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Bastia : Gérard Semidei, "le photographe qui dessine"


Philippe Jammes le Dimanche 25 Décembre 2022 à 18:58

En cette fin d’année, la galerie Noir et Blanc, place du Marché à Bastia, nous offre une belle exposition. Plusieurs artistes y sont réunis, dont Gérard Semidei qui se décrit comme « Un photographe qui dessine ». Rencontre …



Gérard Semidei expose à la Galerie Noir et Blanc.
Gérard Semidei expose à la Galerie Noir et Blanc.

Autodidacte et passionné de dessin depuis sa plus jeune enfance, Gérard Semidei a pu enfin, depuis quelques années, exprimer sa sensibilité et sa finesse de trait pour présenter des œuvres au thème léger. Cette exposition, visible jusqu’au 4 janvier, est dédiée à la mémoire de Jean-Darius Luciani, ancien professeur de dessin et directeur du lycée Jeanne d’Arc.


- Combien d’œuvres exposez-vous ?
- Il y a une trentaine d'œuvres sélectionnées.


- Ce sont surtout des petits formats ?
- C’est ma 4exposition à la galerie, et sont là exposés de nouveaux dessins qui sont sortis aboutis, donc je n'ai pas cherché à les retravailler en plus grand. Je les ai juste améliorés sur ce petit format. Après il y en a certains qui sont un peu plus grands. Mais ce n’est pas un choix délibéré.


- Des personnages en totalité …
- Oui, parce que ma passion première, est la photographie et le portrait. Ce qui m'intéresse, ce sont plus particulièrement les regards et les positions qui peuvent certes paraitre banales mais qui pour moi m'inspirent beaucoup. C'est pour ça que je reste essentiellement sur le thème de l'être humain et de la façon dont il se positionne, de la façon dont il nous regarde.


- Des dessins fins, épurés…
- Je viens de la bande dessinée, donc mes dessins au départ étaient assez riches en traits. Mais au fur et à mesure j'ai épuré, tout simplement parce que j'ai été influencé par le travail de certains dessinateurs comme l'incontournable Clint. C’est quand j'ai découvert les œuvres de ces artistes que ça m'a donné envie d'épurer mon travail et c'est dans ce travail là que je m'épanouis.


- Des portraits dessinés à partir de modèles ?
- Non, je n’ai aucun modèle. J'observe tout simplement. J'observe comme à une terrasse de café. Mais c'est surtout dans les revues que je vois des choses qui m'intéressent. Après, cela part d’une idée vague que je développe au fur et à mesure. Il y a donc beaucoup d'improvisation, beaucoup de découvertes. Je me laisse guider par mes traits. Je n'ai pas une idée précise au départ et donc il peut en sortir quelque chose de vraiment inattendu et c'est ce qui m'intéresse : aller à la découverte de mes dessins.


- Votre technique ?
- C'est essentiellement du crayon. Au départ, je dessinais avec un stylo mais ça m'empêchait de reprendre les dessins s’ils échouaient, donc je suis passé au crayon et là je reconnais que ça me donne une grande liberté d'expression et de créativité, tout simplement parce que je peux reprendre, reprendre et reprendre encore jusqu'à obtenir ce que je souhaite.


- La BD ?
- J'ai été nourri par le journal Pilote, puis ensuite Fluide Glacial. Mes maîtres sont Gotlib, Alexis … je suis de cette époque et il est vrai que tout ça m'a nourri, mais je m'en suis libéré pour aller vers un travail plus personnel.


- Votre art a-t’ il évolué ?
- Oui. Il a évolué parce que déjà j'ai eu des coups de cœur qui m'ont révélé beaucoup de choses et qui m'ont donné envie d'aller vers une direction plutôt qu'une autre. J’en profite pour ouvrir une parenthèse. Je dédie cette exposition à un ami, Jean-Darius Luciani qui est décédé il y a quelques semaines, qui était professeur de dessin et directeur du lycée Jeanne d'Arc. Il a été un des premiers à regarder mon travail et à l'époque et il m'a énormément encouragé, il m'a toujours apporté des avis et des conseils judicieux. Et donc pour en revenir à votre question, mon travail a évolué, oui, par rapport aux personnes que j'ai rencontrées, aux artistes que j'ai découverts un peu sur le tard. Par rapport à ce que je faisais avant, il y a encore une dizaine d'années, ça n'a plus rien à voir.


- Vous êtes aussi fasciné par la photographie ?
- Je me définis comme un photographe qui dessine. Mes influences viennent plus de la photo que des peintres ou des sculpteurs. J’ai parmi mes maitres, entre autres, le photographe français Willy Ronis. Un artiste pour lequel j'ai beaucoup d'admiration et qui a beaucoup influencé mon travail de par sa façon de capter des moments du quotidien qui paraissent anodins mais qui par sa façon de les capter, sont extraordinaires. Je cherche à avoir cet œil et de le reproduire. Je suis incapable de le faire par une photo, mais peut être qu’avec quelques traits que j'assemble, je me rapproche un peu de ça.