Corse Net Infos - Pure player corse

Assemblea di a Giuventù et question agricole : "quelles perspectives pour la jeunesse corse ?"


Angelina Rosano le Mercredi 22 Novembre 2023 à 20:49

L’Assemblea di a Giuventù était réunie ce mercredi dans l’hémicycle de la Collectivité de Corse. Au programme de la session : sept questions orales, deux motions déposées par les conseillers et un débat d’orientation générale avec pour question : « l’agriculture, quelles perspectives pour la jeunesse corse ? ».



Les conseillers de l'Assemblea di a Giuventù étaient réunis ce jour dans l'hémicycle.
Les conseillers de l'Assemblea di a Giuventù étaient réunis ce jour dans l'hémicycle.
C’est un programme chargé qui attendait les conseillers de l’Assemblea di a Giuventù réunis ce mercredi sous la présidence de Marie-Antoinette Maupertuis. De nombreuses thématiques ont été abordées à travers sept questions orales, deux rapports présentés et deux motions déposées. Un ordre du jour assez riche donc avec des questions liées au tourisme, au rapport numérique et à l’innovation, sur le rapport agricole et la valorisation du GR20, sur la situation de la ligne de bus entre Corte et Bonifacio pour les étudiants de l’Université de Corse ou encore un questionnement sur la place de l’Assemblea di a Giuventù avec une motion sur l’intégration de cette assemblée comme institution dans les textes de loi. « Cette motion montre la volonté de pérenniser l’institution qu’importe la majorité politique et l’avenir politique » indique Elea Battini, présidente de la Commission lingua cultura è ambiente et membre de Ghjuventù in mossa.  
En plus de ces points, le débat d’orientation générale avait pour question : « l’agriculture, quelles perspectives pour la jeunesse corse ? ». Pour lancer ce débat, François-Joseph Negroni, membre du groupe Solcu naziunalistu, exposait trois points. Tout d’abord la difficulté pour un jeune de s’installer aujourd’hui dans le monde agricole en raison du coût très important de l’installation. Mais également le coût de l’alimentation animale. « Les coûts de l’inflation et de l’énergie ont explosé et viennent s’ajouter aux frais de l’installation notamment en termes de matériel, de laboratoire. Pour la filière de l’élevage, les prix de l’alimentation animale ont doublé voir triplé par rapport au contexte géo-politique, on ne peut plus avoir un prix de l’alimentation qui s’indexe sur des prix venants d’Ukraine alors que nous la produisons en Corse. Tout cela représente une charge insoutenable sur le jeune agriculteur qui vient de s’installer ». Un second point était soulevé par François-Joseph : le rapport de l’Europe envers les territoires insulaires et notamment les critères d’attribution de la politique agricole commune (PAC) qui ne sont « pas adaptés pour une agriculture artisanale ». « Cette logique vaut pour un plan de mondialisation et de concurrence mondiale qui ne concerne pas la Corse. Nous pensons qu’un agriculteur en Corse doit être aidé au niveau de sa production et non pas sur la possession de terres » appuie le conseiller qui se réjouit dans un troisième point de l’ouverture à la rentrée prochaine d’une filière d’ingénieur agronome à l’Université de Corse. « Elle permettra d’avoir des cadres de la filière agricole qui ne sont pas hors-sol et qui connaitront la réalité du terrain. Aujourd’hui, il y a un décalage entre les écoles du Continent et la réalité historique du pastoralisme corse ».  
Mettre ce débat sur la table permet pour les jeunes conseillers de soulever des problématiques et de montrer que la jeunesse est impliquée sur cette question, « dans le cadre de l’autonomie alimentaire notamment ». « Au vu des discussions qui se sont ouvertes avec l’État sur l’autonomie de l’île, divers sujets sur l’agriculture et l’énergie sont abordés et sont importants pour nous car ils sont liés étroitement avec l’autonomie et l’insularité » poursuit François-Joseph.  

Mandature prolongée ?

Elea Battini a été la première à rebondir et s’est réjouie que cet important sujet soit débattu dans l’hémicycle. « Je pense qu’il faut rencontrer les jeunes agriculteurs qui sont les plus à même de nous parler des difficultés qu’ils rencontrent. François-Joseph parlait du coût de l’installation, mais il y a également le délai d’attente qui est très long. Le président de l’Odarc, Monsieur Livrelli, a parlé d’un rapport sur les aides pour les jeunes agriculteurs qui était en train d’être rédigé à l’Assemblée de Corse. Il nous sera par la suite présenté et nous pourront donner notre avis et échanger avec l’Odarc sur le sujet ».  
Lors des différentes prises de paroles des conseillers, une volonté d’économie circulaire est ressortie et d’autonomie alimentaire. « Le statut de la Corse qui n’est pas en adéquation avec les lois européennes a aussi été mis en avant, il faut continuer à réfléchir et à revoir certaines choses pour pérenniser l’agriculture de certains secteurs de Corse » continue Elea. « La jeunesse a des attentes vis à vis du processus en cours et des discussions à Paris sur différents domaines, comme la santé, le tourisme, la langue corse. Les sessions de l’Assemblea di a Giuventù permettent de pouvoir continuer à montrer nos préoccupations et nos attentes vis à vis de la Collectivité et de Paris ». « De nombreux conseillers exécutifs se sont manifestés pour répondre à nos questions et échanger sur nos travaux. C’est important pour nous de les voir se tenir à nos côtés sur des sujets qui nous préoccupent ».  
La mandature des conseillers de l’Assemblea di a Giuventù devaIt prendre fin le 3 décembre prochain, mais la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis a demandé à ce qu’elle soit rallongée afin de « pouvoir continuer certains travaux en cours ». Cette proposition sera votée lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse.