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Assassinat d’Yvan Colonna : Les « tranquilles certitudes » de l’ex-directrice de la centrale d’Arles peinent à convaincre


Nicole Mari le Mercredi 11 Janvier 2023 à 23:07

La Commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna, le 2 mars 2022, à la maison centrale d’Arles par un détenu islamiste radicalisé, Frank Elong Abe, a débuté ce 11 janvier ses auditions par l’ex-directrice de la centrale d’Arles, Corinne Puglierini, et l’actuel directeur Marc Ollier. Sans lever aucune zone d’ombre sur les circonstances et les dysfonctionnements qui ont permis ce drame. Corinne Puglierini peine à répondre aux questions, botte en touche et assume ses décisions sur Frank Elong Abe.



La commission d'ensuête parlementaire réunit à l'Assemblée nationale pour enquêter sur les dysfonctionnements ayant conduit à l'assassinat d'Yvan Colonna le 2 mars 2022 à la maison centrale d'Arles.
La commission d'ensuête parlementaire réunit à l'Assemblée nationale pour enquêter sur les dysfonctionnements ayant conduit à l'assassinat d'Yvan Colonna le 2 mars 2022 à la maison centrale d'Arles.
« Les travaux de cette Commission d’enquête sont très attendus. À l’heure où nous parlons, la situation de l’île n’est pas apaisée. Il s'agit par notre engagement d’éclairer les chemins qui mènent à la justice. Ce n’est pas simple. La paix, la démocratie, les voix d’un dialogue historique permettant une solution politique globale pour la Corse et sa jeunesse doivent se nourrir de justice. La compréhension mutuelle et la réconciliation seront alors les conséquences naturelles de ce cheminement ». C’est en posant clairement l’enjeu judiciaire et politique que le président de la Commission d’enquête parlementaire concernant l’assassinat d’Yvan Colonna, le député Jean-Félix Acquaviva, a lancé, le mercredi 11janvier à 14h30, les premières auditions pour étudier les « dysfonctionnements au sein de l’administration pénitentiaire et de l’appareil judiciaire ayant conduit à l’assassinat d’un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d’Arles ». Le député nationaliste de la seconde circonscription de Haute-Corse note à quel point « il est loin d’être anodin » que deux députés de la Corse, « réunis au-delà de leur appartenance politique », s’engagent en tant que président et rapporteur – rôle du député Horizons Laurent Marcangeli - à coordonner ces travaux en lien avec les deux autres députés corses, Paul André Colombani et Michel Castellani, également présents. La Commission d’enquête s’est fixée trois thèmes : la gestion du parcours de l’islamiste radical Frank Elong Abe depuis son interception par les autorités américaines en Afghanistan, la gestion du statut de DPS (Détenu particulièrement signalé) du commando Erignac, enfin la mise en œuvre des recommandations de la mission d’inspection générale de la justice.
 
La recherche de la vérité
Ces auditions, qui ont duré près de quatre heures, ont débuté avec l’ancienne directrice de la centrale d’Arles, Corinne Puglierini. Le premier objectif était d’essayer de lever « les imprécisions et les zones d’ombre » qui subsistaient à l’issue de son audition par la Commission des lois le 30 mars dernier et qui ont été mises en lumière par le rapport de l’Inspection générale de la justice. « La relativisation de certaines procédures, la dissimulation et le fait d’omettre volontairement et, selon moi, gravement certains faits essentiels à la recherche de la vérité ont été une règle adoptée par les personnes auditées. Vous aurez, Mme Puglierini, à nous donner les véritables raisons de ces propos et de cette attitude. Nous devrons nous efforcer d’analyser les dysfonctionnements graves, voire les collusions éventuelles qui ont conduit à cette issue tragique ». Jean-Félix Acquaviva donne d’emblée le ton, aussitôt relayé par Laurent Marcangeli. « Ces évènements ont eu pour effet de me décider à être candidat aux élections législatives. Sans ces évènements, je n’aurais probablement pas candidaté à un mandat de député parce que ce qui s’est passé a suscité beaucoup de choses et réveillé certains sentiments particulièrement profonds que la Corse vit de manière difficile depuis le 6 février 1998 ». Et le député de la 1ère circonscription de Corse du Sud de préciser : « Nous sommes ici à la recherche de la vérité sur les parcours de deux hommes détenus que l’on ne peut pas comparer, l’un Yvan Colonna, bénéficiaire d’un statut de DPS, privatif d’un certain nombre de libertés... Au-delà de ce cas qui, en tant que Corse me touche particulièrement, il y a la problématique du statut de DPS et de la radicalisation en milieu carcéral. Cette enquête aura pour effet de faire la lumière sur un certain nombre d’erreurs, de manquements et de dysfonctionnements. Notre rôle de parlementaire est de les lister et d’essayer d’apporter des réponses. Ce qui s’est passé a suscité beaucoup de questionnements, notre objectif est de faire en sorte que le moins de zones d’ombre persiste ». Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ces quatre d’heures d’audition n’en ont levé aucune.

Corinne Puglierini.
Corinne Puglierini.
Des questions sans réponse
C’est d’un ton grave, bas, presque timide que Corinne Puglierini prend la parole pour un exposé préliminaire où elle se borne à des considérations générales sur le contexte de la centrale d’Arles : « Les personnes condamnées en maison centrale présentent tous des critères de dangerosité avérée, souvent des troubles de personnalité avec un potentiel de passage à l’acte violent, et des risques d’évasion… Une agression affecte beaucoup l’ensemble des professionnels. C’est l’occasion de mettre en place un retour d’expérience, voir comment ça s’est passé, pourquoi et éviter que ça se reproduise, tout en sachant que le risque zéro n’existe pas ». Le député Acquaviva ouvre les questions en allant droit au but : « Vous êtes présentée comme quelqu’un d’expérimenté, ce qui frappe, c’est le contraste entre cette rigueur, cette expérience, et les conclusions du rapport de la justice. Vous avez présidé les commissions pluridisciplinaires « Dangerosité » qui, à quatre reprises, entre février 2020 et le 24 janvier 2022, ont eu à l’unanimité des termes qui interpellent concernant l’analyse d’Elong Abe. On parle de quelqu’un qui « veut mourir dans le djihad, qui veut être grand par l’islam », ce sont ses propos et, systématiquement, vous allez contre les recommandations unanimes d’orientation en quartier d’évaluation de la radicalisation (QER) de Franck Elong Abe. Vous ne transmettez pas à votre hiérarchie les comptes-rendus de ces commissions, la seule qui a été transmise n’était pas de votre fait. Pire encore, vous omettez de nous dire en Commission des lois l’ensemble des incidents avec sanction disciplinaire de Franck Elong Abe à quatre reprises à Arles, vous nous présentez quelqu’un qui allait bien, qui était courtois, qui discutait avec le personnel, qui a justifié par paliers le passage de l’isolement en détention ordinaire. Or, en même temps, il avait abandonné l’activité Jardin parce qu’il avait frappé un détenu, on l’a su après, ce n’est pas ce que vous nous avez dit en Commission. Il y avait des excuses données à l’individu, beaucoup d’indulgence qui nous a été masquée. Pourquoi ? ». Et le député corse d’interroger : « Est-ce le fait de votre seule gestion ? Avez-vous eu des instructions de votre hiérarchie ou au niveau politique pour avoir une gestion particulière sur le parcours d’Elong Abe et des instructions pour gérer Yvan Colonna de façon rigoureuse ? ».
 
Des motivations floues
 « Non ! », répond immédiatement Corinne Puglierini. « Je n’ai eu aucune instruction particulière pour aucune de ces deux personnes détenues, ni pour aucune autre ». Pour le reste son malaise est patent, ses explications fuyantes, hésitantes. « Elong Abe a fait l’objet de trois passages en commission discipline à Arles. Par exemple, suite à une mauvaise compréhension pour l’utilisation d’un tuyau d’arrosage, il a mis un coup de tête à un détenu, il a été sanctionné par une suspension de formation professionnelle ». L’ex-directrice ne se souvient plus trop, consulte ses notes, tente de relater les faits. « On vous demande vos motivations et pourquoi avez-vous masqué ces incidents dont le dernier précède de trois semaines le fait de le nommer auxiliaire. Ne revenez pas sur les faits, on les connait », coupe Jean-Félix Acquaviva. « Il n’y a aucune volonté de masquer le parcours disciplinaire, de masquer quoi que ce soit à ce niveau-là. Je ne me rappelle pas ! », réplique-t-elle. Avant d’ajouter : « Il n’y avait pas de doute sur sa radicalisation. On n’a pas d’information sur la décision d’affectation à Arles à partir de ces problèmes de comportement et les nombreux incidents qu’il avait occasionné dans l’établissement précédent. Une personne détenue difficile à gérer, dont on est arrivé au bout de la gestion, on passe la main à une autre maison centrale, c’est dans ce cadre-là qu’il est arrivé à Arles… On n’est pas resté inactif en termes de prise en charge ». Avant de reconnaître : « Je me suis convaincue à tort d’attendre plutôt la fin de peine pour solliciter son orientation au QER pour préparer sa sortie parce qu’il était libérable en moins de deux ans. A tort, je ne suis pas allée plus loin ». Elle tente de justifier le travail d’auxiliaire donné au détenu radicalisé « J’assume ma part de responsabilité au niveau de l’appréciation que j’ai faite de la situation. Il n’y avait pas de signe de passage à l’acte imminent. On sait que la personne est violente, on a vraiment essayé de baliser son parcours, de voir comment il se comportait avant de prendre des décisions. Je regrette que, devant mon inaction, le relais n’a pas été pris pour la demande d’orientation au QER, je n’ai pas été alerté par le niveau supérieur par un fait qu’un dossier ne remontait pas ».

Laurent Marcangeli et Jean-Félix Acquaviva.
Laurent Marcangeli et Jean-Félix Acquaviva.
Un régime de faveur ?
Les députés pointent les non-réponses et les défausses. Laurent Marcangeli avoue son incompréhension : « Comment peut-on, au vu de son parcours, après des incidents très graves, autoriser ce monsieur à avoir accès à un certain nombre d’endroits alors que d’autres détenus s’y trouvent ? ». Le député LR, Meyer Habib, qui fut président de la commission d’enquête parlementaire sur le meurtre de Sarah Halimi, où il avoue « avoir eu beaucoup de mal à aller au bout des investigations », insiste : « Colonna n’aurait pas dû mourir ce jour-là. S’il est mort, c’est qu’il y a eu des défaillances, des dysfonctionnements. Ce qui nous intéresse, c’est la vérité. Voyez-vous une défaillance après coup ? Sentez-vous une responsabilité quelconque ? Ce crime a été commis par un détenu avec un passé islamiste ? Y a-t-il des choses qu’on aurait pu faire différemment ? ». Le député de la NUPES, Hervé Saulignac, pointe des incohérences : « Vous avez mentionné plusieurs incidents et passages en commission de discipline et vous avez dit ne pas avoir noter de signes annonciateurs de passage à l’acte ! Ces incidents ne sont-ils pas des signes annonciateurs ? Ces deux détenus ont-ils été en contact sans surveillance avant ce jour tragique ? Y-a-t-il eu des précédents ? ». Le ton se durcit avec le député de la 2nde circonscription de Corse du Sud, Paul-André Colombani : « Cette audition est, pour vous, l’occasion de nous aider à faire éclater cette vérité que vous avez contribué à étouffer. Pourquoi avez déclaré n’avoir rien noté dans le comportement de Franck Elong Abe alors que les rapports d’incident témoignent d’un comportement violent qui relève d’une radicalité ? Comment pouvez-vous justifier d’avoir accordé un poste d’auxiliaire à un détenu DPS radicalisé dont vous n’avez jamais évalué la dangerosité, lui donnant l’occasion ainsi de se retrouver en tête à tête avec Yvan Colonna qui était un détenu exemplaire ? Pourquoi avoir menti ? ». Le député RN, Romain Baudry, est encore plus lapidaire : « Je me demande si vous aviez un régime de faveur envers le détenu Elong Abe ou, de manière générale, une gestion extrêmement laxiste de la détention. Votre gestion est défaillante. Comment avez-vous pu prendre une telle décision ? ». La député LFI, Alexandra Martin, confesse aussi « un grand étonnement. Quand il se passe quelque chose de grave, d’irrémédiable, on a toujours ce réflexe de regarder ce qui a pu amener cette situation. Pourtant vous dites : « Je me suis appuyée sur mes souvenirs » que vous n’avez plus accès à vos archives. C’est étrange ! N’avez-vous pas eu ce réflexe de reprendre tout ce qui s’est passé ? ». Sa collègue de la NUPES, Ségolène Amiot, enfonce le clou : « Etait-il fréquent de proposer aussi rapidement une place d’auxiliaire avant l’évaluation de sa dangerosité ou était-ce particulier à Elong Abe ».
 
Des signes annonciateurs
Corinne Puglierini, très hésitante, ne sait visiblement comment répondre, reprend les questions pour gagner du temps, botte en touche et renvoie des responsabilités à chaque maillon de la chaine de décision. « Le parcours disciplinaire de Mr Elong Abe s’était assez largement apaisé, c’était quelqu’un qui avait beaucoup de mal à gérer sa frustration, il a montré de l’impatience ». Elle liste, de nouveau, les incidents avant d’affirmer : « Ce n’est pas pour autant que ce sont des signes annonciateurs de passage à l’acte. Le concernant, au vu de ce qu’il était capable de générer dans des établissements antérieurs où il avait détruit sa cellule, il était difficile de regarder ça comme annonciateur… Je n’avais rien noté de particulier. Excepté le passage à l’acte, il n’y avait pas d’agression physique au niveau du personnel ou des détenus, le coup de tête était un signe, mais, pour moi… beaucoup passent en commission de discipline pour des bagarres, des gifles ou des comportements. Il n’avait pas un comportement idéal, correct, ce n’est pas spécifique à Elon Abe. Beaucoup de détenus ont ce profil-là ». Elle se défend sur le poste d’auxiliaire, « Il n’a pas eu un régime de faveur. Je n’étais pas seule dans la gestion d’Elong Abe, il y avait une équipe ». Le député Acquaviva l’interrompt : « Les personnels disent que vous ne vouliez pas de délégation vis-à-vis de cette personne ». Corinne Puglierini se défend péniblement : « Non ! Le but n’était pas que Mr Elong Abe ait un régime de faveur. Les avis étaient pris en compte. Ai-je été au courant que le détenu avait fait pression sur d’autres détenus qui allaient se faire classer auxiliaires pour que lui puisse obtenir ce poste ? Non ! Personne n’a imaginé ce passage à l’acte. Quand je suis partie de la maison centrale, j’avoue que j’ai tourné une page ». A Hervé Saulignac qui lui demande « Comment l’agresseur a-t-il eu connaissance du fait que les caméras ne sont pas utilisées à ce moment-là ? C’est incroyable ! », elle riposte : « La surveillance continue par le biais de la vidéo, dans la réalité, ça n’existe pas. Il y a 280 caméras au niveau de l’établissement avec des scénarii possibles. Ce qui est surveillé en priorité, ce sont les accès, les escaliers, les endroits où il y a risque d’agression ». Meyer Habib la coupe : « L’agression a duré 9 mn, c’est un temps long. Comment peut-on expliquer que personne ne soit intervenue ». La député Renaissance Sabrina Agresti-Roubache l’interpelle : « Quels sont les critères que vous définissez sur les signes de radicalisation ? Pourquoi vous êtes-vous concentrée sur la fin de peine pour un détenu pareil ? ». Corinne Puglierini patauge : « La question se posait d’avoir une vision plus précise sur ce qui allait se passer en prévision de sa sortie. D’autant plus qu’il n’avait pas vraiment de projet, il était très évasif, il n’avait rien de bien sérieux ». Les réponses ne semblent convaincre personne. Michel Castellani résume le scepticisme général : « Comment ont pu être gérées ces longues minutes d’agression ? Il y a eu des manquements graves. Comment expliquez que la gestion d’Elong Abe ne pose pas de problèmes ? Nous sommes loin de partager vos tranquilles certitudes ».

Marc Ollier.
Marc Ollier.
Les doutes insulaires
Cette audition a, selon le mot du président Acquaviva, « un goût d’inachevé ». Celle de Marc Ollier, directeur des services pénitentiaires, qui a pris ses fonctions, le 1er mars, la veille de l’agression mortelle d’Yvan Colonna, ne donne guère plus d’information. Laurent Marcangeli le questionne : « Considérez-vous que la gestion du parcours carcéral d’Elong Abe a été correcte ? Y aurait-il eu d’autres mesures ? Lui aurez-vous interdit d’exercer les fonctions qu’il exerçait ? ». Marc Ollier est clair : « Il y a des DPS qu’on peut classer n’importe où, il y en a d’autres que je ne classerai jamais dans aucun domaine, ni auxiliaire, ni aux cuisines, ni aux ateliers. Pareil pour les activités. Il y a la règle générale, après on individualiseIl y a des critères de mesure. On regarde aussi les risques d’évasion, il y a des zones où il est plus facile de s’évader, alors on n’y met pas des détenus condamnés à perpétuité ». Il estime, lui aussi, qu’il est difficile d’évaluer la radicalisation en France : « C’est un problème relativement récent auquel l’administration pénitentiaire est confrontée. Les radicalisés ont une capacité à se fendre dans le paysage, à se camoufler et à dissimuler. Il est difficile de prévoir le passage soudain à l’acte ». Paul-André Colombani lui fait part des doutes insulaires : « La vérité en Corse, on en a tous besoin. Je suis constamment interpellé dans la rue par mes concitoyens qui me disent : pour le moment, ces scenarii qu’on veut nous vendre, on ne veut pas y croire, il y a trop d’incohérences. Le premier, c’est plus de 50 caméras, deux dans la salle de sport, 12 minutes d’agression, personne qui n’arrive à voir ce qui se passe pendant 12 minutes. Impossible pour les gens de la rue de croire ces choses-là ! Un scénario avec 50 caméras et un surveillant comme un bouc émissaire, ça ne passera pas ! Il y avait d’autres cellules avec des détenus dedans, personne n’a rien entendu. Ça ne peut pas passer ! ».

La question des vidéos
Marc Ollier explique que les cinq détenus présents dans l’aile « ont tous dit : on n’a strictement rien entendu ! Oui, ça peut paraitre surprenant que personne ne voit rien. Un surveillant dans un poste très petit doit répondre au téléphone, à l’appel de ses collègues, ouvrir une porte, passer les consignes…. Il ne faut pas croire qu’il y a un mur de caméras, mais neuf caméras qui défilent. Les surveillants se mettent sur les scénarii jour parce qu’on craint les déplacements collectifs et ils font attention aux étages. Les vidéos des salles d'activité n’étaient jamais regardées, un seul surveillant ne peut pas regarder 50 caméras. Le système a été conçu comme ça. Le surveillant a mis dix minutes pour réagir, on ne s’explique pas, on a dit qu’il y avait un groupe de détenus, et finalement il ne l’était pas ». Le député Acquaviva s’obstine : « L’image qui frappe, c’est que Elong Abe ne semble pas regarder les caméras quand il entre, c’est-à-dire qu’il sait la routine du scénario de priorisation. Il fait attention au gardien qui le fait rentrer dans la salle, pas aux caméras ». Réponse de Marc Ollier : « Je confirme que les caméras sont visibles et qu’il s’en moque complètement, il ne les regarde jamais ». Jean Félix Acquaviva s’étonne de « cet alignement de planètes. On voit bien que l’individu le plus dangereux échappe à l’évaluation, malgré les avis, à plusieurs reprises. A chaque étage de la ligne de hiérarchie, il y a eu des défaillances. Il y a deux hypothèses : soit un cumul d’incompétences très graves, soit le scénario prémédité, voire d’autres ». Les auditions se poursuivent jeudi matin avec celle du directeur de l’administration pénitentiaire, Laurent Ridel.
 
N.M.