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Bastia : Quel avenir pour le couvent San Francescu ?


Nicole Mari le Mardi 27 Décembre 2022 à 20:34

Plus de 16 ans après son achat par la Collectivité de Corse, le couvent San Francescu de Bastia est toujours dans un état inquiétant d’abandon. Lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, le groupe Core in Fronte, par la voix de Serena Battestini, a interpellé l’Exécutif sur l’avenir de ce patrimoine historique et religieux. La Conseillère exécutive en charge de la culture et du patrimoine, Antonia Luciani, a expliqué qu’un projet de « Pôle culturel autour de l'art contemporain, de l'image et de l'audiovisuel » a été lancé en 2021 pour une réhabilitation définitive en 2028.



Le couvent San Francescu à Bastia.
Le couvent San Francescu à Bastia.
« Y-a-t-il, à ce jour, un véritable projet de rénovation et de réhabilitation du couvent San Francescu de Bastia par la Collectivité de Corse et, éventuellement, dans quels délais pourrait-il être opérationnel ? ». La question orale posée par Serena Battestini au nom du groupe Core in Fronte, lors de la session des 20 et 21 décembre de l’Assemblée de Corse, est récurrente tant l’état d’abandon et de délabrement de ce site patrimonial emblématique, situé en centre-ville de Bastia, fait polémique depuis de nombreuses années. Elle prend une importance particulière au moment où la ville de Bastia est en lice pour devenir capitale européenne de la culture en 2028. Fondé en 1510, puis affecté en hôpital militaire de 1800 à 1984, le couvent San Francescu, qui fut le plus grand couvent de Corse, a longtemps abrité des moines franciscains. Ce lieu patrimonial inestimable, tant d’un point de vue historique que religieux, qui conserve un parvis et une mosaïque d’exception, est à l’abandon depuis près de 40 ans.

Serena Battestini.
Serena Battestini.
Une verrue en ville
Ne sachant qu’en faire, sans véritable projet, à part celui de le vendre à une clinique privée, la ville de Bastia, qui en était propriétaire depuis les années 80, l’a cédé à la Collectivité territoriale de Corse en 2006. Depuis lors, comme le rappelle Serena Battestini : « les différents exécutifs de Corse ont pris des engagements sur le devenir du couvent San Francescu. Rien n’a jamais été fait ! ». D’où, ajoute-t-elle, l’inquiétante situation actuelle : « 16 ans après son acquisition par la puissance publique, et malgré de nombreux projets, ce bâtiment historique fait figure de véritable verrue dans le paysage urbain bastiais. Longtemps squatté, l’état d’abandon du site pose, aujourd’hui, de nombreux problèmes. Il constitue même une menace pour les riverains avec des murs qui s’effritent, des pierres et des tuiles qui tombent. La dégradation continuelle de la bâtisse n’est pas acceptable, elle est incompréhensible ». Avant d’interpeler l’Exécutif : « Il est urgent d’enrayer cette situation, de préserver l’existant et de trouver une affectation à l’ancien couvent San Francescu pour qu’il puisse, enfin, être mis en valeur ».

Un pôle culturel
Un projet de réhabilitation du site, à l’initiative du Président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, est en cours, répond la conseillère exécutive en charge notamment de la culture et du patrimoine, Antonia Luciani. Un projet de pôle culturel autour de l'art contemporain, de l'image et de l'audiovisuel, explique-t-elle. « Une première expertise du site a été diligentée au printemps 2019 pour identifier les principales problématiques : état des lieux, accessibilité, stationnement, état du bâti, éléments patrimoniaux à sauvegarder, mais aussi les sollicitations concernant l’occupation des lieux dans le cadre de la réhabilitation à venir. Après l’étude des éléments d’information, le Conseil exécutif a souhaité que ce lieu remarquable fasse l’objet d’une réflexion ayant vocation à participer à la réhabilitation et à la mise en valeur du patrimoine historique de la ville de Bastia tout en créant un centre culturel de premier ordre contribuant notamment à la candidature Bastia Corsica 2028 ».

Antonia Luciani. Photo Michel Luccioni.
Antonia Luciani. Photo Michel Luccioni.
Un lieu d’images
Le projet s’organise autour de trois axes. Le couvent abriterait « un lieu de création des images de demain à partir du patrimoine Corse et méditerranéen existant dans le domaine de l'art contemporain. Nous pourrions, par exemple, imaginer le transfert dans ce lieu du FRAC (Fonds régional d’art contemporain) di Corsica, qui, pour le moment, est à Corti. Comme celui du Centre méditerranéen de la Photographie dont le siège est à Ville di Petrabugnu, mais qui n’a pas aujourd’hui véritablement de lieu d’exposition, malgré une collection considérable. Egalement, un lieu de création autour du cinéma et de l'audiovisuel, un lieu d'image, de rayonnement et de création au service de la Corse et de la Méditerranée », indique Antonia Luciani. Ensuite, d’en faire également « un lieu de sensibilisation de recherche et d'hybridation des arts au service du renouvellement des esthétiques et des nouvelles pratiques de l'image autour de la culture corse et méditerranéenne ». Enfin, un lieu où « réinvestir les œuvres, les codes esthétiques et culturels corses et méditerranéens dans le cadre des pratiques émergentes et existantes de l'image comme la réalité virtuelle, les œuvres immersives, ou encore les jeux vidéo ».

Une livraison en 2028
Le marché, lancé en 2021, a été attribué en 2022 et l’ordre de service a été signé en mai dernier. « Une première phase de l’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) a permis de bien définir le cadre de travail et de réflexion toujours à travers une vision transversale associant l’ensemble des acteurs concernés institutionnels et associatifs notamment. Une seconde phase, dont le rendu a été livré en novembre dernier, présente, à travers une approche programmatique, trois scénarii relatifs à la réhabilitation générale du site, la répartition des
espaces, mais également à l’accessibilité du site car les problématiques de stationnement et de circulation constituent une contrainte majeure
 », précise Antonia Luciani. Ces trois scénarii sont actuellement à l’étude. « Notre ambition est d’aboutir au programme définitif avant l’été 2023 ouvrant la voie à la mise en œuvre de la phase de conception puis de réalisation des travaux, notre objectif étant une livraison du projet de réhabilitation au plus tard en 2028, projet qui devra également respecter un équilibre financier tant au point de vue des coûts d’investissement que de fonctionnement ».
 
N.M.