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Bastia : "Blur the borders" en ouverture de la saison d’expositions à Una Volta


Philippe Jammes le Jeudi 21 Septembre 2023 à 07:54

Blur the borders est une exposition photographique proposée par le FRAC, Fonds Régionaux d'Art Contemporain, dans le cadre de la Biennale d’Art Contemporain du Sud — Bienalsur. Le Centre Culturel Una Volta à Bastia l'abrite depuis quelques jours.



Le FRAC Corsica s’est associé à Bienalsur - la Biennale d’art contemporain du sud, basée à Buenos Aires, pour une résidence tripartite entre l’Argentine, la Corse et l’Arabie Saoudite. « Deux artistes de chaque territoire sont allés à la rencontre de ces autres cultures pour une recherche photographique de trois semaines » explique Juana Macari, la directrice d’Una Volta. A la suite de résidences croisées ,au printemps 2023, les photographes Moath Alofi et Tasneem Alsultan (Saoudiens), Sébastien Arrighi et Laetizia Debain (Corses), Laura Glusman et Nicolàs Janowski (Argentins) se retrouvent aujourd’hui réunis, par images interposées, pour effacer les frontières tout aussi réelles que symboliques et raconter ce lien entre le local et le global. « Pour accentuer cette disparition des frontières, il a été proposé aux artistes d’ajouter à la série de photographies produites pendant leur résidence une ou deux images issues de leurs précédents travaux avec l’intention de les assimiler dans leur présentation sans opérer de distinction. Ainsi, les prises de vue cadrent ici des réalités qui ne sont pas dénuées d’ambiguïté et montrent que la transparence des images n’existent pas » souligne J. Macari. Quand on contemple leurs photographies, on remarque qu’à côté de leur pratique documentaire, les 6 photographes proposent aussi une belle approche poétique. Le Centre culturel Una Volta accueille cette exposition originale qui réunit les six photographes et les trois géographies jusqu’au 11 octobre (entrée libre).


Les exposants



Moath Alofi (Arabie Saoudite en résidence dans le Cap Corse)
Né à Médine, en Arabie Saoudite, en 1984, Moath Alofi est artiste, chercheur
et explorateur. Il est le fondateur du studio artistique Al-Mthba, et le cofondateur d’Erth Team, un groupe de production formé et spécialisé dans l’organisation des safaris, la photographie aérienne et la documentation de voyage. La photographie
est sa façon de s’exprimer en utilisant son environnement comme un atelier,
un musée à ciel ouvert, brillamment capturé à travers l’objectif de son appareil.
Ses sujets principaux sont les sites patrimoniaux, les objets archéologiques et
les trésors enfouis.  Lors de sa résidence passée pour l’essentiel dans le Cap Corse, Moath Alofi a travaillé comme dans le désert saoudien, à la recherche des ruines archéologiques d’un temps plus ou moins ancien.
 
Tasneem Alsultan (Arabie Saoudite)
Tasneem est née en 1985 aux États-Unis. Elle a été élevée entre le Royaume-
Uni et l’Arabie Saoudite où elle est actuellement basée. Photographe et globetrotter, elle pose sur le monde un œil curieux et investigateur. Son objectif capture la vie quotidienne de ses sujets et dépeint leurs histoires avec émotion. Son travail se concentre sur les enjeux sociaux et les sujets relatifs aux droits fondamentaux en Arabie Saoudite et dans la région du Golfe en remettant en question les stéréotypes du Moyen-Orient. Elle brosse de la sorte un portrait non conforme aux expectatives quant à cette région et à son peuple.
 
Laura Glusman (Argentine, en résidence en Corse)
Laura Glusman est née en 1971 à Rosario, en Argentine. Ses premiers pas dans la photographie se font à l’atelier d’Andrea Ostera. Elle rejoint plus tard le programme d’études générales en photographie du Centre international de la photographie à New York, et obtient une bourse pour la clinique des arts visuels du Centre Culturel Rojas, à
Buenos Aires, en Argentine. Elle concentre son travail sur l’impact des activités humaines sur la nature et les problèmes qui en découlent. Elle choisit de représenter ses sujets dans un environnement fluvial ; grandes pluies, inondations, incendies, avec une fascination pour les catastrophes naturelles. En Corse durant le mois de juin, Laura Glusman a capté des étendues, ces étendues disent une forme de distance qui traduit elle-même le mutisme de la nature et son impénétrabilité. Dans cet environnement, quelque peu mystérieux parfois, une présence surgit le plus souvent, comme celle d’une chèvre, d’un homard, ou encore d’un voilier. Dans ces oeuvres Laura Glusman propose une réflexion sur la place de l’homme – ici en creux – au sein du territoire insulaire, jouant de la porosité entre les mondes naturel et artificiel.
 
Nicolas Janowski (Argentine)
Nicolás Janowski est né en Argentine en 1980. C’est un artiste visuel, anthropologue et conservateur basé à Buenos Aires. Son travail est intimement lié au concept de territoire dans une logique d’appartenance et de constitution d’identités hybrides telles qu’elles s’entrelacent à travers l’Amérique Latine. Le contexte historique est au centre de ses narrations pour lesquelles il aspire à construire des ponts entre diverses disciplines en créant des récits qui se concentrent sur de nouvelles perspectives. Ses photos ne sont pas destinées à représenter la réalité, mais plutôt à dépeindre une nouvelle façon de penser et de vivre.  À travers ses images, Nicolas Janowski cherche à capturer des moments suspendus absorbés dans le contre-temps, des juxtapositions visuelles qui défient les linéarités historiques pour explorer des scènes anachroniques où des éléments de moments différents et non liés convergent et coexistent dans une tension harmonique continue.
 
Sébastien Arrighi (Corse en résidence en Arabie Saoudite)
Sébastien Arrighi est né en 1992 à Ajaccio. Diplômé de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence avec les félicitations du jury, il est le président et fondateur du festival de photographie Mascarone lab à Bastelicaccia. Il pratique la photographie avec une approche particulière du paysage en utilisant l’objectif de sa caméra ainsi que par l’exploration d’un panorama virtuel à travers d’autres outils qui lui sont propres.  En 2021, il présente son exposition monographique Era Ora au 13e festival du
Printemps de l’Art Contemporain, qui a été soutenue par la Compagnie Marseille et par la Collectivité de Corse. Son travail de recherche sur la Corse est constitué de relevés topographiques et émotionnels, avec le soutien de la DRAC PACA et se développe en 2023, en Nouvelle-Calédonie.
En résidence à Riyadh, Sébastien Arrighi a rapporté une série de photographies, du portrait au détail saillant, qui témoigne de sa curiosité avide, capable de rendre compte de la société saoudienne en pleine mutation. La tradition y est ici entrée en mouvement, à l’image de l’homme en qamis blanc, archétype de l’abaya masculin saoudien, et ghutra à carreaux, qui prend une photographie avec un petit appareil technologique tout en portant des running. C’est la même chose pour la jeune fille voilée en roller. À chaque fois, les images de Sébastien Arrighi défient leur portée folklorique en leur conférant une aura particulière, celle d’un univers de signes à déchiffrer, mais dont la présence matérielle résiste toujours à une signification univoque. Ainsi, son travail d’enquête visuelle joue des associations de couleurs, de lumières et de formes, afin de créer un récit abstrait, ouvert aux interprétations, dont la densité revient à pointer ce qui se joue entre les différents clichés.
 
Laetizia Debain (Corse en résidence en Argentine)
Laetizia Debain est née en 1997 à Bastia. Artiste photographe diplômée d’un Master de photographie à l’ENSAV La Cambre, elle vit à Barcelone et mais travaille également en Corse et à Bruxelles. Sa fascination pour la Méditerranée forge son travail d’exploration des îles riches en histoires, profondément marquées par les civilisations qui s’y sont succédés, que ce soit en Corse, en Sardaigne, au Frioul, ou encore à Malte. Laetizia se laisse bercer par la nostalgie de ces terres et les mythes qui leur sont propres. Elle conçoit son travail en lien avec différents protagonistes, quel que soit l’éventail de leurs disciplines, et comme un témoignage fidèle et authentique de leurs propres créations cherchant à capturer à travers son objectif leurs messages et leurs aspirations, et pouvoir ainsi partager avec le monde leur génie, miroir de leur raison d’être et savoir - faire. Dans le cadre de sa résidence en Argentine, Laetizia Debain a proposé l’exploration d’un territoire figé sous le soleil écrasant de Salta, en Argentine.
Durant sa déambulation, le plus souvent loin des grandes villes elle a capturé une terre en érosion où les traces humaines tissent un dialogue silencieux avec une nature altérée. Au sein de cette toile aride, le ballon de football devient protagoniste, dansant au rythme du vide, tandis que le chant vibrant des supporters de l’équipe de River Plate résonne en écho. Dans cette étrangeté quotidienne, la routine devient un tableau abstrait, où la désolation apparente abrite une richesse insoupçonnée. Les rayons du soleil révèlent des ombres dansantes, évoquant les méandres du temps et de l’histoire.
Chaque photographie raconte un contraste : la fragilité humaine face à l’immensité du paysage, la simplicité du football au milieu du néant, et la sérénité de la nature en érosion. « Cette série photo est une expérience solaire qui révèle l’essence de la vie dans cette terre singulière » souligne l’artiste.