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« C’est une mascarade ! » : la CAB dénonce le recul imprévu de l’Etat dans les financements du PTIC


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 20 Juillet 2021 à 07:25

Le conseil communautaire de la CAB de ce lundi 19 juillet 2021 a vu s’inviter le PTIC (Plan de Transformation et d’Investissement pour la Corse) à l’ordre du jour. Le président de la CAB, Louis Pozzo di Borgo a, en effet, annoncé aux élus que l’Etat baisserait son taux de financement dans le cadre de ce plan, passant de 80 à 30 % pour certains projets. Une décision mettant en péril l’élan de relance que devait apporter les 55 millions d’euros du PTIC au territoire de la CAB.



La nouvelle salle des délibérations de la CAB. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
La nouvelle salle des délibérations de la CAB. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
C’était à la fois une première et une dernière. Pour cet ultime conseil communautaire avant les vacances estivales et la reprise de septembre, les élus de la Communauté d’Agglomération de Bastia (CAB) ont tenu séance dans une salle flambant neuve au siège de la CAB sur le port Toga. Passé les premières petites difficultés liées aux micros high-tech, l’heure est au bilan de « la première année d’exercice de ce conseil » comme le rappelle son président, Louis Pozzo di Borgo.

Une première année inédite, marquée par la crise sanitaire et les conséquences qui en découlent sur la gestion de la CAB. Si « il y a beaucoup de retard », le président reste confiant « vu le rythme de travail » et fait tout de même état de quelques avancées majeures. La signature d’un accord de principe du PTIC entre l’Etat et la CAB en est une. Pourtant imprévu lors de ce conseil, il s’est invité dans les débats. Mais l’heure n’est plus aux réjouissances pour les élus. Plutôt au doute et à la colère.

Baisse drastique du taux de financement

« Nous sommes en difficulté au niveau du PTIC » martèle Louis Pozzo di Borgo. L’Etat qui s’était engagé à financer à hauteur de 70 à 80 % des projets structurants sur le territoire de la CAB vient de faire machine arrière selon la CAB. Ce sont 55 millions d’euros provenant du PTIC qui devait à l’origine servir à donner un coup de boost à divers projets. Cependant, selon la présidence de la CAB, ce taux de financement tombe à 30 % pour certains projets comme la création d’un pôle économique sur le port Toga. D’autres, comme les travaux de modernisation du stade Armand Cesari ne devraient être financés par l’Etat qu’à hauteur de 50 % « alors que Matignon s’était engagé à financer 80 % des 7,5 millions d’euros d’investissement » rappelle Louis Pozzo di Borgo.

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« C’est une mascarade ! » Guy Armanet, maire de Santa-Maria-di-Lota et deuxième vice-président de la CAB

Une nouvelle qui tombe comme un cheveu sur la soupe et dont l’annonce coïncide avec un calendrier électoral non négligeable. « Le préfet de Haute-Corse nous l’a annoncé il y a une semaine alors que nous étions réunis pour valider les projets qui doivent bénéficier du PTIC » précise Louis Pozzo di Borgo. Le maire de Santa-Maria-di-Lota et tout nouveau président de l’Office de l’Environnement de la Corse, Guy Armanet, ne décolère pas : « cette signature avant les élections est une mise en scène ! Passé les votes et après avoir signé, on vient nous dire que l’Etat baisse son taux de financement et qu’il faudra se débrouiller seul et s’adresser à la Collectivité de Corse pour combler les trous. C’est une mascarade ! ».

Une relance au ralenti

Si la CAB dispose d’autres leviers financiers, « les pistes sont peu nombreuses pour combler le manque laissé par cette baisse de taux » soupire Louis Pozzo di Borgo. Qui va payer ? La Collectivité de Corse ? « Difficilement envisageable » pour le président de la CAB qui rappelle que l’opération serait risquée pour la Collectivité qui n’a été associé à ce PTIC qu’au dernier moment, occasionnant d’âpres négociations entre l’Executif corse et l’Etat.

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Conséquence, certains projets pourraient être abandonnés et la relance mise à mal. « On s’éloigne de l’objectif de ce PTIC qui est aussi un plan de relance » fustige Guy Armanet. Si pour l’instant, aucune annonce officielle n’a été faite d’aucun côté, la colère des élus de la CAB semble bien réelle et laisse présager un nouveau bras de fer entre les élus nationalistes et l’Etat.