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Augmentation du tarif de l'eau dans le Grand Bastia, "on ne le fait pas de gaîté de cœur"


Thibaud KEREBEL le Jeudi 15 Décembre 2022 à 18:07

Après l'annonce de l'augmentation du prix de l'eau en 2023 à Bastia et dans sa communauté d'agglomération, le président d'Acqua Publica, Pierre Savelli s'est justifié de cette décision "indispensable". En face, le mouvement d'opposition « Un Futur pour Bastia » dénonce une "mauvaise gestion" interne.



Photo illustration site Acqua Publica
Photo illustration site Acqua Publica
Le 8 décembre dernier, la régie Acqua Publica, qui gère la distribution et la gestion de l’eau à Bastia ainsi que dans sa communauté d’agglomération, a voté une augmentation des tarifs du m³ pour l’année 2023. L’annonce de cette hausse s'inscrit plus généralement dans un contexte général d’inflation et d’augmentation du coût de la vie. Alors que plusieurs chiffres ont été avancés par différents partis politiques (+25 % pour le mouvement « Un Futur pour Bastia », et +43 % d’après le PCF), le président d’Acqua Publica Pierre Savelli, également maire de Bastia, a démenti ces informations. « La hausse qui a été votée est précisément de 19 %. Concrètement, le m³ d’eau va passer de 4,2 euros à 5 euros. Mais évidemment qu’on ne le fait pas de gaîté de cœur. »

Et alors que certains particuliers ont pu se plaindre de l’augmentation des coûts sur leur facture de 2022, Pierre Savelli nuance, précisant qu’il y a eu « une hausse de 1 centime entre 2021 et 2022. Donc si le prix a augmenté pour les usagers, c’est uniquement lié à leur consommation. » Quoi qu’il en soit, le changement de tarif pour 2023 est réel, et n’a pas manqué de faire réagir Julien Morganti, conseiller municipal de l’opposition, issu du mouvement « Un Futur pour Bastia ». « C’est une hausse d’impôts qui est justifiée par une mauvaise gestion du fonctionnement d’Acqua Publica, pas par une volonté de hausse du service public. Il y a les problèmes de rendement, les problèmes de fuites… Quand on sait que l’eau est une ressource plus que jamais rare, c’est dramatique. L’argent public est dépensé sans augmenter la qualité de vie des administrés. »

"On aurait pu faire une augmentation de 2 euros"

Un discours qui s’appuie en partie sur le récent rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), lequel a fait état de bon nombre de dysfonctionnements au sein de la régie de gestion de eaux. « Sous-investissement », absence « d’outil de planification », progression des charges de personnels… Pointé du doigt, Pierre Savelli déplore de son côté des « graves erreurs politiques et administratives » avant son investiture à la tête d’Acqua Publica, au cours de l’année 2020. « Je ne veux pas me dédouaner, mais il faut prendre en compte que nous avons hérité des situations antérieures. » Entre autres, un budget non-équilibré, qui conduit aujourd’hui à la hausse compensatoire du prix de l’eau.

« Ce surplus des tarifs, qui est indispensable, va nous permettre d’arriver à une sincérité budgétaire, et d’aller vers un équilibre budgétaire. Jusqu’à présent, pendant toutes ces années, ce n’était pas le cas, il y avait insincérité et déséquilibre », ajoute le président Acqua Publica. « Vue la situation, on aurait pu faire une augmentation de 2 euros, qui nous aurait permis d’arriver plus vite à l’équilibre, mais c’était trop important pour les usagers. C’est pour ça que nous avons choisi d’y aller plus progressivement, avec la hausse de 80 centimes. » De son côté, Julien Morganti assure avoir demandé, « de geler cette hausse avec un moratoire », avant de compléter : « j’ai déjà eu les échos que ça ne se ferait pas ».

Mais pour atteindre l’équilibre budgétaire et une certaine santé financière, doit-on s’attendre à de nouvelles hausses pour les années à venir ? D’après Pierre Savelli, « ce n’est pas prévu du tout ». « Pour l’instant, dans le plan que nous avons établi, il n’y aura pas d’autre augmentation. » Celui qui est également maire de Bastia tient à assurer que ces décisions ne sont pas prises de manière unilatérale. « Tout est discuté ! Il y a un conseil d’administration qui est composé d’au moins un représentant de chaque commune, des maires, ainsi que des représentants de la communauté d’agglomération… On vote à la majorité. »