Bonifacio veut accélérer la réutilisation des eaux usées

Soucieuse de préserver son patrimoine environnemental exceptionnel, Bonifacio s’est engagée depuis de nombreuses années dans une démarche active de développement durable. Afin de poursuivre ses efforts et de s’insérer dans une dynamique plus globale, les 12 et 13 juin la ville organise la première édition des Rencontres de Bonifacio, un évènement à dimension méditerranéenne avec le soutien Christophe Bechu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. 
 
« Nous nous sommes dits, pourquoi ne pas être à l’initiative d’une réflexion qui aille dans le sens du développement durable en organisant un colloque de niveau international avec l’ambition de travailler sur ces questions », indique le maire, Jean-Charles Orsucci. Après une journée de visites prévue le 12, la seconde journée de ces rencontres – qui se tiendra en présence de Gilles Simeoni, le président de l’Exécutif de Corse, de Françoise Nyssen, ancienne ministre de la culture et présidente de l’association Neede et de Grammenos Mastrojeni, secrétaire adjoint de l’Union pour la Méditerranée – sera l’occasion de s’intéresser à une thématique importante pour la ville : la réutilisation des eaux usées traitées sur le littoral méditerranéen.


Très en avance sur son temps, Bonifacio s’illustre en effet en la matière depuis déjà plusieurs années, faisant ainsi un peu « office de laboratoire du développement durable en Méditerranée ». À la faveur de la construction de la nouvelle station d’épuration sur le site de PuzzuVerdi en 2007, l’idée était née de réutiliser les eaux usées pour l’irrigation du golf de Sperone. « Nous trouvions dommage de rejeter cette eau dans le port », explique Jean-Charles Orsucci. Mis en place depuis 2018, le mécanisme permet de renvoyer une partie de ces eaux traitées à 99,9% vers le domaine. De quoi permettre des économies d’eau potable importantes dans une zone déjà en tension, mais aussi de limiter le rejet de grandes quantités d’eau douce dans le goulet du port et donc de protéger l’écosystème qui pourrait à terme être déstabilisé par un apport trop important. 

« Avec ce que nous vivons en termes de dérèglement climatique et de pénurie d’eau, nous pensons que la réutilisation des eaux usées est indispensable. Bonifacio fait partie de ces 80 stations de traitement d’eau en France qui sont capables de faire de la réutilisation. Nous sommes fiers de pouvoir dire que sur les 300 000 m3 d’eau qui sont traités par an, au moins 100 000 m3 partent à destination du golf de Sperone. Cela permet de ne pas puiser sur le barrage de l’Ospedale ou sur le barrage de Figari », souligne le maire en reprenant :« Mais nous estimons que nous ne pouvons pas nous satisfaire que cette eau ne soit utilisée que pour le golf de Sperone et que nous en rejetions les 2/3 dans le port. Notre ambition c’est que nous puissions réfléchir pendant ces rencontres à comment faire sauter les verrous économiques, sociaux, techniques qui existent en France et comment amener le pays à être beaucoup plus performant ».

En effet, alors que l’Italie et l’Espagne affichent 10 à 15% de réutilisation de leurs eaux usées, et Israël près de 100%, la France est encore à la traine avec seulement 1%. La faute à un cadre juridique encore trop contraint. « Aujourd’hui je n’ai pas le droit d’utiliser cette eau épurée à 99,9%, qui est peut-être meilleure que certains cours d’eau ou réserves qui, à l'heure actuelle, alimentent les réseaux d’eau potable en Corse, pour faire de l’hydro-curage sur des réseaux qui seraient souillés », regrette Jean-Charles Orsucci, « Nous pourrions nettoyer nos rues avec cette eau, faire pousser nos plantes, aller vers l’agriculture comme cela se pratique tout autour de la Méditerranée, ou encore pour nettoyer les bateaux de plaisance ».
 

Dans ce droit fil, la journée d’études le 13 s’astreindra à étudier les façons de répondre à cette problématique ainsi qu’à faire un état des lieux de ce qui existe déjà en matière de réutilisation des eaux usées. « Nous voulons également initier une démarche politique portée par des acteurs nationaux et internationaux à travers une déclaration qui sera proposée à la signature, et nous nous intéresserons même à réfléchir à comment aller vers différents financements », annonce le maire qui pointe l’urgence à agir pour accélérer la mise en œuvre de ces mesures d’adaptation, cruciales face au changement climatique. D’autant plus quand le dernier rapport du GIEC démontre que la Méditerranée est l’une des régions au monde les plus touchées par le phénomène qui cause une importante perte de biodiversité tant marine que côtière ou terrestre. 
 
Mobilisée plus que jamais pour renforcer ses actions, Bonifacio veut pour sa part aller encore plus loin. Ce colloque sera ainsi l’occasion d’annoncer le partenariat entre la ville, l’association Neede et l’association Re-GEN pour la création d’un lieu dédié au développement durable pour la Méditerranée au sein de la cité des falaises. 
 
 
Le programme de l’évènement :
https://www.reuse-bonifacio.fr/fr/programme