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Assemblée nationale : Les députés nationalistes corses dans le groupe « Libertés, Indépendance, Outre-mer, Territoires »


Nicole Mari le Mardi 28 Juin 2022 à 20:35

Les trois députés nationalistes corses, Michel Castellani, Paul-André Colombani et Jean-Félix Acquaviva, réélus le 19 juin dernier, siègeront pour cette nouvelle mandature parlementaire dans un groupe intitulé « Libertés, Indépendance, Outre-mer, Territoires », le 10ème de l’Assemblée nationale. Un nom et des principes proches de ceux de leur précédent groupe « Libertés & Territoires » et qui intègrent désormais des ultramarins et des centristes de l’UDI. Ce groupe, qui siège dans l’opposition, compte, pour l’instant, 15 membres, dont huit insulaires, et entend profiter du contexte pour peser sur les réformes. Explications, pour Corse Net Infos, de Paul-André Colombani, député de la 2nde circonscription de Corse du Sud.



Les quinze députés du groupe parlementaire « Libertés, Indépendance, Outre-mer, Territoires », dont les trois députés nationalistes corses, Michel Castellani, Paul-André Colombani et Jean-Félix Acquaviva. Photo AN.
Les quinze députés du groupe parlementaire « Libertés, Indépendance, Outre-mer, Territoires », dont les trois députés nationalistes corses, Michel Castellani, Paul-André Colombani et Jean-Félix Acquaviva. Photo AN.
- Vous êtes les derniers à annoncer la constitution d’un groupe. Est-ce que ce fut compliqué ?
- Non. Cela n’a pas été compliqué. Le groupe est constitué depuis vendredi soir. Nous attendions les réponses d’autres députés. Pour le moment, nous sommes quinze à avoir signé, c’est le seuil minimal pour composer un groupe, nous serons un peu plus nombreux dans les heures qui viennent. Une députée pourrait nous rejoindre. Il y aura une co-présidence et trois vice-présidents.
 
- Quels sont les députés qui ont rejoint le groupe ?
- Les six députés du groupe Libertés & Territoires sur les sept qui ont été réélus, dont
Bertrand Pancher (député de la Meuse) qui en était le président, Paul Molac (Morbihan) et Charles de Courson (Marne). Olivier Falorni a pris un autre chemin. Ensuite, quatre députés de l’UDI (Union des Indépendants, formation de Centre droit) issus des territoires : Christophe Naegelen, député des Vosges qui assurera la co-présidence du nouveau groupe avec Bertrand Pancher, également Guy Bricout, député du Nord, Jean-Luc Warsmann, le député des Ardennes qui a porté la Loi anti-mafia, et Pierre Morel À l'Huissier, député de la Lozère qui a déposé une loi demandant l’autonomie de la Lozère. Enfin, nous ont rejoint cinq députés d’Outre-Mer : Estelle Youssouffa, député de Mayotte, Stéphane Lenormand, député de Saint Pierre et Miquelon, Nathalie Bassire, député de La Réunion, Olivier Serva et Max Mathiasin, députés de la Guadeloupe. Avec les Ultramarins, nous serons huit insulaires dans le groupe.
 
- Sur quels principes vous êtes-vous réunis ?
- D’abord, d’être clairement dans l’opposition. Ensuite, sur la notion de liberté de vote, d’indépendance. Nous avons, comme lors de la précédente mandature, défini une charte, que nous diffuserons bientôt et qui reprend l’ensemble de nos valeurs communes. Nous sommes partis de la base de la déclaration du groupe Libertés & Territoires, que nous avions signée il y a trois ans, et que nous avons légèrement modifiée. On y retrouve les valeurs que nous allons continuer à défendre : l’autonomie de la Corse, la liberté, l’écologie, la solidarité…
 
- Avez-vous eu des sollicitations pour intégrer des groupes de la majorité, comme le disait Michel Castellani ?
- Oui ! Bien évidemment ! Nous avons reçu des propositions de la majorité, mais pas seulement ! Nous aurions pu, si nous l’avions voulu, intégrer pratiquement n’importe quel groupe. Nous avons décidé, tous les trois, en fonction des valeurs qui sont les nôtres et en restant fidèles aux engagements que nous avons pris pendant la campagne électorale.
 
- Quelle sera votre position dans les désignations pour les différentes présidences, notamment la Commission des Finances ?
- Nous avons présenté Nathalie Bassire à la présidence de l’Assemblée nationale. C’est la première fois à ma connaissance qu’une femme, député des territoires d’Outre-Mer, candidate à ce poste. Elle a recueilli 16 voix. Il n’y a pas eu de surprise, la candidate de la majorité, Yaël Braun-Pivet a été élue. Elle était, sous l’ancienne mandature, présidente de la Commission des lois et nous avons toujours eu de bons rapports avec elle. Nous présenterons, jeudi, un candidat à toutes les présidences de Commissions, notamment Charles de Courson à la présidence de la Commission des finances.
 
- Siègerez-vous dans les mêmes Commissions que précédemment ?
- En ce qui me concerne, non. Je siègerai désormais dans la Commission des Affaires sociales, alors que j’étais avant dans la Commission du développement durable. Michel Castellani continuera de siéger dans la Commission des Finances et Jean-Félix Acquaviva dans la Commission des Lois.
 
- Laurent Marcangeli, qui a pris la présidence du groupe Horizons, vous a tendu la main. Avez-vous discuté avec lui ?
- Il y a eu une ébauche de discussion, mais on n’a pas discuté qu’avec Laurent Marcangeli, nous avons discuté avec d’autres députés. Des députés de la majorité nous ont téléphoné et rencontré. Comme à notre habitude, nous sommes ouverts à la discussion avec tout le monde.
 
- L’ouverture des discussions sur l’autonomie, prévue fin juin, est apparemment reportée. Avez-vous des nouvelles ?
- Nous en avons évidemment parlé avec des députés de la majorité. Une rencontre entre le président de notre groupe et la Première ministre est prévue dans les heures qui arrivent. Le sujet sera sur la table. Le retard n’est pas de notre fait. Lorsque la date a été fixée, le gouvernement n’avait pas prévu de perdre les élections et de ne pas avoir de majorité absolue. C’est pour lui plus compliqué de se remettre en ordre de marche. Des ministres ont été battus aux élections et, selon la doctrine en place, ils devraient quitter leurs fonctions. Nous attendons de voir les orientations que va prendre le Premier Ministre. Je pense que les choses devraient se débloquer dans les prochains jours.
 
- Cette nouvelle configuration parlementaire vous semble-t-elle plus propice pour la Corse ?
- Avant que nous arrivions en 2017, la question de la Corse n’était pas expliquée, elle était clivante pour tous les groupes politiques. Nous avons travaillé et, aujourd’hui, c’est tout le contraire ! L’autonomie de la Corse n’est plus un sujet clivant dans l’hémicycle. S’il y a une volonté politique de porter la question, je pense que nous aurons l’écoute et une majorité suffisante. Par exemple, les députés UDI de notre groupe seront aussi un point de soutien et d’ancrage vis-à-vis de la quarantaine de députés UDI élus.
 
- Quelle sera votre ligne politique dans cette nouvelle mandature ?
- Nous serons dans une opposition constructive et responsable au service des territoires. Notre travail parlementaire sera de discuter texte par texte avec toujours la même détermination. Il n’y a plus dans l’Assemblée cette majorité écrasante qui écrasait tout le Parlement, comme cela a été le cas dans le précédent mandat. Le résultat a été la montée des Extrêmes et le déni du rôle du Parlement. Le fait qu’il y ait désormais une majorité relative nous donne un espoir sur les sujets que nous devons porter, que ce soit des sujets institutionnels ou des sujets qui impactent la vie de tous les jours, comme le pouvoir d’achat, la lutte contre la précarité, des questions essentielles pour la Corse. Nous avons l’espoir de parvenir à avancer sur ces sujets.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.


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