Corse Net Infos - Pure player corse

Baisse de l'aide bovine en Corse : les éleveurs demandent une revalorisation des aides PAC


Rose Casado le Mercredi 22 Mai 2024 à 09:41

Alors que de nombreux éleveurs font face à la baisse de l'Aide Bovine Corse pour l'année 2024, la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants agricoles de Haute-Corse a convié des agriculteurs à une réunion mardi 21 mai à la Chambre d'Agriculture de Haute-Corse afin de tenter de faire la lumière sur les circonstances de cette décision, et de demander la revalorisation des subventions.



La Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants agricoles de Haute-Corse a organisé une réunion à la Chambre d'Agriculture de Haute-Corse, afin d'informer les agriculteurs sur la baisse de l'Aide Bovine Corse, mardi 21 mai 2024.
La Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants agricoles de Haute-Corse a organisé une réunion à la Chambre d'Agriculture de Haute-Corse, afin d'informer les agriculteurs sur la baisse de l'Aide Bovine Corse, mardi 21 mai 2024.
Mardi 21 mai, une certaine inquiétude régnait au sein de la Chambre de l'Agriculture de Haute-Corse de Vescovato. À 14 heures, une vingtaine d'exploitants agricoles ont répondu à l'appel de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants agricoles de Haute-Corse (FDSEA), afin de s'informer sur la baisse de l'Aide Bovine Corse au cours de l'année 2024, et de demander la revalorisation de leurs subventions. En effet, cette aide couplée à la production émanant de la Politique Agricole Commune (PAC), distribuée en fonction de la capacité des éleveurs à produire, a été diminuée en Corse. "Nous n'avons pas le même montant de la part d'UGB (Unité de gros bétail), une aide par bovin présent sur l'exploitation que sur le continent", s'indigne Joseph Colombani, Président de la Chambre d'Agriculture de Haute-Corse. Ce dernier dénonce une inégalité face aux exploitants de métropole. "Sur le continent, l'aide est fixée à 120 euros par bovin, rappelle-t-il. En Corse, l'aide peut monter jusqu'à 99 euros - avec une fourchette établie entre 55 euros et 99 euros pour les taux majorés -, mais seulement sous certaines conditions." Au total, 1 000 agriculteurs corses seraient concernés par cette baisse.

Une aide soumise à plusieurs critères
Pour obtenir la totalité de l'aide, les bovins doivent faire l'objet d'une double authentification. Une traçabilité doit être installée aux oreilles des animaux et à l'intérieur de leur corps. Mais "il y a un mode d'élevage propre à la Corse, avec beaucoup d'élevages extensifs. Les bêtes sont dehors", précise Joseph Colombani. Ce mode d'élevage, commun sur l'île, consiste à laisser les bovins paître dans un environnement naturel. Cependant, durant la période de reproduction dite "libre", les numéros des bovins concernés ne sont pas répertoriés. Le président de la Chambre d'Agriculture de Haute-Corse estime "qu'il s'agit de quelque chose de pénalisant, pour percevoir la totalité de l'aide". Et pour cause, ce système d'élevage permet aux agriculteurs d'être aidés seulement à hauteur de 55 euros, soit la somme minimale prévue par la PAC.

Une traçabilité difficile
Si cette manière d'élever le bétail se révèle bénéfique pour la qualité de la viande et celle de la vie des bovins, elle ne permettrait pas, aux yeux de la Politique Agricole Commune, de garantir la traçabilité de leur race. L'agriculteur précise qu'"au fil des générations de bovins, il y a eu des croisements entre la race corse, celle du Limousin, de l'Aubrac… Nous avons donc renseigné le code race 39 (numéro attribué aux croisements de race par Légifrance)". Cette classification serait également "pénalisante". Du point de vue des services publics, les croisements pourraient amener à "créer des vaches à lait". Une hypothèse ubuesque pour le représentant agricole : "Il est de notoriété publique que nous ne produisons pas ces vaches. En corse il y a peut-être 30 vaches qui sont utilisées pour produire du lait."

"Cette décision vient nous marginaliser"
​Aux yeux des agriculteurs réunis, cette législation spécifique à la Corse est "injuste", et suscite l'inquiétude. "Dans les faits, cette particularité se traduit par un effondrement de l'aide bovine en Corse, assure Joseph Colombani. Il y a des gens qui sont passés de 12 000 à 2 000 euros d'aide en 2024…" Face aux difficultés de structuration de la filière bovine - en matière de divagation, d'infrastructures… - le Président du FDSEA regrette que "les agriculteurs, les chambres, les syndicats, qui veulent faire évoluer le domaine vers quelque chose de performant ne soient pas suffisamment sollicités pour trouver des solutions. Au lieu de dire qu'il y a des problèmes dans la filière, ils veulent la supprimer. Cette décision vient nous marginaliser".
Si Joseph Colombani admet que l'État est "prêt à revenir en arrière" sur les mesures prises, il précise qu'après concertation, l'ensemble des éleveurs devraient "prendre une décision qui peut être aussi la préparation d'une action syndicale".