
Dans un communiqué, les opposants dénoncent une procédure imposée « par la force » aux habitants et au monde agricole. Selon eux, les informations initiales présentées à la population minimisaient la réalité du projet. On nous avait promis un centre de tri fermé avec 15 camions par jour. Nous savons désormais qu’il s'agit d'un complexe de 35 000 m², avec jusqu’à 150 camions/jour, six jours sur sept », écrivent-ils. Le centre traiterait notamment les ordures ménagères résiduelles (OMR) de toute l'île, hormis le Grand Ajaccio, ainsi que la fabrication de Combustibles Solides de Récupération (CSR).
Le collectif rappelle que lors de l’enquête publique, 141 contributions avaient exprimé leur opposition contre seulement 32 avis favorables. Pourtant, le rapport d'enquête a validé la faisabilité du projet, suscitant l’incompréhension des opposants qui dénoncent une enquête « déconnectée des préoccupations citoyennes ». Ils pointent aussi une dérive du processus : « On laisse la situation empirer pendant des années, puis on brandit l’urgence pour justifier un projet industriel massif financé à 100 % par des fonds publics. »
Une attaque frontale contre le Syvadec
Les inquiétudes portent aussi sur les risques environnementaux. L’implantation du centre à proximité du Golo, dont la récente crue a rappelé la vulnérabilité, soulève de vives inquiétudes sur la pollution des nappes phréatiques et sur la contamination des terres agricoles. Le collectif redoute également que l’activité de tri et de traitement génère des émissions de particules fines, de métaux lourds et de polluants susceptibles d'affecter les captages d’eau potable et l’étang de Biguglia. Pour Piaghja di Golu, l'implantation du CTV de Monte signe une « trahison » du plan déchets de 2016, qui privilégiait alors le traitement au plus près des gisements. Ils estiment que ce projet éloigne encore davantage les solutions locales, génère des surcoûts de transport estimés à 15 millions d’euros supplémentaires par an et risque de se traduire par une hausse continue de la facture pour les contribuables insulaires.
Sur le fond, les opposants contestent également la logique de produire des CSR destinés à l'incinération. Une stratégie industrielle, selon eux, contraire aux objectifs de tri à la source, et qui ouvrirait la voie à la construction d’un incinérateur en Corse, malgré les fortes oppositions environnementales observées dans d'autres pays européens. Dans ce contexte, le collectif appelle non seulement à l'arrêt immédiat des travaux, mais aussi à la dissolution du Syvadec, accusé d’avoir failli à sa mission de gestion équilibrée des déchets et demande à la Collectivité de Corse de reprendre directement en main la gestion du dossier, en réactualisant le plan déchets et en développant des filières de recyclage local plus respectueuses de l’environnement. « Notre vallée est le grenier et le joyau de l'agriculture corse, elle ne doit pas devenir la capitale des déchets », concluent-ils, affirmant leur détermination à poursuivre la mobilisation dans ce combat qu'ils estiment aussi « environnemental, économique et patrimonial ».