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Cap Corse : La rentrée scolaire au collège de Luri sous l’œil attentif du Conseil Exécutif


Nicole Mari le Mardi 5 Septembre 2017 à 22:38

Après avoir assisté à la rentrée à l’école primaire, nouvellement bilingue, de Miomo, le président du Conseil Exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), Gilles Simeoni, le président de l'assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, le député Michel Castellani, et le Conseil Exécutif, ont symboliquement choisi le collège de Luri, dans le Cap Corse, pour la rentrée du secondaire. Frappé par une pénurie croissante d’effectifs, le collège, situé en milieu rural, a évité, de peu, une suppression de postes, voire une fermeture, et reste sur le fil du rasoir. L’Exécutif en a profité pour faire un point sur son action en matière éducative, lister les grands chantiers à court et moyen termes et marteler la nécessité d’obtenir un cadre spécifique pour l’académie de Corse.



Les présidents du Conseil exécutif, le président de l'Assemblée de Corse et le Conseil exécutif, dans la cantine du collège de Luri.
Les présidents du Conseil exécutif, le président de l'Assemblée de Corse et le Conseil exécutif, dans la cantine du collège de Luri.
C’est la rentrée ! Pour les élèves du collège de Luri, leurs familles, l’équipe pédagogique et même les élus, c’est, avant tout, le soulagement ! En panne croissante d’effectifs, le collège du Cap Corse s’est retrouvé, avant l’été, dans une situation très délicate avec un nombre insuffisant d’inscrits pour sauver un poste. Puis les problèmes se sont aggravés et a surgi le spectre de la fermeture, le nombre d'élèves n’était plus suffisant pour que l'établissement fonctionne dans des conditions normales. Finalement, une poignée d’inscriptions de dernière minute a permis de dépasser le couperet des 100 élèves. Ce sont finalement 108 élèves qui ont fait la rentrée 2017. « C'est satisfaisant ! Les élèves étaient contents. Il faudra être vigilant sur les années à venir. Nous le serons. Le collège de Luri est un collège dynamique avec plein de projets. Nous sommes ravis de la présence de l'Exécutif de Corse qui a pu voir comment nous travaillons », se félicite Pierre Rossi, principal du collège. L’établissement, d’une capacité de 190 élèves, en comptait 160 il y a plusieurs années, et 140 il y a cinq ans. Une déperdition progressive causée notamment par la perte des enfants des communes situées au Sud du Cap Corse, comme Sisco et Pietracorbara. Les parents travaillant sur Bastia ayant tendance à scolariser leurs enfants dans les collèges de la ville pour des raisons de commodité, les villages deviennent quasiment l’hiver des cités-dortoirs.
 
La problématique du rural
Pour Dominique Cervoni, maire de Luri, la problématique est celle de la ruralité. « A l’occasion de cette rentrée scolaire, nous avons besoin de faire le point sur les conditions actuelles du fonctionnement du collège, notamment la question des effectifs. Nous sommes mobilisés contre leur diminution à laquelle nous sommes confrontés depuis un certain nombre d’années. Mais, nous ne faisons pas de catastrophisme. La venue, à Luri, du président de l’Exécutif et de son Conseil est très significative et intimement liée à cette problématique de diminution des effectifs scolaires en milieu rural. Le problème de fond est la poursuite du déclin démographique. Comment inverser cette tendance et recréer des conditions économiques qui permettraient plus de réinsertion professionnelle et d’activités, et, à partir de là, un nouveau tissu démographique dont les établissements scolaires seraient bénéficiaires en termes d’effectifs ? C’est le véritable enjeu de l’avenir ». Le maire de Luri en appelle à la mobilisation de tous, pouvoir politique et population. « Les élus de la Communauté de communes doivent convaincre les familles que c’est une chance pour leurs enfants d’avoir un établissement scolaire de cette qualité dans le Cap Corse ».

Un pôle d’excellence
Pour Paul Tomasi, référent de Corsica Libera, la solution passe par des formations adaptées et la création d’un pôle d’excellence dans le cadre du parc marin. « Nous avons proposé une réunion avec la direction du collège pour discuter d’un projet de pôle d'excellence. Cela permettrait de sauvegarder des postes d'enseignants, de fixer les élèves sur le site, d’envisager même la création d’un internat, et, d’un point de vue économique, d’offrir à des jeunes des situations adaptées aux besoins de la région. Ce pôle d'excellence pourrait voir le jour dans le cadre d’un projet gouvernemental élaboré dans la région, par exemple le parc marin du Cap Corse, dont une partie est gérée par les aires marines protégées qui sont une instance d'Etat. L’idée est que des jeunes puissent faire la totalité de leur cursus sur une formation qui, à 90%, débouchera sur des postes d'avenir, en partenariat avec le parc marin, notamment des postes de techniciens, d’ingénierie, de garde maritime... Des tas de possibilités existent ».
 
L’éducation, une priorité
La menace qui pèse sur le collège de Luri a, donc, poussé l’Exécutif territorial à choisir symboliquement cet établissement pour inaugurer la rentrée 2017 et réaffirmer sa volonté de faire de l’éducation l’une des priorités de son action. « Une rentrée scolaire, c’est toujours un moment important, particulier, pour les élèves et leurs familles, pour l’ensemble de la communauté éducative et le personnel technique, mais aussi pour les élus. Cette année, nous avons voulu véritablement marquer que l’enseignement et l’éducation sont au cœur de nos priorités. C’est la raison pour laquelle, nous avons choisi de faire la rentrée à l’école primaire de Santa Maria di Lota qui a fait le choix, porté par le maire, le Conseil municipal et la communauté éducative, validé par un vote massif des parents d’élèves, d’orienter progressivement sur trois ans l’école vers le bilinguisme. En fin de matinée, nous avons fait la rentrée du secondaire au collège de Luri que nous avons choisi parce qu’il est emblématique de notre volonté d’être présents aussi bien dans le milieu urbain que dans le milieu rural et dans la Corse de l’intérieur », explique Gilles Simeoni, président de l'Exécutif de la CTC.

Un collège emblématique
Accompagné de son Conseil exécutif, du président de l’Assemblée, Jean-Guy Talamoni, et du député de la circonscription, Michel Castellani, il a visité le collège et rencontré le corps enseignant. « La communauté éducative est très soudée. Des efforts sont faits pour améliorer l’accès à l’éducation. La cantine est de qualité. Nous avons voulu encourager les personnels techniques à travers un travail que nous avons effectué, notamment avec les instances paritaires au sein de la CTC, pour améliorer leurs statuts au plan social. Le collège de Luri est, pour nous, un lieu et un collège emblématiques des politiques publiques que nous voulons mettre en œuvre ». Gilles Simeoni rappelle que la CTC et, demain la collectivité unique, ont des compétences exclusives dans un certain nombre de domaines de l’enseignement secondaire. « Les budgets de l’enseignement et de l’éducation, aussi bien en enseignement qu’en fonctionnement, sont en augmentation. Nous commençons à récolter les premiers fruits des efforts que nous avons réalisés en concertation avec l’ensemble de la communauté éducative, notamment les chefs d’établissement. Avec eux, nous avons relancé le dialogue de gestion automatisée, amélioré l’accès au numérique et intensifié la politique linguistique. Nous venons de mettre en œuvre une nouvelle subvention d’un montant de 2000 € pour favoriser l’accès de tous les collèges, notamment de l’intérieur, aux activités culturelles et artistiques ».
 
Un cadre spécifique
Mais comment sauver les collèges dans le rural ? Pour Gilles Simeoni, la solution passe par la prise en compte des spécificités insulaires dans un cadre normatif adapté. « Nous avons, d’ores et déjà, obtenu l’inscription dans la loi du statut d’île-montagne qui nous permettra de solliciter des mesures dérogatoires, par exemple dans le domaine des règles en matière d’éducation ou de santé. Nous plaiderons pour obtenir un cadre spécifique à l’académie de Corse, comme nous l’avons obtenu pour l’université. Les normes, qui sont définies pour l’ensemble de la France, ne conviennent pas à la réalité démographique et éducationnelle insulaire ». C’est, également, une nécessité pour Josepha Giacometti, conseillère exécutive en charge de l’éducation, de la formation et de l’enseignement supérieur. « La mise en œuvre d’un cadre normatif spécifique pour notre académie nous permettra, enfin, de disposer des moyens et des ressources nécessaires et d’avoir un pouvoir de négociation qui soit véritablement à la hauteur des compétences de notre collectivité. Nous voulons aboutir à la mise aux normes de notre académie pour pouvoir maintenir, également, les jeunes Capétiens. Nous étions, la semaine dernière, à leurs côtés pour qu’ils soient maintenus en Corse ».
 
Un véritable projet éducatif
Josepha Giacometti en profite pour dresser le bilan de cette rentrée et du travail effectué depuis le début de la mandature : « Malgré un contexte budgétaire contraint, nous avons fait le choix de maintenir les investissements à la hauteur de ce à quoi ont droit les élèves de cette île. Nous avons fait un tour des établissements et pris en compte un ensemble de problématiques que nous avons exposées lors d’un séminaire en 2016. Nous avons fixé des objectifs clairs en matière de projet éducatif qui englobe la langue corse, la nécessité d’accroître les moyens et les ressources mis à la disposition de son enseignement, la nécessité de mieux doter les établissements en matière numérique, des questions liées à l’environnement, pas seulement au niveau de la sensibilisation, mais tout un plan d’actions qui se décline à travers des métiers. En un mot, nous avons posé les conditions d’un véritable projet éducatif pour la Corse. Nous avons, aujourd’hui, les moyens et le devoir de le faire ».
La visite du collège achevée, le Conseil exécutif a tout aussi symboliquement choisir de tenir à Luri dans les locaux de la mairie, sa réunion hebdomadaire, une réunion qu’il a périodiquement coutume de décentraliser.
 
N.M.

Le président de l'Exécutif et le recteur de l'académie de Corse.
Le président de l'Exécutif et le recteur de l'académie de Corse.