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Centre de tri de Monte : après le rejet du recours, le collectif Piaghja di Golu dénonce "un projet imposé par la force"


MV Barbieri le Mardi 22 Avril 2025 à 16:00

Quelques jours après la décision du tribunal administratif de Bastia de rejeter leur demande de suspension du permis de construire du centre de tri de Monte, les opposants au projet expriment leur colère. Dans un communiqué, le collectif Piaghja di Golu dénonce un projet « industriel » imposé « sans tenir compte de l'opposition populaire » et réclame la dissolution du Syvadec.



Photo illustration, crédit Core in Fronte
Photo illustration, crédit Core in Fronte
Quelques jours après la décision du tribunal administratif de Bastia, la colère ne retombe pas à Monte. Le 18 avril dernier, la juridiction a rejeté la demande de suspension du permis de construire accordé par le maire au Syvadec pour la réalisation d'un centre de tri et de valorisation des déchets. Saisie par cinq associations et six agriculteurs, la justice a estimé que les conditions d'urgence n'étaient pas réunies et que le projet, en l’état, présentait un « intérêt public ». Une sentence que le collectif Piaghja di Golu accueille « avec consternation et incompréhension », dénonçant une décision « réaliste mais diabolique » : « Puisque tout a été détruit, il n'y aurait plus d'urgence à suspendre le chantier », s’indigne-t-il. 

Dans un communiqué, les opposants dénoncent une procédure imposée « par la force » aux habitants et au monde agricole. Selon eux, les informations initiales présentées à la population minimisaient la réalité du projet.  On nous avait promis un centre de tri fermé avec 15 camions par jour. Nous savons désormais qu’il s'agit d'un complexe de 35 000 m², avec jusqu’à 150 camions/jour, six jours sur sept », écrivent-ils. Le centre traiterait notamment les ordures ménagères résiduelles (OMR) de toute l'île, hormis le Grand Ajaccio, ainsi que la fabrication de Combustibles Solides de Récupération (CSR).

Le collectif rappelle que lors de l’enquête publique, 141 contributions avaient exprimé leur opposition contre seulement 32 avis favorables. Pourtant, le rapport d'enquête a validé la faisabilité du projet, suscitant l’incompréhension des opposants qui dénoncent une enquête « déconnectée des préoccupations citoyennes ». Ils pointent aussi une dérive du processus : « On laisse la situation empirer pendant des années, puis on brandit l’urgence pour justifier un projet industriel massif financé à 100 % par des fonds publics. »

Une attaque frontale contre le Syvadec
Les inquiétudes portent aussi sur les risques environnementaux. L’implantation du centre à proximité du Golo, dont la récente crue a rappelé la vulnérabilité, soulève de vives inquiétudes sur la pollution des nappes phréatiques et sur la contamination des terres agricoles. Le collectif redoute également que l’activité de tri et de traitement génère des émissions de particules fines, de métaux lourds et de polluants susceptibles d'affecter les captages d’eau potable et l’étang de Biguglia. Pour Piaghja di Golu, l'implantation du CTV de Monte signe une « trahison » du plan déchets de 2016, qui privilégiait alors le traitement au plus près des gisements. Ils estiment que ce projet éloigne encore davantage les solutions locales, génère des surcoûts de transport estimés à 15 millions d’euros supplémentaires par an et risque de se traduire par une hausse continue de la facture pour les contribuables insulaires.

Sur le fond, les opposants contestent également la logique de produire des CSR destinés à l'incinération. Une stratégie industrielle, selon eux, contraire aux objectifs de tri à la source, et qui ouvrirait la voie à la construction d’un incinérateur en Corse, malgré les fortes oppositions environnementales observées dans d'autres pays européens. Dans ce contexte, le collectif appelle non seulement à l'arrêt immédiat des travaux, mais aussi à la dissolution du Syvadec, accusé d’avoir failli à sa mission de gestion équilibrée des déchets et demande à la Collectivité de Corse de reprendre directement en main la gestion du dossier, en réactualisant le plan déchets et en développant des filières de recyclage local plus respectueuses de l’environnement. « Notre vallée est le grenier et le joyau de l'agriculture corse, elle ne doit pas devenir la capitale des déchets », concluent-ils, affirmant leur détermination à poursuivre la mobilisation dans ce combat qu'ils estiment aussi « environnemental, économique et patrimonial ».