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Bastia Corsica 2028, bientôt capitale européenne de la culture ?


Philippe Jammes le Samedi 7 Janvier 2023 à 16:24

Beaucoup de monde ce vendredi soir dans la grande salle du Centre culturel l’Alb’Oru à
Bastia où a été présenté le dossier de candidature Bastia Corsica 2028 à Capitale Européenne 2028. La ville est en lice pour décrocher le label dans cinq ans.



Les différents ateliers ont été présentés par ceux qui les ont pilotés.
Les différents ateliers ont été présentés par ceux qui les ont pilotés.
La culture a fait salle comble ce vendredi 6 janvier pour la présentation de la restitution des ateliers de la « Fabrique du projet » dédié à ce dossier.

L’aventure européenne de Bastia a débuté en octobre 2021 avec l’annonce publique de la candidature de la ville au label de Capitale Européenne de la Culture pour l’année 2028. « Bastia, mais aussi toute la Corse » entend bien préciser Pierre Savelli le maire de la « capitale culturelle et intellectuelle de l’île ».
Pour porter ce projet ambitieux était alors créée l’association « Bastia-Corsica 2028 ». Le 2 janvier dernier le dossier de candidature était officiellement déposé au ministère de la Culture.

En compétition, en France, pas moins de 9 villes : Montpellier-Sète, Amiens, Reims, Bastia, Clermont-Ferrand, Bourges, Nice, Rouen et Saint-Denis. « Cette candidature entend renforcer les liens entre tous les territoires de l’île pour mieux faire réseau et structurer une dynamique d’ensemble,  accélérer les transformations sociales et économiques dont notre île a besoin et faire rayonner nos singularités à l’échelle européenne » souligne encore le maire de Bastia.

Le Dossier est chapeauté par un commissaire général  Pierre Lungheretti, une sommité dans le monde de la culture : directeur délégué du Théâtre national de Chaillot, ancien directeur général de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, ancien directeur du théâtre Kallisté et des affaires culturelles de la Ville d’Ajaccio, ancien directeur général de la culture de la Ville de Rennes, conseiller, directeur adjoint puis directeur de cabinet de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, et d’adjoint au directeur général de la création artistique au ministère de la Culture de 2009 à 2012. Il a également été conseiller de la ministre de la Culture de la République d’Albanie et directeur régional des Affaires culturelles…. « Notre candidature s’appuie fortement sur l’héritage patrimonial, matériel et immatériel de Bastia et de la Corse, en particulier sur celui du Riacquistu, en même temps qu’elle se projette vers demain et ailleurs » souligne P. Lungheretti. « Un projet artistique et culturel qui doit entrainer une métamorphose du territoire. Aussi avons-nous mis en place une méthode de contribution participative partant d’une réalité du territoire mais cette contribution vise à développer une stratégie sur le long terme ».

127 projets, 5 ateliers
Pour monter ce dossier, une « Fabrique du Projet » a été construite. Un travail conduit avec des acteurs culturels et la société civile dès décembre 2021.  Si le programme artistique et culturel présenté dans la candidature n’est encore qu’une projection, 127 projets ont d’ores et déjà été imaginés dans le cadre de 13 programmes phares. Et d’autres dans le cadre des cinq axes thématiques qui ont donné lieu à autant d’ateliers.
 
« Notre candidature a tous les atouts pour promouvoir la diversité culturelle et les valeurs humanistes de l’Europe, et susciter ainsi l’intérêt d’un large public européen et international » indique encore P. Lungheretti. « À cet effet, de nombreux liens ont déjà été noués avec des villes détentrices du titre de capitale européenne de la culture comme Donostia, Matera, Gênes, Rijeka, Novi-Sad et avec des villes candidates, notamment les villes de Tchéquie, pays qui élira l’autre capitale européenne de la culture 2028. Avec la langue corse on a aussi un élément singulier distinctif à faire valoir dans cette candidature ».

Enjeux, impacts, acteurs…
Parmi les impacts attendus : Redessiner la géographie culturelle du territoire et favoriser de nouvelles mobilités des populations et des œuvres, favoriser la réussite éducative des jeunes, renforcer le tissu créatif, notamment les industries culturelles et créatives, et ainsi diversifier l’économie locale, faire de la culture une dimension transversale de l’action publique et non un simple secteur, orienter les politiques touristiques vers des offres qualitatives.


"La culture soit au cœur de la politique que l’on défend"
Pour armer le dossier, « Bastia-Corsica 2028 » s’est rapprochée des acteurs culturels, de la société civile et des nombreuses institutions dont la Collectivité de Corse. « Nous avons tout de suite adhéré au projet car il s’agit d’une démarche territoriale » déclare Antonia Luciani, Conseillère exécutive en charge de la Culture, du Patrimoine, de l'Education et de la Formation, « Toutes nos directions se sont impliquées dans ce projet car les enjeux de cette candidature rejoignent les enjeux culturels de la Collectivité. On a vraiment envie que la culture soit au cœur de la politique que l’on défend. On se félicite d’ailleurs déjà, quel que soit le résultat de cette candidature, de la transversalité de travail qui s’est créée avec un grand nombre de projet qui ont émergé. Il y a c’est certain aussi des enjeux pour notre jeunesse». Pour Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse, « on est devant un projet qui permettra de construire quelque chose de novateur et ce quel que soit le résultat de la candidature. On a aujourd’hui un socle solide pour travailler. Après cette candidature, rien ne sera comme avant. Notre candidature est très insulaire certes, mais singulière, très ambitieuse, très riche car elle aborde différentes dimensions qui sont au cœur des sujets européens ».   


Autre partenaire important l’Université de Corse. « Pour nous c’était une évidence que d’adhérer à ce projet » souligne Alain di Meglio, Vice-président du Conseil d’Administration de l’Université de Corse. « On a déjà une pratique culturelle, un rôle dans le changement durable de la société, on s’est logiquement impliqué dans tous les ateliers ». La Communauté d’Agglomération de Bastia est également partie prenante : « La CAB à la compétence économique requise et cette candidature est une belle promotion pour la ville » déclare Philippe Peretti, conseiller communautaire mais aussi adjoint au maire de Bastia, délégué au patrimoine.

La société civile apporte elle aussi sa pierre à l’édifice via le CESEC, Conseil Economique Social, Environnemental et Culturel de la Corse. « Le CESEC a adhéré avec enthousiasme au projet » déclare Marie-Jeanne Nicoli, sa présidente. « La méthode utilisée est importante car outil de mobilisation de l’ensemble des acteurs de la société. On considère que c’est déjà une réussite dans le domaine des rencontres, des échanges, de la mutualisation des talents. Autre point essentiel : on remet au centre du développement de l’île, l’art et la culture. Ce sont en effet des leviers importants du développement d’un territoire, cela favorise la cohésion sociale, c’est une passerelle intergénérationnelle. La culture peut même proposer des chemins inédits. C’est une formidable aventure ».
La culture à Bastia, c’est la délégation de Mattea Lacave. « Ce projet est déjà une réflexion profonde, un travail transversal qui dépasse les clivages politiques. Et on a déjà gagné par rapport à cette synergie trouvée. On a vraiment beaucoup de choses à dire dans la création et on ne peut en sortir que grandi ».

 


Pierre Savelli a souligné les enjeux de la candidature pour sa ville et pour la Corse.
Pierre Savelli a souligné les enjeux de la candidature pour sa ville et pour la Corse.
​Les chances de Bastia 
Face aux grandes villes également candidates, Bastia a-t ’elle toutes ses chances ? Oui,  répond sans hésitation son maire Pierre Savelli : « On a toutes nos chances. On a des spécificités qui peuvent même faire la différence, la dimension insulaire, la Méditerranée. On a fait travailler tous nos acteurs culturels car le plus bel outil pour changer notre société, pour changer la Corse, est la culture. On ne part pas à l’aveuglette, c’est un projet construit et beaucoup de gens s’y sont investis. L’idée, peut-être folle au départ, est devenue concrète. On a des choses à dire que d’autres villes ne diront pas. Ça doit non seulement changer la vision de la Corse de l’extérieur mais aussi que les Corses ont de l’intérieur. On a la volonté que la culture soit un levier de la transformation de notre société. Ce levier qui concerne toute la Corse est essentiel. Les retombées ? 2028, n’est pas une fin en soi. On souhaite changer la société durablement. Les projets sont nombreux : rénovation du théâtre, le Palais Caraffa, le Bon Pasteur… On va changer l’espace dans lesquels les bastiais vont vivre ».    


Les prochaines étapes
« À la fin du mois de février, une délégation de 10 personnes ira présenter et soutenir notre candidature au ministère de la Culture devant un jury composé de douze experts européens » indique Vanina Bernard-Leoni, cheffe de projet de Bastia Corsica 2028. « À l’issue de cette audition, début mars, le jury dévoilera les villes présélectionnées pour être capitale européenne 2028. Il n’y a pas de quota ; 1, 2, 3 villes peuvent être retenues. Si nous faisons partie des villes présélectionnées, nous aurons un nouveau dossier à construire et à présenter à l’automne. Ce sera à la toute fin d’année 2023 que le comité d’experts européen rendra publique sa sélection, en désignant deux villes lauréates : une en France, l’autre en Tchéquie. Notre thématique, notre titre retenu est – Beyond the Island, Au-delà de l’île, Aldil’Isula-. On a retenu la dimension insulaire. On va affirmer l’insularité mais au-delà aussi. En nous projetant nous-mêmes au-delà de l’île, nous souhaitons nous élever collectivement au-delà de nos déterminismes pour nous inscrire dans un dialogue pluriel avec le continent européen et le monde méditerranéen. Une île n’est jamais isolée. Nous sommes une île ouverte avec des certitudes sur notre culture. Nous sommes forts aujourd’hui de 127 projets, 13 programmes phares mais aussi des projets expérimentaux ».