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Bastia : Avec leur dévotion, e donne di San Ghjisè incarnent le sens de la famille


J.C. le Samedi 18 Mars 2023 à 19:46

A Bastia dans le quartier San Ghjisè, c'est l'effervescence. Demain, 19 mars, i San Ghjisippani accueilleront le Cardinal Dominique Mamberti et l'évêque de Corse
Mgr F.X. Bustillo à l'occasion des célébrations dédiées à San Ghjisè, saint patron de la ville de Bastia. Si l'archiconfrérie di San Ghjisè ne ménage pas ses efforts depuis un mois pour la programmation de cette journée, les femmes du quartier sont aussi à pied d'œuvre pour la réussite de leur fête patronale.
E donne di San Ghjisè, avec la discrétion qui les caractérise, assistent les confrères dans leurs tâches, gardiennes de la foi vouée au Saint de leur quartier, elles livrent un témoignage intrinsèque et prégnant de leur dévotion à San Ghjisè.



Evelyne Mari
Evelyne Mari
Dernier soir de la neuvaine ce samedi à l'église de Saint Joseph qui chaque soir a accueilli une confrérie différente. Parmi les fidèles, on peut trouver assise au premier rang Zézette Gironi, les femmes qui l'entourent l'attestent "c'est sa place, Zézette est toujours assise sur le premier banc à droite'"

Zézette est San ghjisippana, voilà 88 ans qu'elle assiste à la fête patronale. Son attachement à Saint Joseph, personnage de la tradition chrétienne et au quartier du même nom est pour elle viscéral. Appréciée de tous, elle est une des doyennes du "Faubourg San Ghjisè" comme aiment l'appeler les personnes qui vivent dans ce petit coin de paradis. San ghjisippina dans l'âme, Zézette évoque son quartier et sa piété "je suis née au 18 rue Saint Joseph, j'ai toujours vécu ici. Déjà en 1940, ma mère s'occupait de l'église, je fête San Ghjisè depuis que je respire".

Le conopée, ce tissu qui enveloppe le tabernacle, c'est elle qui l'a brodé lorsqu'elle avait 16 ans "j'avais brodé des épis de blé et des grains de raisin" se souvient-elle avec nostalgie.

Un peu plus loin, Evelyne Mari émue assiste aussi à la neuvaine, "je vis ici, je fête notre Saint depuis toujours et je mourrai ici, quand je partirai c'est dans cette église que je veux qu'on me mette, toute ma vie jusqu'à mes 68 ans , j'ai prié Saint Joseph, il m'a beaucoup exaucée et m'a toujours protégée. Mon fils et moi sommes prieurs dans la confrérie, dans ma famille nous sommes tous très attachés à notre Saint, ça nous coule dans les veines. Ici, je connais tout le monde, pères, mères et Saint Esprit. Et recevoir le Cardinal et l'Evêque ça me fait vraiment plaisir".

Dimanche, ces anciennes du quartier ouvriront la porte de leur maison comme le veut la tradition, et elles offriront à leurs visiteurs les panzarotti préparés d'après la recette de leurs aïeules, le patrimoine immatériel du quartier. E donne di San Ghjisè s'occupent des fleurs, vendent les chapelets et autres objets de dévotion, décorent le Saint, vendent les bougies et ont un rôle honorofique au sein de l'archiconfrérie essentiellement composée d'hommes.

Ces femmes prieures participent aux festivités de leurs quartier et d'ailleurs.

Jeanine, Roselyne, Ivanna naturellement prieures

Jeanine, Roselyne, Ivanna naturellement prieures
Jeanine, Roselyne, Ivanna naturellement prieures
Jeanine Luciani a été intronisée prieure il y a 23 ans. Dans le fonctionnement interne de l'archiconfrérie, la prieure reste en place un an, elle revêt une écharpe bleue, la couleur symbolique des menuisiers qui est brodée des majuscules or entrelacées SJ.

Les prieures portent à l'épaule leur écharpe avec une ferveur et une fierté non contenues. Cette année Jeanine sera sous-prieure et sa fille de 23 ans sera pour la première fois prieure, comme une passation transgénérationnelle, porter l'écharpe de San Ghjisè est une fierté pour Jeanine d'autant plus mise en exergue par son envie de perpétuer la tradition en transmettant à sa fille ses valeurs spirituelles.

Quant à Roselyne Ristorcelli, cette année, elle laissera son statut de prieure à d'autres femmes. Pour cette jeune mère de famille, son expérience de prieure a été forte en émotion, même si elle n'a pas de lien direct avec le quartier, elle est la nièce du père Belgodere qui a officié à la cathédrale Sainte-Marie et on sait que Sainte-Marie et Saint-Joseph ne sont jamais loin l'un de l'autre. Roselyne confie "être prieure est pour moi une manière de manifester ma foi. Cette année, je vais passer le relais, cependant je garde mon écharpe à vie et c'est un honneur pour moi'. Du haut de ses 30 ans, Ivanna Lucchetti est aussi prieure, Saint Joseph comme ses aînés , elle a baigné dedans 'comme ma mère et ma grand-mère, nous, les femmes on s'occupe un peu de tout, on a à cœur de décorer l'église de la nettoyer, on participe aux festivités, déjà quand j'étais enfant, je loupais l'école pour aller à la procession, Saint Joseph c'est la famille'". 

E donne di San Ghjisè, toutes d'une grande discrétion vivent leur dévotion profondément, mais avec humilité. Les rencontrer nous rappelle à l' évidence la notion de protection et d'attention portée aux siens, comme Saint-Joseph, elles incarnent naturellement le sens de la famille San Ghjiseppana.