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César Filippi : "Les pionniers du tourisme durable, c'est nous"


La rédaction le Jeudi 18 Janvier 2024 à 19:56

Avec cette affirmation, le GHR (Groupement des hôtelleries et restaurations) Corsica et leur président César Filippi repartent en croisade pour faire entendre leurs voix et dénoncer la concurrence de la para-hôtellerie "ce fléau destructeur du tourisme noir que l’on a laissé impunément et scandaleusement prospérer"



César Filippi, président du GHR Corsica
César Filippi, président du GHR Corsica
En août dernier, César Filippi dressait un bilan peu reluisant de la haute-saison touristique. Il constatait la baisse de la fréquentation sur tout le territoire, mais encore plus particulièrement en Corse. « De 8 à 30 % selon les régions. » Une des premières causes étant, pour lui, l’inflation : « La Corse a toujours été plus chère » confirmait-il en rappelant les disparités avec le continent. « Pour les professionnels d’abord. Nous n’avons pas d’enseignes Métro en Corse, pas de centrales d’achats. » Il évoquait aussi, à ce moment-là, le coût social plus élevé de 8 % et les frais de logement du personnel. Depuis, il a rencontré le préfet de région, des élus, et même le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire. Pour Corse Net Infos, il fait le point sur l’avancée de ce dossier avec, toujours, cette volonté que les professionnels retrouvent leur place sur le marché et en ligne de mire, la concurrence déloyale de la para-hôtellerie.

- Vous rendez la collectivité de Corse et l’Etat coupable de cette situation ?
- S’engager résolument dans le tourisme durable. Voilà la préconisation, plutôt le paravent derrière lequel se cachent les tenants de la politique de la Collectivité de Corse et de l’État pour masquer leurs décennies d’incurie à tous les niveaux : planification, équipements publics (eau, énergie, déchets, logements sociaux…), fiscalité, financement bancaire, formation professionnelle, promotion ciblée ! Mais, encore et surtout, aveuglement complice sur la para-hôtellerie (près de 600 000 lits), ce fléau destructeur du tourisme noir que l’on a laissé impunément et scandaleusement prospérer.

- Pourtant, selon vous, ce tourisme durable, on le pratique depuis longtemps sur l'île ?
- À l’instar de Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, d’innombrables exploitants touristiques pratiquent, à leur insu, le tourisme durable depuis presque un demi-siècle. En matière d’hospitalité, de savoir-faire, de respect de l’environnement et des circuits-courts pour privilégier les artisans et les producteurs de proximité, nos entreprises des T.P.E et des P.M.E familiales et patrimoniales n’ont aucune leçon à recevoir. Et pour cause. Elles savent depuis toujours que ces valeurs culturelles, identitaires et humaines constituent bien plus que leur principale ressource : leur ADN.
 
- Comment aller vers ce développement auquel ces entreprises aspirent ?
- Par « développement », elles entendent qu’on leur rende justice avec des mesures vertueuses et équitables : un crédit d’investissement pour se restructurer, une fiscalité qui gomme les surcoûts d’exploitations par rapport au Continent (de l’ordre de + 21% ) et une loi qui mettra sur un même pied d’égalité, en termes de règles économiques, fiscales, administratives et sociales, toutes les entités qui font des offres d’hébergement sur le marché.

- Le tourisme durable, que vous pratiquez, implique des sacrifices quotidiens ?
- Les femmes et les hommes qui gèrent des établissements à forte valeur ajoutée et à forte incidence sociale, en montagne comme sur le littoral, ne sont ni des spéculateurs, ni des asservisseurs. Ils entendent le contraire d’ « éphémère » et de « périssable » car des décennies d’impéritie les condamnent, au mieux, à la survie. Leurs sacrifices quotidiens, ils n’y consentent que par amour immodéré de leur terre et dans l’espoir, de plus en plus chétif, de pérenniser leurs activités pour les générations futures plutôt que de céder à la prédation extérieure ou de perdre leur âme en s’associant à la marche forcée des multinationales.

- Qu’attendez vous de cet énième appel de la profession ?
- Acteurs économiques directs, induits ou périphériques du tourisme, si vous partagez notre analyse, notre conception du tourisme et notre détermination « durable », en un mot notre combat, alors : rejoignez-nous !