La chaleur était accablante en cette fin d’après-midi du 15 août, et beaucoup de fidèles avaient préféré s’installer dans l’église, relativement fraîche, plutôt que de parcourir les rues pentues du village derrière la statue de Marie. L’affluence était telle que tous n’avaient pu, cependant, y trouver de place assise. La messe a débuté au retour de la procession.
Cette année, elle était accompagnée par Jean-Toussaint Paolacci – maire de Casevechje –, Sébastien Casalonga – acteur que beaucoup ont pu voir jouer dans la série Paese, sur Via Stella – et Charles Contri, trois chanteurs qui, sans être affiliés à une même confrérie, ont coutume, depuis de longues années, de chanter la messe en paghjella, à l’usu nustrale.
A la fin du Dio, superbement interprété par le trio, les fidèles commençaient à quitter les bancs lorsque le maire les a rappelés au micro : un spectacle allait leur être proposé dans l’édifice. Surprise ! L’église s’est donc de nouveau remplie pour assister à cette prolongation inattendue. Une petite estrade avait été aménagée devant l’autel. Les chanteurs, un peu inquiets, ont prévenu qu’ils n’utiliseraient pas de micro, « parce que ce n’est pas traditionnel… et que ce n’est pas beau. » Mais l’acoustique de l’édifice est telle que le micro s’est révélé sans objet.
Un artiste complet : de la composition à l’interprétation d’œuvres très diverses
L’artiste qui se produisait n’était autre que Jérôme Ciosi, le fils d’Antoine, guitariste également de Thomas Dutronc. Un peu ému de jouer ainsi après la messe, comme il l’a expliqué en préambule, il a inscrit sa prestation dans le parcours musical qui avait été le sien. « La guitare, c’est un instrument très différencié ! » Une affirmation qu’il a su illustrer brillamment tout au long de la représentation. Expliquant qu’il avait commencé son apprentissage par un parcours traditionnel au conservatoire, il a régalé les spectateurs de quelques morceaux de musique classique, suivis de compositions personnelles jazzy et entraînantes, comme de mélodies plus nostalgiques – ainsi celle dédiée à sa grand-mère, originaire de Venzolasca –, alliant virtuosité et sensibilité : « Je privilégie toujours la mélodie, un air facilement mémorisable, puis je fais des variations », a-t-il expliqué.
Se sont ainsi succédés un morceau du Catalan Fernando Sor, compositeur du XIXe siècle qui « faisait sonner la guitare comme un piano », le fameux Jeux interdits de Narciso Yepes, ou encore un extrait du Concerto d’Aranjuez – des morceaux qui ont tant contribué à rendre populaire la guitare –, ainsi qu’une transposition pour cet instrument de la 2ème suite de Bach pour luth : « Les suites de Bach, au début, j’ai trouvé ça très difficile à jouer… Et maintenant… je trouve ça encore plus difficile ! », a-t-il magagné avant d’en réussir une interprétation magistrale.
La cetera, sortie de l’oubli au moment du Riacquistu
L’artiste a alors changé sa guitare pour la cetera traditionnelle « qui a une histoire ! Elle avait complètement disparu. On n’en trouvait plus qu’en très mauvais état, au fond des granges… ou sur des plans... » C’est dans les années soixante-dix, au moment du Riacquistu, que des luthiers ont redonné vie à cet instrument de 16 cordes : « J’espère qu’elles sont toutes bien accordées ! », s’est-il amusé avant d’entamer le premier morceau. « Cet instrument, a-t-il ajouté, a une sonorité évocatrice de l’âme corse ! »
Pour mieux le démontrer aux spectateurs, Jérôme Ciosi a interprété des airs de notre patrimoine, avant d’accompagner tour à tour ses trois amis Charles, Sébastien et Jean-Toussaint. Charles Contri a ainsi chanté une sérénade traditionnelle. Sébastien Casalonga a poursuivi avec une interprétation poignante de Sott’à lu ponte, cette berceuse composée sur fond de guerre de 1914-18. Puis Jean-Toussaint Paolacci s’est joint à eux pour des airs interprétés en trio. Le public n’a pas boudé son plaisir, battant des mains en rythme et ovationnant les chanteurs. La guitare a repris la place de la cetera pour un dernier volet évocateur de la tradition corse, principalement consacré à ces mélodies jouées dans les bars d’Aiacciu ou de Bastia et dont la difficulté avait pour objectif de mettre en évidence la dextérité des interprètes : ainsi de la Mazurka de la cigarette – nommée ainsi parce que le guitariste réussissait l’exploit de fumer tout en jouant. De la traditionnelle Retraite espagnole. Ou encore de la Valse ajaccienne…
Le concert s’est terminé par la chanson d’Antoine Ciosi, Chi fà, dont le refrain a été repris en cœur par l’assistance. La soirée s’est alors poursuivie sur la place de l’église, autour d’un grand buffet, dans une ambiance latino…
Cette année, elle était accompagnée par Jean-Toussaint Paolacci – maire de Casevechje –, Sébastien Casalonga – acteur que beaucoup ont pu voir jouer dans la série Paese, sur Via Stella – et Charles Contri, trois chanteurs qui, sans être affiliés à une même confrérie, ont coutume, depuis de longues années, de chanter la messe en paghjella, à l’usu nustrale.
A la fin du Dio, superbement interprété par le trio, les fidèles commençaient à quitter les bancs lorsque le maire les a rappelés au micro : un spectacle allait leur être proposé dans l’édifice. Surprise ! L’église s’est donc de nouveau remplie pour assister à cette prolongation inattendue. Une petite estrade avait été aménagée devant l’autel. Les chanteurs, un peu inquiets, ont prévenu qu’ils n’utiliseraient pas de micro, « parce que ce n’est pas traditionnel… et que ce n’est pas beau. » Mais l’acoustique de l’édifice est telle que le micro s’est révélé sans objet.
Un artiste complet : de la composition à l’interprétation d’œuvres très diverses
L’artiste qui se produisait n’était autre que Jérôme Ciosi, le fils d’Antoine, guitariste également de Thomas Dutronc. Un peu ému de jouer ainsi après la messe, comme il l’a expliqué en préambule, il a inscrit sa prestation dans le parcours musical qui avait été le sien. « La guitare, c’est un instrument très différencié ! » Une affirmation qu’il a su illustrer brillamment tout au long de la représentation. Expliquant qu’il avait commencé son apprentissage par un parcours traditionnel au conservatoire, il a régalé les spectateurs de quelques morceaux de musique classique, suivis de compositions personnelles jazzy et entraînantes, comme de mélodies plus nostalgiques – ainsi celle dédiée à sa grand-mère, originaire de Venzolasca –, alliant virtuosité et sensibilité : « Je privilégie toujours la mélodie, un air facilement mémorisable, puis je fais des variations », a-t-il expliqué.
Se sont ainsi succédés un morceau du Catalan Fernando Sor, compositeur du XIXe siècle qui « faisait sonner la guitare comme un piano », le fameux Jeux interdits de Narciso Yepes, ou encore un extrait du Concerto d’Aranjuez – des morceaux qui ont tant contribué à rendre populaire la guitare –, ainsi qu’une transposition pour cet instrument de la 2ème suite de Bach pour luth : « Les suites de Bach, au début, j’ai trouvé ça très difficile à jouer… Et maintenant… je trouve ça encore plus difficile ! », a-t-il magagné avant d’en réussir une interprétation magistrale.
La cetera, sortie de l’oubli au moment du Riacquistu
L’artiste a alors changé sa guitare pour la cetera traditionnelle « qui a une histoire ! Elle avait complètement disparu. On n’en trouvait plus qu’en très mauvais état, au fond des granges… ou sur des plans... » C’est dans les années soixante-dix, au moment du Riacquistu, que des luthiers ont redonné vie à cet instrument de 16 cordes : « J’espère qu’elles sont toutes bien accordées ! », s’est-il amusé avant d’entamer le premier morceau. « Cet instrument, a-t-il ajouté, a une sonorité évocatrice de l’âme corse ! »
Pour mieux le démontrer aux spectateurs, Jérôme Ciosi a interprété des airs de notre patrimoine, avant d’accompagner tour à tour ses trois amis Charles, Sébastien et Jean-Toussaint. Charles Contri a ainsi chanté une sérénade traditionnelle. Sébastien Casalonga a poursuivi avec une interprétation poignante de Sott’à lu ponte, cette berceuse composée sur fond de guerre de 1914-18. Puis Jean-Toussaint Paolacci s’est joint à eux pour des airs interprétés en trio. Le public n’a pas boudé son plaisir, battant des mains en rythme et ovationnant les chanteurs. La guitare a repris la place de la cetera pour un dernier volet évocateur de la tradition corse, principalement consacré à ces mélodies jouées dans les bars d’Aiacciu ou de Bastia et dont la difficulté avait pour objectif de mettre en évidence la dextérité des interprètes : ainsi de la Mazurka de la cigarette – nommée ainsi parce que le guitariste réussissait l’exploit de fumer tout en jouant. De la traditionnelle Retraite espagnole. Ou encore de la Valse ajaccienne…
Le concert s’est terminé par la chanson d’Antoine Ciosi, Chi fà, dont le refrain a été repris en cœur par l’assistance. La soirée s’est alors poursuivie sur la place de l’église, autour d’un grand buffet, dans une ambiance latino…