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Attentats : Les maires d’Afa et d’Appiettu reçus par l’Assemblée de Corse disent leur inquiétude et leur incompréhension


Nicole Mari le Jeudi 30 Mars 2023 à 21:31

Les mairies d’Afa et d’Appiettu ont, la semaine dernière, été touchées par des incendies criminels qui viennent d’être revendiqués dans un communiqué par l’organisation clandestine GCC - Ghjuventu clandestine corsa. Reçus en fin de matinée jeudi à l’Assemblée de Corse par la présidente Nanette Maupertuis, le président de l’Exécutif Gilles Simeoni et les présidents des groupes politiques, Pascal Miniconi, maire d’Afa, et François Faggianelli, maire d'Appiettu, ont dit leurs inquiétudes concernant le climat qui règne dans l’île et le traumatisme de ne pas comprendre.



Attentats : Les maires d’Afa et d’Appiettu reçus par l’Assemblée de Corse disent leur inquiétude et leur incompréhension
C’est une rencontre qui se voulait symbolique. Jeudi en fin de matinée, l’Asemblée de Corse a interrompu ses travaux pour recevoir Pascal Miniconi, maire d’Afa, et François Faggianelli, maire d'Appiettu, dont les mairies ont été touchées par un incendie, la semaine dernière, également le président de l’association des maires de Corse du Sud, Jean-Jacques Ciccolini. Une discussion de près d’une heure et quart avec la présidente Nanette Maupertuis, le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, et les présidents des groupes et où chacun a dit son fait. Une rencontre et un soutien affiché qui ont visiblement soulagé les deux édiles satisfaits d’avoir été entendus. 

Pascal Miniconi. Photo CNI.
Pascal Miniconi. Photo CNI.
C’est traumatisant !
« Le président de l’Exécutif était là. J’ai reçu des messages de sympathie et des visites en nombre. C’est même assez impressionnant, on sent bien qu’il y a une condamnation au niveau de la population. Mais, les maires se posent des questions et sont inquiets de leur possible situation à eux parce que ça peut leur arriver aussi. Ils sont également inquiets du climat qui règne en ce moment en Corse », réagit Pascal Miniconi. Il dit aussi sa perplexité sur la raison de ces actes : « Les motivations sont difficiles à cerner. Pour le moment, personne ne sait. Je n’explique pas ce qui s’est passé. Franchement, je ne sais pas ce qui a poussé des jeunes, si ce sont des jeunes, parce qu’ils ont sûrement des gens derrière. C’est pour cela que c’est traumatisant ! On n’a pas de réponse. C’est ça le problème ! Je ne pensais pas que dans ma commune, et François encore moins, que nous avons agressé la terre, l’environnement ». S’il reconnaît qu’il y a « pas mal de constructions dans ma commune », il ajoute « il n’y a pas de monstres. Il n’y a pas d’immeubles de 5 ou 6 étages. Il n’y a pas de promotion immobilière. Il y a un peu de spéculation. Si celui qui fait quatre logements est traité de spéculateurs, oui il y en a ! Il y a quelques résidences secondaires, mais beaucoup sont corses et sont d’Afa. Ils viennent l’été, c’est déjà pas mal ! ». Ne se sentant pas menacé personnellement, Pascal Miniconi avoue néanmoins « être inquiet pour l’avenir. Pas pour moi ! J’ai bientôt 80 ans, après tout, que voulez-vous qui m’arrive ! ».

François Fagianelli. Photo CNI.
François Fagianelli. Photo CNI.
Une spirale négative 
Pour sa part, François Faggianelli a, d’abord, tenu à évoquer la réunion de l’association des maires du Sud qui s’est tenu le matin même de 10 heures à midi. « C’était positif parce que tout le monde s’est exprimé. Les discussions sont toujours très importantes ». Avant de qualifier le débat avec les représentants de l’Assemblée de Corse de « très intéressant, qu’il fallait l’avoir de toute façon. Maintenant va-t-il régler les problèmes ? Je ne pense pas. Mais, à mon avis, il faut qu’il y a ait beaucoup plus de discussions importantes et il faut arriver, je ne sais pas comment, à pousser la jeunesse à arrêter parce que ça va créer des soucis. J’en avais peur depuis longtemps. S’ils se font arrêter, il y aura des problèmes de famille, et si ça continue, ça risque de devenir très grave. La solution, je ne l’ai pas. Je pense qu’il faut en débattre tous ensemble et qu’il faut une prise de conscience de la population, y compris des familles qui, même si elles ne s’en doutent pas, doivent être attentives. On s’enfonce dans une spirale négative ». Comme son collègue d’Afa, il affirme n’avoir « jamais été menacé. Je n’ai jamais eu peur ». Son entreprise a également été visée par un incendie criminel en décembre dernier, il avoue là aussi ne pas comprendre : « Cela fait 40 ans que je bosse. J’ai commencé comme employé pendant des années. J’ai toujours travaillé, je travaille encore et je n’ai jamais eu de soucis avec personne. Je n’ai jamais eu aucun procès. La décennale n’a jamais fonctionné au niveau des travaux qu’on a fait. On n’a pas de soucis. On n’a jamais bétonné, on n’a jamais fait de travaux monstrueux à titre de promotion ou autre ». 
 
Une posture pour exister
Le maire d’Appiettu interroge : « Pourquoi il y a marqué « GCC » sur les bâtiments et les bureaux qui ont été incendiés chez moi et « IFF » ? Je ne comprends pas, je suis de souche corse. De toute façon, ce n’est pas la solution même si je n’étais pas corse. Sur la mairie, il est marqué « Béton basta ! », alors que la commune d’Appiettu est une des communes de la CAPA où malheureusement il n’y a à pratiquement pas de construction. Les jeunes s’en vont autre part parce qu’ils ne peuvent pas construire. On a 2 permis de construire accordés en 2020, 1 en 2021. Le recensement est négatif, pratiquement 200 personnes en moins depuis l’avant-dernier recensement. C’est vraiment un mauvais exemple ! Il n’y a pas d’immeubles à acheter, il n’y a rien ! « Béton Basta », c’est une posture pour exister ! ». Il explique qu’il y a les grottes de Lava dans le PLU que la commune est en train de réaliser et « qui pourraient être une zone urbaine ou à urbaniser, mais il n’y a aucune construction de prévu. On a classé Natura 2000 tout le littoral d’Appiettu pour le protéger. Il n’y a pas de souci à ce niveau-là. Des enfants d’élus, d’adjoints ont été obligés d’acheter des terrains autre part qu’à Appiettu parce qu’ils ne pouvaient pas construire sur des terrains familiaux ». 

 Une résolution
Les maires attendent la résolution qui sera proposée au vote vendredi en début d’après-midi : « On ne sait pas ce qu’il y aura dedans. On attendra de voir ce qui va en sortir. Je suis sûr qu’ils trouveront les termes pour condamner », espère le maire d’Afa. « C’est un point positif, mais ça ne va pas régler les problèmes », renchérit son collègue d’Appiettu. « Il faudra continuer et rechercher au fond des choses pour que cette jeunesse, d’abord, évite d’aller en prison et qu’ensuite, il n’arrive pas un drame. Je suis très inquiet ».
 
N.M.