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Avant la réunion à Beauvau, le PNC pose ses jalons pour la reprise du dialogue


le Jeudi 23 Février 2023 à 18:00

Alors que les élus corses rencontreront demain le ministre de l’Intérieur dans le cadre de la reprise du processus de discussions sur l’avenir institutionnel de l’île, le parti tenait une conférence de presse à Ajaccio ce matin, afin de poser ses préalables.



(Photo : Michel Luccioni)
(Photo : Michel Luccioni)
Après plusieurs mois d’interruption, les élus corses ont rendez-vous demain avec le ministre de l’Intérieur, pour la reprise du processus de discussions sur l’avenir institutionnel de l’île. À quelques heures de ce rendez-vous important place Beauvau, le Partitu di a Nazione Corsa (PNC) et le groupe Avanzemu à l’Assemblée de Corse tenaient une conférence de presse ce jeudi à Ajaccio. L’occasion pour le mouvement de prendre la parole sur ce point, pour la première fois depuis le renouvellement de son exécutif en décembre dernier. 
 
« La reprise des discussions a été amorcée par la venue du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le 6 février dernier à Ajaccio où, profitant de son discours mémoriel en hommage au préfet Erignac, il a renouvelé sa volonté de "tourner la page" et de "construire la paix" au nom "des morts qui nous regardent" », rappelle en introduction Pascal Zagnoli, le nouveau secrétaire national du PNC. Derrière lui, son prédécesseur et leader d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, enchaine : « Nous ne sommes pas des jusqu’au-boutistes ni des va-t-en-guerre. Nous sommes des militants politiques. Quand les choses s’inscrivent clairement dans une certaine direction, nous savons en prendre la mesure. Et ce discours marque incontestablement un tournant qui est possible. Il n’est pas encore opéré. Ce qui permettra de le matérialiser c’est, espérons-le, la réunion de demain ». Il en profite par ailleurs pour souligner que cette séquence parisienne a aussi été rendue faisable par le régime de semi-liberté enfin accordé à Pierre Alessandri, il y a quelques jours, puis à Alain Ferrandi ce jeudi. 

"Proposer un projet opposable au Gouvernement"

Pascal Zagnoli, le nouveau secrétaire du PNC, a appuyé sur le fait que les élus doivent collectivement se mettre véritablement au travail et proposer un projet opposable » au Gouvernement (Photo : Michel Luccioni)
Pascal Zagnoli, le nouveau secrétaire du PNC, a appuyé sur le fait que les élus doivent collectivement se mettre véritablement au travail et proposer un projet opposable » au Gouvernement (Photo : Michel Luccioni)
« De la même manière que des solutions sont intervenues pour nos prisonniers, il faut que d’autres interviennent par ailleurs », instille Jean-Christophe Angelini. De son côté, le secrétaire national du PNC pose : « Nous considérons que ces discussions doivent désormais devenir un véritable processus politique qui ne peut se dérouler au gré de l’actualité. Dans ce moment politique qui nous porte à défendre les intérêts de la Corse et des Corses, la course contre le temps qui aggrave le contexte démographique, économique, social et culturel de ce pays impose à tous les protagonistes une exigence de résultats en toute transparence et en levant tous les tabous, si tant est qu’il en persiste entre la Corse et Paris ». « Dans son discours, le ministre a reconnu l’existence d’un conflit politique. Il est donc désormais nécessaire d’en prendre la mesure, et d’y répondre de façon politique comme cela s’est fait ailleurs en Europe et dans le monde », appuie-t-il. 
 
Bientôt un an après le début des discussions, Pascal Zagnoli appelle donc à ne pas rester « à des réunions d’ordre méthodologique » et affirme que les élus de la Corse doivent « collectivement se mettre véritablement au travail et proposer un projet opposable » au Gouvernement. « C’est au nom de notre héritage politique, de nos années de combat et des sacrifices passés que les élus du PNC monteront à Paris avec la ferme volonté de rappeler le fait national corse et de voir aboutir une solution politique pour ce pays et pour ce peuple », reprend-il en indiquant ainsi qu’il « conviendra donc de poser à l’État la question d’une volonté effective ou non d’intégrer dans le cadre des négociations le principe des trois blocs de compétences : compétences exclusives de l’État ; compétences exclusives de la Collectivité Unique Autonome de Corse ; et compétences partagées ». « À cela, devra s’ajouter rapidement la question du transfert du pouvoir législatif et règlementaire, qui par ailleurs est déjà octroyé par la Constitution à d’autres territoires français », précise-t-il encore.

Présenter un projet avant la rentrée de septembre

Jean-Christophe Angelini a affirmé la nécessité de présenter un projet d'ici l'été (Photo : Michel Luccioni)
Jean-Christophe Angelini a affirmé la nécessité de présenter un projet d'ici l'été (Photo : Michel Luccioni)
Dans le même temps, il soutient : « Il ne s’aurait s’agir pour nous d’entretenir la confusion entre gestion des affaires courantes et solution politique durable et globale pour ce pays ». Jean-Christophe Angelini déroule : « Nous ne voulons pas entrer dans la bataille des fondamentaux contre les problèmes du quotidien. C’est un faux procès qui est fait aux nationalistes que de dire qu’il y a d’un côté la terre, la langue, le peuple, et de l’autre tout le reste. Nous disons au PNC que l’inflation, le coût de l’énergie, la précarité, les problèmes d’accès au logement, l’environnement, l’emploi, ce sont nos fondamentaux au même titre que la reconnaissance de ce peuple et la sauvegarde de sa langue. Il n’y a pas de dichotomie entre les deux ». 
 
« Nous montons donc à Paris dans un double état d’esprit : faire converger les intérêts de l’île et en même temps exprimer une exigence politique », poursuit-il. Cette exigence, le leader d’Avanzemu la caractérise sur deux niveaux. « 30 ans après le statut Joxe, n’est-il pas temps de faire reconnaitre la réalité d’un peuple corse et par extension, ce que nous appelons le fait national ? », pose-t-il d’un côté. Il met par ailleurs en exergue la nécessité « d’initier maintenant un espace de projet » dont le PNC « espère qu’il sera le plus large possible ». Il en fixe la deadline à l'été. « Car tout cela n’a de sens que si l’on aboutit à une révision constitutionnelle qui inclut la Corse. Personne ne peut penser que la révision constitutionnelle pourra intervenir en 2024, avec la situation de la Nouvelle-Calédonie, si la copie est remise en décembre. Il faut que l’on soit sérieux dans les modalités et les délais », souffle-t-il.

« Nous voulons jouer modestement et avec beaucoup de détermination le rôle qui est le nôtre », lance-t-il encore en invitant « à n’y voir ni agression contre la majorité, ni volonté d’en découdre avec l’État ». « C’est le propos de militants politiques qui, à la veille d’un rendez-vous qui peut être important, je ne dis pas encore historique, posent non pas les conditions mais les jalons d’une reprise du dialogue », conclut-il.