre d'apprentissage, on a 280 postes vacants où on pourrait former des jeunes qui trouveraient immédiatement un emploi avec un salaire minimum de 1900€ pour commencer..."

L'image de la pénibilité du travail ou de celle d'un BTP réservé aux derniers de la classe pèse encore lourd dans la balance, alors qu'elle s'éloigne pourtant de la réalité actuelle. "C'est maintenant rare qu'un artisan n'aie pas l'outillage adéquat, assure le président de la CAPEB 2A. On investit beaucoup dans le matériel, on travaille beaucoup sur les postures, etc." 

Le recul de l'activité est aussi mêlé à la diminution des autorisations de mise en chantier, voire parfois au choix de certaines communes de cesser de délivrer des permis de construire. "Mais il y a tellement de bâtiments qui nécessitent des rénovations, des améliorations thermiques ou un passage à des énergies renouvelables pour lesquels on a des aides, nuance Marcaggi. Pour les petites entreprises et artisans, il y a beaucoup de travail." 

L'évolution du secteur nécessitera de la patience, mais les motifs d'espoir sont nombreux.