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Collectivité de Corse : L’opposition demande des comptes sur des recrutements externes


Nicole Mari le Jeudi 9 Janvier 2020 à 21:11

La Collectivité de Corse, déjà en surnombre, a-t-elle créé 150 postes supplémentaires depuis juillet 2019 ? C’est la question orale posée, jeudi matin en début de session de l’Assemblée de Corse, par François Orlandi, conseiller territorial du groupe Andà per Dumane et ex-président du Conseil départemental de Haute-Corse avant la fusion des trois collectivités. « Non ! » répond l’Exécutif qui livre des chiffres et promet un rapport détaillé sur les effectifs pour la prochaine session de fin février.



François Orlandi, conseiller territorial du groupe Andà per Dumane. Photo Michel Luccioni.
François Orlandi, conseiller territorial du groupe Andà per Dumane. Photo Michel Luccioni.
La question part d’un rapport voté à la session de juillet 2019 qui ouvrait plus de 150 postes à la Collectivité, un an à peine après la fusion. Avec de possibles recrutements à la clé que le groupe d’opposition Andà per Dumane jugeait inopportuns. « La mutualisation des moyens, la présence de personnels qualifiés et compétents, des mobilités tant géographiques que professionnelles souhaitées, étaient les garants que cette fusion ne pouvait impliquer des recrutements excessifs », commente François Orlandi, conseiller territorial du groupe Andà per Dumane et ex-président du Conseil départemental de Haute-Corse (CD2B) avant ladite fusion. « Les arguments invoqués se fondent sur le refus de fonctionnaires de candidater à l'interne, refus de formation, refus de mobilité. Si ces arguments sont sans doute parfois justifiés, il est étonnant qu’ils portent sur un nombre particulièrement important de postes qu’il aurait fallu pourvoir en externe… Cela est en contradiction avec des retours de représentants des personnels et des personnels eux-mêmes qui affirment qu'ils candidatent, qu'ils demandent des formations et pour certains qui souhaitent une mobilité ». Il exige, donc, des comptes sur le nombre et le type de postes ouverts par appel à candidature, ainsi que sur le nombre de réponses reçues en interne et retenues. Et s’il entend la réponse de l’Exécutif, elle ne lui paraît pour l’instant pas encore satisfaisante, comme il l’explique en vidéo à CNI :


 

« Nous n’avons pas recruté 150 agents ! » répond Gilles Simeoni

Gilles Simeoni, président de l'Exécutif corse. Photo Michel Luccioni.
Gilles Simeoni, président de l'Exécutif corse. Photo Michel Luccioni.
Pas de recrutements intensifs
« Nous n’avons pas recruté 150 agents en juillet 2019 ! Soyez rassurés ! », réplique tranquillement le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, que cette marotte de l’opposition ne manque cependant pas d’agacer au regard du contentieux d’autres collectivités sous d’autres mandatures. Il évoque une incompréhension dans la lecture dudit rapport : « Nous avons anticipé sur des ouvertures théoriques de postes parce que nous ne savions pas si nos besoins seraient pourvus en interne. Au final, 22 postes ont été ouverts suite à la promotion d’agents qui ont eu un concours, 28 autres ont été ouverts en interne et externe et sont, pour l’essentiel, pourvus. Les 100 autres postes théoriques ont été supprimés ». Et d’aligner des chiffres sans appel : « Pour la seule année 2017, avant la fusion, les deux Conseils départementaux (CD) ont recruté plus que la CTC : 44 entrées, 39 sorties, soit + 5 postes pour le CD2A. 72 entrées, 31 sorties, soit + 41 postes pour le CD 2B. 40 entrées, 83 sorties, soit - 43 postes pour la CTC ».
 
Des métiers rares
Gilles Simeoni assure que les recrutements par mobilité interne sont privilégiés : « 90 % des postes sont publiés uniquement en interne et même jusqu’à 5 fois pour justement privilégier le recrutement en interne ». Tout en légitimant le recours ponctuel à des recrutements externes dans des cas bien particuliers où des besoins aigus en compétences spécifiques ne sont pas pourvus : « Il y a des métiers qui font l’objet d’expertise peu courante ou de formations obligatoires, des métiers rares ou en tension sur le marché du travail. Par exemple : des médecins, des puéricultrices, des éducateurs, des mécaniciens ou des assistantes sociales. Nous avons constaté, notamment dans le domaine social, des lacunes importantes et structurelles dans des compétences fondamentales, qui mettent quelque fois en péril la continuité de notre action dans certains domaines. Par exemple : les assistantes d’éducation spécialisées. Près de 49 procédures de recrutement ont du être lancées en 2018 et 2019, dont 22 pour le Cismonte… Pour 2019, au total, ce sont 67 procédures de recrutements externes qui ont été menées à terme, l’immense part pour des métiers rares. Le recours à ces recrutements se fait avec beaucoup de prudence ».
 
Priorité à la mobilité interne
Revenant sur la polémique qu’il n’apprécie pas sur cette question de mobilité interne, le président de l’Exécutif rappelle : « Nous avons élaboré, avec les partenaires sociaux, une charte de la mobilité qui n’existait dans aucune des anciennes collectivités et qui constitue le cadre réglementaire de référence pour la gestion de ces opérations. Nous ne faisons pas de mobilité forcée, une personne, qui ne veut pas bouger, ne peut pas être contrainte de le faire ». Autrement dit, la mobilité ne se fait pas sur décision discrétionnaire du président, mais obéit à des critères et une logique d’ambition personnelle de carrière. En 2018 et 2019, 615 postes ont été ouverts à la mobilité interne. En tout, près de 1100 procédures de mobilité interne ont été réalisées. « Ce sont là des chiffres exceptionnels et inégalés pour la Corse, mais également pour une collectivité de taille comparable. La mobilité n’est donc pas en panne, même si elle mérite d’être améliorée. La trajectoire est vertueuse, nous faisons le maximum d’efforts en ce sens », conclut-il. En promettant qu’un rapport sera soumis en février à l’assemblée afin de « présenter un tableau des effectifs consolidé dans les règles de l’art ».
 
N.M.