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CHU : Bianca Fazi présente le projet innovant de l’Exécutif corse au ministère de la santé


Nicole Mari le Mercredi 8 Mars 2023 à 19:57

La conseillère exécutive en charge de la santé et du social, Bianca Fazi, était mercredi à Paris, accompagnée des députés nationalistes, pour un entretien d’une heure au ministère de la santé concernant le projet de création d’un Centre hospitalier universitaire (CHU) porté par le Conseil exécutif de Corse. Elle explique à Corse Net Infos qu’elle a défendu un projet innovant, adapté à l’île, multipôles et construit sur la base d’un partenariat public-privé. Il devrait être finalisé à l’automne.



Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge de la santé et du social à la Collectivité du Corse. Photo CNI.
Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge de la santé et du social à la Collectivité du Corse. Photo CNI.
- Pourquoi cet entretien au ministère de l’Intérieur ?
- C’était une rencontre prévue depuis longtemps. J’avais demandé à nos députés de me prendre rendez-vous avec le ministère de la santé pour déposer le projet de création d’un Centre hospitalier universitaire (CHU) porté par le Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. J’ai donc été reçue pendant plus d’une heure par trois conseillers du ministre pour leur présenter ce projet que j’ai lancé en 2018 et dans j’avais parlé à l’époque à l’ex-ministre Agnès Buzyn. Pendant la crise COVID, nous nous rendus compte à quel point il ne fallait compter que sur nous-mêmes. Depuis quelques mois, nous sommes accompagnés par un cabinet d’études qui a déjà fait une expertise de la situation, un état des lieux de la santé en Corse. Nous avons commencé à travailler avec les professionnels de terrain, les hospitaliers, les libéraux etc. Nous avons beaucoup consulté. Nous avons d’ailleurs eu un séminaire en novembre 2022 à Corti. Nous avons mis en place plusieurs groupes de travail pour construire ce projet qui est innovant.
 
- En quoi consiste-t-il ?
- Nous ne voulons pas du modèle de CHU classique qui existe actuellement sur le continent et qui est en grande difficulté. Nous voulons un projet à nous, innovant, adapté à notre territoire et qui intègre les enjeux des nouveaux médecins qui ne travaillent plus de la même façon que les anciens. L’innovation, c’est, par exemple, un mix dans le partenariat, c’est-à-dire un partenariat public-privé. On ne peut plus aujourd’hui de toute façon compter uniquement sur le public parce qu’il n’y a plus assez de médecins. Il faut donc trouver d’autres routes pour tracer sur la santé. Ce qu’on veut surtout, c’est un projet multi-pôles, sans quoi il n’a pas de sens ! J’ai toujours dit qu’il faut une gouvernance administrative en Centre Corse à Corti et un projet qui intègre tous les hôpitaux, les deux hôpitaux principaux de Bastia et d’Aiacciu et les hôpitaux de proximité qu’il ne faut pas oublier. Il faut penser tout à fait différemment l’offre de soins.
 
- Que pensez-vous de la polémique entre Nationalistes sur le projet de loi de Paul-André Colombani ?
- C’est une polémique stérile ! Sans aucun intérêt ! Il n’y a pas d’enjeu entre Bastia et Aiacciu. On a assez de problématiques à gérer, on n’a pas besoin de ça ! Le projet de l’Exécutif n’a rien à voir avec la proposition de loi de Paul-André Colombani. C’est, je le répète, un projet multisites avec une équité de traitement entre les deux gros centres et même avec les petits centres hospitaliers, et une gouvernance au centre qui me semble plus cohérente. Il faut continuer à fonctionner en bonne intelligence. La médecine ne s’arrête pas aux grandes agglomérations. Le but est l’accès aux soins pour tous, sans avoir besoin d’aller à Aiacciu ou à Bastia, et d’être attractif pour les jeunes médecins.
 
- C’est-à-dire ?
- Les jeunes médecins aujourd’hui veulent des moyens, des plateaux techniques… S’il n’y a pas cette attractivité, ils ne viendront plus en Corse, or il faut faire revenir les jeunes médecins corses. Il faut aussi pour cela une universitarisation des filières qui est un véritable enjeu pour l’Université de Corse. Ce qui est intéressant dans un CHU, c’est la recherche en tout et dans toute situation et le développement des filières. C’est de l’attractivité ! Il ne faut surtout pas que l’on se retrouve dans les vieux schémas que nous, vieux médecins, nous connaissons et qui ne marchent plus.
 
- Comment les conseillers du ministre ont-ils accueilli votre projet ?
- Le projet n’est pas finalisé, donc j’ai présenté un pré-projet qu’ils ont accueilli de façon plutôt favorable. Notre projet, parce qu’il est innovant, se distingue des projets qu’ils connaissent et qui sont tous dans le même moule dans les territoires. Nous nous revoyons normalement dans un mois avec le ministère.
 
- Quand le projet sera-t-il finalisé ?
- Nous nous sommes donnés jusqu’à l’été 2023, mais nous allons certainement un peu déborder. Avec les groupes de travail, nous avons été freinés pendant la période Covid, puis par le déménagement de l’hôpital d’Aiacciu et un certain nombre de contraintes. Je pense qu’à l’été, nous aurons plutôt les grandes lignes, je présenterai probablement un rapport à l’Assemblée de Corse. Le projet sera finalisé à la rentrée de septembre.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.